Tribune libre de Georges Donald Potola

L’Élu, la Corruption et le Jugement de Dieu

  • Publié le 9 novembre 2025 à 12:53
  • Actualisé le 9 novembre 2025 à 13:01
L'ancien président français Nicolas Sarkozy s'adresse à la presse à sa sortie d'une réunion au palais de l'Elysée, à Paris, le 25 février 2022

Il n’aura échappé à personne que Nicolas Sarkozy est aujourd’hui en prison. On a même appris que l’ex-président avait emporté avec lui deux livres : une biographie de Jésus de Nazareth et Le Comte de Monte-Cristo.

Pourquoi cet homme cherche-t-il à redécouvrir le Christ ?

Lui qui n’a pas hésité, autrefois, à comparer certains citoyens à des déchets, avec cette phrase tristement célèbre, « On va les nettoyer au Kärcher. ». Une phrase lourde de mépris, car nul être humain, quel que soit son parcours, ses fautes ou son milieu, ne mérite d’être réduit à une ordure. La dignité humaine ne se déloge pas à coups de jet haute pression.

Ajoutons à cela les relations troubles avec le sanguinaire Kadhafi, dont la folie n’avait d’égale que sa cruauté. Malgré tout cela, Sarkozy l’avait accueilli à Paris avec tous les honneurs officiels. Une tente fut même installée face à l’Élysée, narguant la France entière. Puis ce même Sarkozy déclencha une opération militaire toujours contre Kadhafi, lequel fut bizarrement assassiné alors qu’on aurait pu le capturer vivant.
Et plus tard, on découvrit ces histoires de financements occultes de sa campagne.
Cet homme qui se croyait intouchable, ne pensant plus à Dieu, se retrouve aujourd’hui derrière les barreaux et semble soudain s’intéresser à Jésus, qui est Amour, Pardon et Miséricorde.

Plus près de nous, à La Réunion, je me souviens d’un élu que j’avais côtoyé. J’ai vu cet élu glisser de jour en jour vers l’abîme, aveuglé par le pouvoir, l’argent, et surtout entouré de personnes de mauvaise influence. En plus, ce maire avait une attirance dangereuse pour les pratiques occultes. J’ai essayé de le prévenir, de lui ouvrir les yeux, mais peine perdue, tout juste si je ne l’agaçais pas.
Arrive alors sa première garde à vue, personne de son entourage ne voulait lui apporter un repas, de peur d’être interrogé à leur tour. Devant la détresse de son épouse, je suis allé lui apporter une barquette à la gendarmerie, et il atterrit en prison.

Quelques années plus tard, alors que j’étais en vacances sur l’île, je le vois faire du stop, au plus bas de son existence, personne ne voulait s’arrêter. Là encore, par pitié, je me suis arrêté pour le conduire là où il devait aller. Pendant le trajet, il me racontait alors ses journées en prison, à lire et relire le Livre de Job, au point de le connaître quasiment par cœur. Je l’ai félicité, en lui disant que la sagesse de Job pouvait peut-être éclairer sa vie désormais. Mais dès qu’il a retrouvé un peu de pouvoir, il a aussitôt oublié Dieu, Job et tout le reste. Il s’est cette fois entouré de personnes encore plus corrompues que lui, et a été encore une fois condamné.

Ces élus, souvent humbles à leurs débuts, se laissent peu à peu dévorer par le pouvoir. Ils oublient leur baptême, Dieu, Jésus, ou toute forme de spiritualité. Le visage rivé aux dossiers, submergés par mille urgences, ils finissent par ne faire confiance qu’à leurs collaborateurs, DGS, directeurs, chefs de cabinet souvent de véritables vautours en costume-cravate.

Ces hommes de l’ombre sont parfois pires que ceux qu’ils servent, assoiffés d’argent, affranchis de toute responsabilité devant les électeurs. Ils manipulent l’élu, lui mentent, trament des décisions contraires dans son dos. Et malheur à ceux qui s’approchent pour éclairer l’élu, les vautours n’hésitent pas à recourir à tous les stratagèmes pour les écarter et les discréditer.

Quand la justice finit par passer, avec son verdict, sa condamnation, sa prison, ces élus crient aux complots, accusent les juges, se victimisent. Certains, malgré la honte de leur condamnation, osent encore se représenter, sans égard pour les électeurs qu’ils ont trahis.

À la fin, lorsque tout pouvoir s’est envolé, lorsque l’orgueil s’est effondré et que les vautours sont partis chercher d’autres proies, ces élus déchus se retrouvent seul dans leur malheur, entouré seulement de quelques rares amis sincères.
La nuit, lorsque la conscience tourmente et que le regret chasse le sommeil, l’élu, en larmes, se tourne enfin vers Dieu, implorant Sa pitié, Sa miséricorde, Son pardon.

Georges Donald Potola

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