Dans le cadre du projet de la Nouvelle Route du Littoral, la SCPR a déposé en 2016, une demande d’exploitation d’une carrière à ciel ouvert, sur le secteur de Bois-Blanc, à l’ouest du village de l’Etang-Salé les Bains (Photo : sly/www.imazpress.com)
Ce projet impactant le territoire des Communes de St-Leu, des Avirons et de l’Etang- Salé, une enquête publique s’est déroulée sur le territoire de ces 3 communes du 18 mai au 22 juin 2016. Cette enquête a mobilisé un nombreux public qui s’est manifesté dans une quasi-unanimité contre ce projet. Le point culminant de cette opposition s’est traduit par une chaine humaine rassemblant plus de 4 000 personnes le 7 juin 2016.
Les différents Conseils Municipaux se sont également opposés à ce projet, celui de l’Etang-Salé ayant émis un avis défavorable par délibération en date du 17 Octobre 2016 pour les motifs suivants :
- Incompatibilité avec le Schéma Départemental des Carrières alors en vigueur : les parcelles concernées ne faisaient pas partie d’un espace carrière recensé au SDC qui interdisait par ailleurs le classement des périmètres irrigués,
- Incompatibilité avec le PLU de St-Leu qui classait le périmètre visé par le projet en zone Ad (zone agricole) et N (zone naturelle),
- Atteinte à un Espace Boisé Classé (EBC),
- Incompatibilité avec le SCOT qui classait cette zone en « espace de vigilance touristique »
- Incompatibilité avec le SAR de l’époque ou le périmètre du projet était classé en zone de coupure d’urbanisation avec pour objectif de préserver des espaces aux activités agricoles, aux équilibres écologiques et à la constitution de la trame verte. Le projet était localisé en outre, en grande partie dans le périmètre du SMVM (Schéma de Mise en Valeur de la Mer) et impactait des Espaces Naturels Remarquables du Littoral : site de la Pointe au Sel – Côte des Souffleurs, et site de la Ravine des Avirons.
- Le projet était concerné par un périmètre d’intervention du Conservatoire de l’Espace Littoral et des Rivages Lacustres. Il était classé en priorité 1 dans la stratégie foncière d’acquisition du Conservatoire compte tenu de la qualité paysagère du site.
- Incompatibilité du projet avec le Code Forestier qui posait une interdiction générale de défrichement,
- Le site était concerné par 2 ZNIEFF (Zone Naturelle d’Intérêt Faunistique et Floristique)
- Atteinte à la Réserve Naturelle Marine : l’importance des surfaces de stockage des stériles (62 000 m2) constituait un risque accru de ruissellement chargé de Matières en Suspension,
- Atteinte au site classé de la Pointe au Sel et de ses environs,
- Le périmètre du projet était impacté par 3 espaces classés en zone rouge et 1 espace en zone bleue du PPRI,
- Incompatibilité avec le SDAGE (Schéma Départemental d’Aménagement et de Gestion des Eaux) : la nappe stratégique de la côte Ouest était concernée par ce projet. Le SDAGE y fixait des objectifs forts afin de préserver cette ressource stratégique pour le bassin Sud-Ouest. Or, avec un fonds de fouille à 57 m de profondeur, l’épaisseur des matériaux restant au-dessus de la nappe n’aurait plus été que de 4 m. Le risque de pollution était d’autant plus renforcé par l’utilisation d’explosifs composés de nitrate-fuel.
Outre l’incompatibilité manifeste de ce projet avec l’ensemble de l’arsenal réglementaire, celui-ci aurait entrainé de très forts impacts sur l’environnement et le cadre de vie des populations riveraines.
L’ensemble de ces arguments, la mobilisation sans précédent de la population, l’opposition unanime des 3 villes concernées, ont conduit le commissaire enquêteur à émettre un avis défavorable à ce projet.
Par ailleurs, la redéfinition du projet de la NRL qui doit s’achever en viaduc, enlève toute justification à ce projet de carrière qui était présenté comme nécessaire et exclusif à la constitution des digues de la route du littoral.
Dans ces conditions, j’exprime ma grande surprise au retour de ce projet et ma plus vive opposition à la transformation de cet espace remarquable du littoral en carrière à ciel ouvert. Je refuse à ce que notre qualité de vie, notre environnement, soit sacrifié sur l’autel des intérêts économiques d’une multinationale en situation quasi monopolistique.
J’ai exprimé cette opposition dans un courrier du 19 septembre 2024 dans lequel j’ai exprimé à l’Etat, un avis défavorable au classement de Bois-Blanc en Gisement d’Intérêt Régional (GIR).
Par courrier en date du 2 décembre 2024, M. le Préfet m’informait d’un classement de ce site en GIR à préserver (avec interdiction d’extraction dans les 12 ans à venir).
En réponse, par courrier en date du 23 juin 2025, je réitérai mon opposition à ce projet en ces termes : « Bien que le GIR 0-Ma2 de Bois-Blanc soit maintenant classé en gisement à préserver, sa mise en œuvre opérationnelle, même dans 12 ans, aura toujours un impact fort sur le village de l’Etang-Salé les Bains, ce projet se situant en Espace remarquable du Littoral. L’inscription de ce gisement reste trop pénalisant et contraignant pour le développement cohérent et équilibré de ma Commune et m’oblige à vous donner un avis défavorable ».
Je tenais ici, à réaffirmer ma totale opposition au classement du site de Bois- Blanc en Gisement d’Intérêt Régional pour l’extraction à venir de roches massives, et veillerai à ce qu’aucune carrière ne vienne saccager notre littoral.
Mathieu Hoarau
