Journée mondiale de la liberté de la presse

Un "mediabashing" à la mode

  • Publié le 3 mai 2018 à 03:00
  • Actualisé le 3 mai 2018 à 06:02
journalisme

Ce jeudi 3 mai 2018, on célèbre la journée mondiale de la liberté de la presse. La date a d'autant plus d'écho lorsque que l'on sait que, pas plus tard que cette semaine, un attentat a coûté la vie à plusieurs journalistes en Afghanistan. Morts en exerçant leur métier, celui d'informer. D'autant plus d'écho aussi à l'heure où en France, la mode est au " mediabashing ", soit la remise en cause perpétuelle des médias.

Aujourd’hui, c’est la journée mondiale de la liberté de la presse. Une date symbolique dont le sens est d’autant plus marqué par le drame qui a frappé la profession ce lundi 30 avril. Lors d’une double attaque à Kaboul, revendiquée par l’État Islamique, dix journalistes ont été tués. Parmi eux, le photographe de l’AFP (Agence France Presse) Sha Mari. Ce dernier, pilier de l’Agence à Kaboul, avait couvert des dizaines d’attentats.

Celui-ci lui a coûté la vie. Selon Reporters sans frontières, il s’agissait d’ailleurs de l’attentat le plus mortel contre les médias depuis la chute des talibans en 2001. Leur rendre hommage, c’était l’un des objectifs de l’Unesco en initiant cette journée mondiale de la liberté de la presse : "tous les ans, la Journée mondiale de la liberté de la presse permet de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur profession".

Car, oui, il est toujours bon de le rappeler : des journalistes meurent encore aujourd’hui dans le monde en exerçant leur métier. Il est toujours bon de le rappeler alors que la presse a en ce moment – et c’est le cas de le dire – mauvaise presse.

- Objectivité oui, neutralité non -

Selon le dernier  classement mondial de la liberté de la presse, la France n’est qu’à la 33ème place. Si la presse est globalement libre et plutôt bien protégée par la loi, le paysage médiatique français est largement dominé par de grands groupes industriels dont les intérêts se trouvent dans d'autres secteurs " justifie RSF. Et ce qui est aussi pointé du doigt, c’est "la mise en cause croissante du travail des médias d’information". Plus souvent appelé le " mediabashing ". On le voit bien sur les réseaux : actuellement, la tendance est à la haine du média. La haine ou le mépris. Après tout, tout le monde peut s’improviser journaliste aujourd’hui. Il suffit d’avoir un smartphone et d’être au bon endroit  au bon moment. Ce qui accentue les critiques envers les médias, souvent et simplement considérés comme avides de buzz ou pantins du gouvernement. Ou les deux à la fois. Soit.

Parmi les reproches qui reviennent le plus souvent, on retrouve l’absence de neutralité de la part des médias. Mais, notez que le principe de neutralité peut difficilement s’appliquer à l’ensemble des sujets. Objectivité oui, neutralité non. Pour rappel, l’objectivité désigne la qualité de ce qui est conforme à la réalité, d’un jugement qui décrit les faits avec exactitude. La neutralité revient à s’abstenir de tout positionnement lors d’un affrontement. Impossible, selon nous, de ne pas se positionner face au racisme, aux extrémismes et à la violence gratuite. Impossible, selon nous, de ne pas s’élever dans ce type de situation. Impossible de rester neutre alors que l'on peut porter une voix de justice et de liberté.

Alors oui, nous ne sommes bien sûr pas innocents dans cette spirale infernale du mediabashing. La profession a des torts indéniables et certains, à coup sûr, alimenté cette haine envers les médias. Notamment lorsqu’un "journaliste" délivre des informations sensibles aux forces de l’ordre, moyennant deux ou trois renseignements supplémentaires. Ou lorsqu’un organe de presse évite soigneusement d’évoquer les problèmes liés à un groupe industriel ou un autre, pour protéger ses intérêts financiers. Car lorsque l’indépendance éditoriale d’un média est rattrapée par sa situation économique, le danger d’entrave et de censure n’est jamais bien loin. Il est donc toujours bon que la liberté de la presse nous rappelle son bon souvenir. Car ainsi que le dit le Canard enchaîné, cité par un de nos confrères : la liberté de la presse ne s'use qui si l'on ne s'en sert pas.

mp/www.ipreunion.com

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1 Commentaires
CHABAN
CHABAN
7 ans

Aucune confiance dans certains médias. A la Réunion heureusement qu'on vous a.

Certains papiers à 2 000 000 sont détestables.
Ils font honte à la profession.

Vive le Quotidien et imaz !