70ème anniversaire de la départementalisation

Nassimah Dindar : "il faut aujourd'hui passer à une autre étape"

  • Publié le 19 mars 2016 à 13:10
rétrospective Nassimah Dindar

A l'occasion de l'anniversaire de la départementalisation, Nassimah Dindar, présidente du Conseil départemental, fait le bilan de ces 70 dernières années à La Réunion. (Photo d'archives)

Qu’est-ce que la départementalisation a changé pour la Réunion et les Réunionnais?

Je pense qu’en 70 ans, ceux qui ont connu la Réunion d’avant peuvent eux-mêmes, en racontant l’histoire de leur vie, voir tout ce que la Réunion a gagné. Ils ont gagné en terme de santé, en matière d’éducation, d’infrastructures... L’Etat, comme l’Europe, a beaucoup accompagné le Département, l’ex-colonie, à devenir un vrai Département de droit. Et je pense qu’aujourd’hui, on n’a pas à rougir du bilan de la départementalisation. Même si l’égalité réelle n’est pas encore obtenue. Même si nous avons encore aujourd’hui beaucoup de publics vulnérables et une grande partie de la population qui reste sur le carreau parce que nous n’avons pas encore engrangé de vrai développement économique.

Le bilan de ces 70 ans, pour moi, c’est qu’il faut passer à une autre étape, à un autre modèle, trouver les leviers qui feront que le Réunionnais puisse aussi devenir acteur, en toute responsabilisation, par rapport au Français qu’il est. Il est un Français à part entière mais il est un Français avec une identité entière également.
Dans le Français que nous sommes nous avons la culture africaine, nous avons la culture européenne, india-océanique, chinoise. C’est ça le fondement même du vivre-ensemble réunionnais qu’il ne faut pas abroger mais, au contraire, mieux accompagner pour que le Réunionnais trouve les moyens, en lui-même, de son développement personnel. C'est ainsi qu’on trouve aussi, dans son environnement, les moyens du développement à travers l’activité, à travers l’économie et à travers son territoire.

Notre histoire constitue aussi un socle qui nous permettra de tracer les voies de l’avenir. Et, pour moi, celles-ci doivent aussi se faire avec les pays de la zone, avec Mayotte, les Comores, Madagascar, l’Afrique à côté. Mais aussi avec les pays du deuxième cercle : la Chine, fort potentiel économique, et puis l’Inde, grand continent à côté.

Ce nouveau modèle que vous appelez pourrait-il passer par un nouveau statut, tel qu'une assemblée unique par exemple?

On n’est pas du tout sur l’assemblée unique, s’il fallait demander l’assemblée unique, nous l’aurions choisi, comme d’autres départements l’ont fait. De mon avis, on n’a pas besoin de changer la Constitution pour expérimenter, pour autoriser puisque même les lois européennes aujourd’hui le permettent. Nous sommes des régions ultra périphériques et nous avons un article spécifique qui gère toutes ces régions, pas seulement les Doms. Pour moi ce n’est pas le débat législatif qui fait changer les choses, c’est la volonté d’un gouvernement. Et puis on va avoir une opportunité extraordinaire, on va avoir des présidentielles en 2017.

A nous, élus réunionnais, quelle que soit notre tendance politique ou nos affinités politiques, de proposer un projet de développement cohérent avec les acteurs politiques pour que, demain, les Réunionnais gagnent en employabilité et en développement. Nous sommes pour avoir de la cohérence en gardant à chaque collectivité ses responsabilités et en avançant ensemble.

Vous êtes en charge de la conférence territoriale des politiques publiques, comment allez vous utiliser cet outil pour aller dans le sens dont vous parler?

Nous avons commencé à bien travailler, avec le président de la Région et des techniciens des deux collectivités, sur la mise en oeuvre d’un projet cohérent de développement. Ca n’est pas seulement mettre les moyens financiers ensemble, c’est créer une vision commune, partagée avec le monde économique. Les élus ne peuvent rien faire sans les acteurs privés. Nous mettons peut-être en place des leviers - l’Etat, les collectivités - mais c’est le monde de l’entreprise qui créent les vrais leviers pour l’économie, pour la création d’emplois. Je crois que le nouveau modèle de l’égalité réelle, c’est de lever les contraintes qui pèsent sur les entreprises.

www.ipreunion.com

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3 Commentaires
ti crever
ti crever
9 ans

C'est une analyse qui tient la route et qui peut trouver echo chez certains d'entre nous mais cela reste une interprétation de la chose politique et on s"aperçoit que 70 ans après nous ici n'avons point l'égalité réelle une disproportion avec la métropole
que font nos politiques en dehors de se fourrer les poches avec les combines de petits arrangement ou est leur part de responsabilité?

9 ans

Plus de chômage, plus d'élus cumulards, plus de surconsommation, plus d'inégalités sociales, plus de monopoles! On refait le bilan dans 70 ans!

Cd974
Cd974
9 ans

Quel beau baratin. La départementalisation a servi à doubler les postes de conseillers et autres chefs de service avec des salaires indécents. Pour des gens qui vont donner des leçons et demander des économies. Berk...