À La Réunion, plus de 66.600 jeunes de 16 à 25 ans trouvent chaque année un appui, un repère, une perspective grâce aux Missions Locales. Ce sont des jeunes souvent en difficulté : décrocheurs scolaires, sans emploi, sans solution de formation, confrontés à des freins sociaux massifs (Photo : sly/www.imazpress.com)
Le Projet de Loi de Finances 2026, en prévoyant une baisse de 13 % des crédits alloués aux Missions Locales, menace de retirer brutalement ce soutien à plus de 5.300 jeunes Réunionnais dès le mois de mars prochain.
Une jeunesse plus vulnérable, plus nombreuse, plus exposée
- 57 % des jeunes de 16-25 ans sont aujourd’hui inscrits dans une Mission Locale à La Réunion — plus du double de la moyenne nationale.
- Plus de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté.
- Le chômage des jeunes s’élève à 35% et atteint 60 % dans certains quartiers.
- Les freins sont multiples : isolement, mobilité impossible, ruptures familiales, absence de qualification, découragement massif.
Ces jeunes ne sont ni “inactifs” ni “assistés”. Ils veulent avancer, mais ils ne peuvent pas le faire seuls. Ce que leur offrent les Missions Locales, c’est un accompagnement de proximité, humain, durable.
Une coupe budgétaire sans précédent
Après une première baisse de 6,8 % en 2025, la nouvelle coupe de 13 % prévue pour 2026 représente, à La Réunion :
- Une perte cumulée de 2,4 millions d’euros en deux ans pour nos 4 missions locales ;
- La suppression de 44 postes dans les équipes d’accompagnement en 2026 ;
- L’explosion des portefeuilles à plus de 450 jeunes par conseiller ;
- Le retrait de l’accompagnement pour plus de 5 300 jeunes.
"Un jeune qu’on n’accompagne plus, c’est un jeune qu’on expose à la rue, à la précarité, à l’oubli. Et ça, on ne peut pas l’accepter."
Un traitement injuste pour les territoires qui font leur part
À La Réunion, 100 % des crédits d’aide directe aux jeunes sont consommés chaque année — ces aides sont essentielles pour sécuriser les parcours d’insertion et répondre à des besoins de première nécessité pour les plus démunis. Pourtant, malgré cette efficacité, la baisse prévue est appliquée uniformément à tous les territoires : -20 % pour tous.
Autrement dit : on réduit les aides vitales qui permettent aux jeunes les plus éloignés de s’engager dans un parcours d’insertion, au risque de les renvoyer dans l’isolement et la précarité.
Le coût de l’abandon : 63 millions par an
Chaque jeune non accompagné coûte à la collectivité environ 12 000 € par an (prestations sociales, santé, désinsertion, etc.). 5.300 jeunes privés d’accompagnement = 63 millions d’euros.
Pour 2 millions “économisés” aujourd’hui, l’État génère 30 fois plus de coûts cachés demain.
En parallèle de la baisse des financements aux Missions Locales, la suppression de la LODEOM sociale vient frapper les secteurs les plus en tension à La Réunion — BTP, agriculture, tourisme, services — qui sont aussi ceux qui recrutent le plus de jeunes accompagnés. Ces décisions conjuguées créent un effet ciseau : les jeunes les plus éloignés de l’emploi perdent à la fois leur accompagnement et les débouchés professionnels potentiels. Le résultat est prévisible : des parcours bloqués et une insertion impossible.
Ce que demandent les Missions Locales de La Réunion
Face à cette situation d’urgence, nous demandons à nos parlementaires d’agir avant le 10 novembre, en portant trois amendements au PLF :
1. En premier lieu, maintenir le budget des Missions Locales à l’identique de celui de 2025. À défaut, exclure l’Outre-mer de la baisse de 13 %, ou appliquer un coefficient ultramarin dans les Conventions Pluriannuelles d’Objectifs (CPO) qui encadrent le financement État des Missions Locales ;
2. Maintien total des aides financières directes aux jeunes les plus en difficulté.
3. Garantir aux Missions Locales des moyens suffisants pour accueillir et accompagner tous les jeunes qui en ont besoin.
Aucun jeune ne doit être laissé sans solution faute de budget.
Une République cohérente ne coupe pas le lien avec sa jeunesse
Les Missions Locales sont un maillon de la République. Mais ici, à La Réunion, elles sont bien souvent le seul rempart entre les jeunes et la rupture. Si elles tombent, ce sont les jeunes qui chutent.
Et dans ce territoire où la jeunesse est nombreuse, vulnérable et prête à agir si on lui en donne les moyens, nous ne pouvons pas rester silencieux.
