Première rencontre

Violences urbaines : le préfet et les élus s'engagent pour une "meilleure coordinations des moyens"

  • Publié le 4 avril 2024 à 02:59
  • Actualisé le 4 avril 2024 à 09:26

Le préfet Jérôme Filippini a reçu nombre d'élus ce mercredi 3 avril 2024 pour aborder la problématique des violences urbaines. Après une flambée des violences observées dans plusieurs communes de l'île, maires, parlementaires et présidents de collectivité se sont réunis pour trouver des solutions rapides et concrètes. La création d'un "conseil départemental de prévention de la délinquance" a notamment été annoncé, qui se consacrera toute l'année à la problématique des mineurs délaissés notamment (Photo sly/www.imazpress.com)

Deux axes ont notamment été retenus lors des discussions entre les élus et les autorités : la répression, mais aussi la prévention.

"Face aux violences que nous constatons, il faut que la police et la gendarmerie travaillent en lien avec les maires avec les instruments qui existent, mais aussi avec de nouveaux dispositifs comme Place nette" détaille le préfet. "Cet axe répressif est fait pour envoyer un signal aux délinquants : aucune tolérance."

Les opérations vont se multiplier dans l'île, notamment dans les villes les plus concernées par ces violences. Les autorités assurent par ailleurs que les réponses judiciaires vont continuer pour les auteurs d'infractions. Ecoutez :

- Renforcer le social -

Mais alors que beaucoup de ces auteurs de violences sont des mineurs, parfois même très jeunes, Jérôme Filippini et ses interlocuteurs veulent aussi s'engager auprès de ces enfants délaissés.

"Le volet répressif ne suffit pas, il faut engager un travail, de plus longue haleine, sur la prise en compte de l'enfance délaissée" assure le préfet. " L'enfance délaissée c'est d'abord une enfance en danger, ce sont souvent de très jeunes enfants qui ne sont pas encadrés par une autorité parentale qui fonctionne. Cette enfance qui n'a pas été correctement prise en charge se traduit par la délinquance" souligne-t-il.

"Comment fait-on pour prévenir l'entrer dans la délinquance de ces enfants ? Comment fait-on pour mieux faire exercer l'autorité parentale ? Et comment faire en sorte que les conditions d'accès à l'éducation, aux droits sociaux, au logement, soient respectées ?" liste le préfet.

Concernant la délinquance juvénile, Cyrille Melchior rappelle que "l'ASE assume ses responsabilités".

"Il s'agit de mineurs qui relèvent d'une autorité parentale, qui ne s'exerce pas, pour des raisons diverses et variées qu'on va examiner" dit-il.

Le Département lancera "très prochainement" un "conseil départemental de prévention de la délinquance".

"Nous devons revoir nos méthodes de travail. Vouloir résoudre ce problème c'est savoir travailler ensemble et unir nos efforts pour faire en sorte que chacun dans son domaine apporte sa vision" estime Cyrille Melchior.

"Le fait de réunir ce comité va nous permettre de partager un diagnostic" affirme-t-il. "Nous devons nous mettre d'accord sur la façon de travailler, de façon objective."

"C'est là le vrai sujet : lorsque des mineurs disposent d'une autorité parentale qui ne s'exercent pas, comment faire en sorte de renforcer les actions de parentalité pour que ces mineurs soient livrés à eux-mêmes ?" dit-il. Ecoutez :

- Pas de moyens supplémentaires -

Alors que beaucoup d'élus ont réclamé une augmentation des moyens à leur disposition, Jérôme Filippini estime que le problème ne réside pas dans le manque de moyens, mais dans un "manque de coordination".

"Je propose qu'on fasse chacun l'analyse des moyens dont nous disposons et d'est-ce qu'on les emploie bien. On s'aperçoit que ce n'est pas tant le manque de moyens, mais parfois un manque de coordinations dans les moyens déployés" estime-t-il.

Il cite notamment les moyens déployés par l'Aide sociale à l'enfance (ASE), pilotée par le Département. "On manque de connaissances des savoir-faire, des compétences de chacun. Commençons par bien utiliser les moyens dont on dispose."

Lire aussi : Alerte des maires : "l'État doit faire mieux" contre l'emballement de la délinquance violente

 

- Refus de stigmatiser –

Face à l'augmentation de ces violences, des propos stigmatisants et racistes ont fleuri un peu partout sur les réseaux sociaux. Le préfet le martèle : "Il faut éviter deux écueils : la stigmatisation et le déni".

"On ne peut pas dire que parce qu'on observe des faits de délinquance chez certaines personnes originaires de l'océan Indien, toutes ces personnes sont un problème" lance Jérôme Filippini. "La délinquance ne se limite pas à des actes créés par des personnes originaires de Mayotte.

"L'autre risque serait le déni, dire qu'il n'y a pas de problème ni de difficulté. Lorsqu'on constate des combats de rue, avec des provocations à la violence, d'aguerrissement avec des tortures sur animaux, on doit lutter contre cela" conclut-il.

De nombreuses réunions seront à nouveau organisées entre la préfecture et les élus dans les semaines et mois à venir. L'Education nationale et la CAF seront aussi incluses dans ces discussions.  

as/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

 

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