Dans le quartier de Vauban, l’immeuble SIDR en fin de vie ressemble à un vestige de béton parmi d’autres. De l’extérieur, impossible d'imaginer ce qui se cache derrière les portes closes du Bâtiment A. À l'exception peut-être des graffitis qui recouvrent ses murs. Une fois le seuil franchi, un hall tout en couleur s'ouvre sur une cage d'escalier, menant au rez-de-chaussée. Sur six étages, près de 2.000 m2 explosent en fresques, installations artistiques et univers visuels. Un musée clandestin, mais autorisé. Éphémère, surtout. Embarquez pour une visite privilégiée. (Photo rb/www.imazpress.com)
Ce lieu unique à La Réunion, accessible en visite guidée seulement jusqu’au 15 décembre prochain, est la dernière création du collectif Réunion Graffiti. Vingt artistes y ont peint, repeint, gratté, investi chaque appartement comme un laboratoire de création. Un terrain de jeu immense, promis à la démolition en 2026 dans le cadre du vaste projet de rénovation urbaine PRUNEL de la ville de Saint-Denis.
- Trois ans d'aventure, six étages de couleurs -
Lorsqu'on arrive sur place, Mike, coordinateur de l'association Réunion Graffiti est déjà là, accompagné de Miaou, graffeur dionysien. La porte en métal s'ouvre et commence la visite.
"Le projet du bâtiment A est né il y a trois ans", il raconte. "Avec les graffeurs, on avait commencé à peindre les murs de cet immeuble de la SIDR, le long du boulevard Sud… jusqu’à ce que la SIDR nous remarque. Depuis, on a avancé étape par étape. Cette année, on a réussi à obtenir l’intégralité du bâtiment. Alors on l’a peint, pièce par pièce, appartement par appartement". Regardez.
La visite commence dans les anciens halls désormais engloutis de couleurs. Certains murs ont été poncés, lessivés, réparés par les artistes eux-mêmes. "Il a fallu des mois de nettoyage avant de peindre", précise Mike. "Ensuite, chacun a travaillé à son rythme, bénévolement, avec son propre matériel. On a mis quatre à cinq mois pour arriver à ce résultat. Des milliers de bombes, des centaines de litres de peinture… et beaucoup d’huile de coude".
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- Un appartement, un univers -
Dans chacun des appartements qu'on découvre, une atmosphère différente surgit. Ambiances urbaines, bestiaires psychédéliques, compositions abstraites, personnages mystérieux, délires chromatiques… L’un des charmes du Bâtiment A, c’est justement l’absence de thème global. Ici, pas de narration imposée. Juste des mondes, côte à côte.
Dans l’une des pièces les plus sombres, un bleu nocturne enveloppe le sol et les murs. C’est l’œuvre de Miaou, graffeur dionysien. "Dans la rue, je fais surtout des lettrages rapides, je signe "Miaou" et je file. Ici, c’était un laboratoire. On pouvait tout tester, recommencer, se tromper". Écoutez.
Les chats, omniprésents dans son travail : un clin d’œil familial, dit-il. Et un symbole. "Le chat, c’est la liberté. C’est un peu comme les graffeurs : il se faufile, il laisse sa trace".
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Dans les étages supérieurs, d’autres œuvres témoignent de cette liberté totale. Certaines pièces ont été peintes puis effacées puis repeintes. "On savait que le public viendrait", explique Miaou. "Alors autant proposer quelque chose qu’on ne peut pas faire dans la rue".
- Un musée voué à disparaître -
Comme souvent dans le street art, 'éphémère fait partie de l'histoire du lieu. Le bâtiment, promis à la démolition fin 2026, disparaîtra avec toutes les oeuvres qu'il abrite. Ce qui ne semble pas perturber les artistes. "Le côté éphémère fait partie du jeu", confie Miaou en souriant. "Dans la rue, 90 % de nos graffs ont déjà disparu. On a toujours travaillé avec cette idée en tête". Pour garder une trace de ce projet, Réunion Graffiti a réalisé un livre-photo sur le Bâtiment A.
Et déjà, l’association regarde plus loin : un nouveau lieu est en discussion pour un prochain projet du même genre. "On espère un spot en centre-ville de Saint-Denis… quelque chose qui ne soit pas un lieu d’habitation", glisse Mike sans trop en dire.
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- Des visites presque complètes -
Les visites ont été lancées pendant le festival Réunion Graffiti, en octobre dernier. Depuis, elles affichent complet chaque week-end. "Il reste peut-être une vingtaine de places jusqu’à la mi-décembre", précise Mike. Pour permettre la venue du public, l’ensemble du site a dû être sécurisé : extincteurs, formations, procédures d’accueil… "On voulait garantir un cadre sûr. C’est un bâtiment abandonné, ça demande une vraie préparation".
Pour réserver sa visite, il suffit de se rendre sur le site de Réunion Graffiti.
vg / www.imazpress.com / redac@ipreunion.com
Bâtiment A - Un projet Réunion Graffiti avec la participation de BONHEUR, CEET, DEY, EKO LSA, INKULT, LA FEMME À LUNETTES, L'1DI1, LUVY, MACAK, MIAOU, NOPE, ONER, PANDAKROO, PAKS, ROKO, SEPT, TILEY et VAST - 1, rue Doret, Saint-Denis.
























Super mais l'article arrive alors qu'il n'y a plus de places à réserver pour visiter.
J’adore le concept
Spectacle extraordinaire.
A voir.
Nou aime Noute maire Bareigts