Régulièrement sur une radio locale privée, Free-Dom pour ne pas la citer. Nous entendons des témoignages poignants des familles en pleurs, attristées, en grandes détresses à l’antenne de cette radio. Implorant un médecin de toute région de l’Île, à venir au chevet du ou de sa défunte, pour rédiger le fameux certificat de décès obligatoire avant tout déplacement du corps. Se pose la problématique de trouver un médecin disponible pour faire le certificat de décès dans un délai raisonnable, surtout au regard des contraintes réglementaires existantes actuellement.
Pour preuve, la semaine dernière encore, une auditrice appelle en direct toujours, pour signaler qu’aucun médecin n’est encore venu pour un constat de décès, après qu’une personne âgée ait chuté mortellement d’un arbre. Le défunt est resté plusieurs heures au sol dont le corps s'est retrouvé en plein soleil. Malgré les dizaines coups de fil, aucun médecin ne souhaitait se déplacer. L'interminable attente des proches a duré plusieurs heures, d’après l’auditrice.
Malheureusement de nombreuses familles Réunionnaises ont fait ce constat et alertent depuis quelques années déjà les autorités, toujours sans réponse à ce jour.
C'est ainsi, faute de médecins disponibles sur la plupart des communes surtout la nuit et week-end, la rédaction de ce certificat de décès devient déraisonnable, un vrai casse-tête, un vrai problème. Les familles endeuillées doivent attendre, parfois trop longtemps hélas et en pleine chaleur, avant d’entamer les démarches auprès des pompes funèbres, d’où les alertes régulières à cette radio locale.
Pour attaquer ce mal, nous devons nous interroger si c’est Humain de continuer ainsi ? La population réunionnaise doit-elle subir la pénurie des médecins, si pénurie existe ? Faute de pouvoir mettre en place une astreinte, deux questions se posent : la rédaction d'un tel certificat doit-elle rester Ad vitam æternam un acte médical?? Peut-on déléguer cette tâche aux infirmiers?libéraux ou des infirmiers en pratique avancée ? Sauf cas de suspicions bien sûr.
Un amendement au titre de l’expérimentation
La réponse est venue mi-d’octobre 2022, dans le cadre de l’examen du PLFSS pour 2023 (Projet de Loi de Financement pour la Sécurité Sociale), de la députée Stéphanie Rist (groupe Renaissance), rapporteure générale du texte, à travers un amendement proposé, ouvrant une expérimentation de trois ans dans trois Régions à définir, lors de laquelle l’État pourrait autoriser les infirmiers libéraux à signer les certificats de décès.
C’est ainsi que le gouvernement avait le choix de garder ou non cet amendement écrit-on, puisque le PLFSS a été adopté via le recours au 49-3. Ce qui signifie que l’exécutif a choisi que l’amendement de la députée et rapporteure Madame Stéphanie Rist aussi médecin figure bien dans le texte sur lequel le gouvernement a engagé sa responsabilité (site de la députée).
Face au constat plus qu'alarmant, il revient aujourd’hui à nos parlementaires, l’ARS, tous nos élus et aux associations, de solliciter le Ministre de la santé M. François Braun lors de sa venue à la Réunion prochainement, pour que la Région Réunion soit choisie prioritairement, terre d’expérimentation de la rédaction du certificat de décès par des infirmier(e)s libéraux volontaires.
Beaucoup, pensent que les infirmiers libéraux de la Réunion seraient des renforts indispensables pour réaliser cet acte. Acte aujourd'hui réservé qu’aux médecins, internes ou à des médecins retraités.
En finalité, comme disait le philosophe Nicolas Machiavel « Là où la volonté est grande, les difficultés diminuent… ». Cependant, à ne pas perdre de vue le fait que l’Humain (vivant ou décédé) doive rester au centre de nos préoccupations. Maintenant la balle est dans le camp de nos politiciens pour que la Réunion soit choisie prioritairement à titre d'expérimentation pour la France Outre-mer.
Jean Claude Comorassamy