Les réserves en eau de l'île s'amenuisent petit à petit. Si la situation n'est pas aussi critique qu'à l'intersaison 2024, l'hiver a été, une nouvelle, déficitaire en matière de pluviométrie, et six communes de l'île sont placées en état d'alerte, d'après l'Office de l'eau. Une décision du comité sécheresse qui n'a pour l'heure pas été actée. Des restrictions devraient être mises en place, et la population est appelée à la sobriété. D'autres communes pourraient suivre le pas si aucune pluie significative ne venait recharger les réserves (Photo www.imazpress.com)
Déjà à l’issue de la dernière saison des pluies, l’Office de l’eau Réunion faisait état d’une baisse de débit dans tous les cours d’eau. Une tendance qui s'est confirmée au cours de la saison sèche.
Interrogé par Imaz Press Réunion, l'Office de l'eau indique que, "compte tenu de la baisse des débits et des niveaux des nappes, le comité sécheresse a décidé de placer en état d’alerte les 6 communes actuellement en vigilance, et de placer en état de vigilance les 18 communes restantes".
Plus précisément, les communes de Saint-Denis, du Port, de La Possession, Saint-Paul, Saint-André et Salazie seraient concernées par l'état d'alerte. Une décision qui n'a cependant pas été actée, aucun arrêté préfectoral n'ayant été publié en ce sens pour l'heure, et le site du gouvernement répertoriant toujours les communes concernées en zone de "vigilance".
- La préfecture communiquera... "en temps voulu" -
Interrogée, la préfecture confirme le placement en "vigilance" de ces six communes sur son site par arrêté préfectoral en date du 17 octobre, sans évoquer de restrictions à proprement parlé. L'État indique que "l'arrêté n'a pas encore été publié et nous communiquerons en temps voulu lorsque ce sera le cas".
Difficile donc de dire si, oui ou non, ces six communes sont aujourd'hui en alerte, les institutions ne tenant pas le même discours. En toute logique, aucun arrêté n'étant publié, rien n'oblige en tout cas les communes concernées à se plier à des restrictions.
Certaines collectivités affirment cependant "avoir mis en place les restrictions décidées par la préfecture", comme le Territoire de l'ouest, contacté par la rédaction. "Au-delà des mesures prévues, nous réalisons de la sensibilisation auprès des habitants pour limiter les consommations d'eau", ajoute la collectivité.
Salazie n'a de son côté pas attendu d'arrêté préfectoral, et a publié un arrêté municipal dès le 14 octobre pour limiter les usages et les prélèvements sur l’ensemble du territoire. Ces restrictions concernent tous les types d’eau, qu’il s’agisse du réseau d’eau potable, d’eau brute, de forages ou de pompages en rivière.
A noter en tout cas, que le seuil d'alerte prévoit plusieurs mesures de restrictions. L'arrosage des espaces verts et des espaces sportifs est interdit entre 8h et 18h, les prélèvements par camion-citerne dans le milieu naturel sont interdits pour les chantiers du BTP, et les prélèvements sont réduits pour l'arrosage des golfs et l'irrigation.
Il est par ailleurs interdit de laver son véhicule privé, de laver des bâtiments sauf si réalisé par une collectivité ou une entreprise de nettoyage professionnel, ou de remplir des plans d'eau ou des piscines privées, sauf remise à niveau.
Lire aussi - Sécheresse à La Réunion : six communes placées en phase de vigilance
- Une année déficitaire en pluie -
Globalement, la saison des pluies 2024-2025 a enregistré 28 % de précipitations en moins par rapport à la normale, tandis que des déficits de 28% en juin et 39% en septembre ont été enregistrés, selon les données de Météo France. Si le mois d'août a été arrosé, avec un excédent de 84%, cela n'a pas suffi à recharger les réserves, et La Réunion termine la saison sèche en alerte.
"La saison des pluies 2024-2025 a démarré tardivement", rappelait l'Office de l'eau en septembre. "Après les pluviométries déficitaires en mars (-7%) et en avril (-30%), la saison des pluies se solde par un déficit global de -28%, malgré le passage de Garance".
Ce déficit pluviométrique "impacte fortement les cours d’eau de l’île qui affichent une baisse des débits comparés à 2024. 7 cours d’eau ont enregistré leurs débits les plus faibles pour une saison des pluies : la Rivière du Mât, la Rivière des Marsouins, la Rivière Saint-Jean, la Rivière Sainte-Suzanne, la Rivière des Galets, le Bras Panon et le Bras Noir à la Plaine des Palmistes", détaillait-il.
Une situation qui s'est donc prolongée au long de l'hiver austral. Dans les cours d’eau, sur la première quinzaine d’octobre 2025, "une baisse des débits s’observe et la situation est très déficitaire dans 3 cours d’eau : la Rivière Saint-Denis, la Rivière du Mât et la Rivière des Marsouins", détaille l'Office de l'eau. "Une légère hausse s’observe dans la Rivière Saint-Denis, mais insuffisante pour rétablir une situation normale."
Concernant les nappes souterraines, "la situation est déficitaire dans le Nord, très déficitaire au Port, à La Saline et aux Trois Bassins".
L'Office de l'eau prévient en tout cas : "en l’absence de précipitations significatives, la ressource pourrait continuer à baisser et les communes de Sainte-Marie, Sainte-Suzanne et Bras Panon pourraient être également impactées par des mesures de restrictions"
- Appel à la responsabilité collective –
Dans ce contexte, la préfecture a appelé "chacun" à "plus de sobriété, afin de maintenir nos ressources en eau à un niveau compatible avec les usages et la vie aquatique".
Elle appelle, "à la maison, à limiter les douches à 5 min, fermer le robinet pendant le brossage des dents, récupérer l’eau de pluie pour les plantes (tout en évitant les eaux stagnantes)". Pour le jardin, "le paillage et l'arrosage au pied des plantes tôt le matin, et de "signaler toute fuite sur le réseau à votre fournisseur d’eau".
Pour les agriculteurs et professionnels, les services de l'Etat demandent à "privilégier l’irrigation au goutte-à-goutte et les cultures moins gourmandes en eau" et à "éviter l’aspersion en journée".
Enfin, les collectivités sont invitées à "éviter le nettoyage des voiries à grande eau", et "sensibiliser les administrés via des campagnes locales.
"La situation nécessite une attention particulière. Les gestes d’économie d’eau de chacun permettront d’éviter des mesures plus strictes et de préserver nos milieux naturels", appelle la préfecture.
as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com
