L’île des esclaves, actuelle création du centre dramatique national de l’océan Indien vaut joliment ce clin d’œil appuyé à Paul Verlaine. Et le CDNOI mérite une fois de plus amplement son nom et à double titre : national car là il promeut une belle œuvre du répertoire, Marivaux de l’Académie française ; par la distribution indianocéanique du spectacle malgache, réunionnaise et mahoraise. (Photo centre dramatique , photo Sly imazpress)
D’entrée, un bavard à n’en plus soif, nous imbibe d’un parler de la grande Ile dont nous percevons le sens général, où est ma compagne, puis ce diable d’homme se propulse sur un ensemble d’instruments de musique qu’il ne quittera plus, tout le long du déroulé scénique, pour le plus grand bien de nos oreilles épanouies et enrichies de ces sonorités tout à la fois modernes et traditionnelles.
Notre propos ne peut être de raconter cette comédie en onze scènes fortement bien interprétées par des acteurs et actrices de grande qualité. Seulement d’ajouter qu’au texte du XVIIIème siècle, Luc Rosello, particulièrement bien inspiré nous apporte les réflexions d’un grand philosophe social du dix-neuvième siècle et n’hésite pas à contrarier Marivaux en dénonçant le sexisme de la langue française. Dans un moment où certains veulent imposer des freins à nos modes de vie, il en faut du courage et le metteur en scène, artiste-créateur, et directeur du théâtre du grand marché a salubrement osé.
L’avenir dira au dionysien que je suis l’avenir de ce lieu pour l’instant magique, puisse qu’un projet artistique ambitieux de répertoire et de création illumine.
Serge Fabresson, président de la sélection 2023 du théâtre amateur dont Alice l’opéra des merveilles de la compagnie sélectionnée Digdiguelemot sera diffusée au 38° Festhéa fin octobre.