Madame la Première ministre, à l’occasion d’une conférence de presse organisée par les professionnels de l’élevage de La Réunion, à laquelle participaient les coopératives animales et la Chambre d’Agriculture de La Réunion, nous avons été interpelés sur l’inquiétude prégnante relative à l'abondement du Régime Spécifique d'Approvisionnement (RSA). Comme vous le savez, ce dispositif européen compense les surcoûts liés à l'éloignement des territoires ultramarins pour l’importation des matières premières entrant dans la production d’alimentation animale (Photo d'illustration rb/www.imazpress.com)
Alors que tous nos professionnels de l’agriculture réunionnaise se sont engagés dans le plan régional pour la souveraineté alimentaire portée par les services de l’État, ils s’interrogent sur le possible désengagement du Gouvernement en faveur de ce dispositif pivot.
Depuis 2013, le quota d’importation subventionné par le RSA est resté plafonné à 190.000 tonnes.
Dans le même temps, notre consommation locale et nos besoins se sont considérablement accrus, portés par la croissance démographique et les changements de modèle de consommation.
Ainsi, en 2022, plus de 270 000 tonnes de céréales dédiées à la transformation ont été importées. Ce delta important a pour l’instant été difficilement compensé par les professionnels d’autant plus que les crises mondiales successives ont considérablement modifié les tarifs à l’import.
Lors de votre dernière visite officielle à La Réunion, vous avez encouragé nos professionnels à produire plus localement, en faveur de la sécurité alimentaire.
L’État s’était ainsi engagé à soutenir financièrement cette filière d’avenir qui nécessite aujourd’hui un complément de 5 millions d’euros pour La Réunion, 8 millions pour l’ensemble des Outremer.
À ce jour, cette augmentation ne s’est toujours pas concrétisée. Nous tenons à rappeler que le RSA bénéficie à l’ensemble de la population réunionnaise, de l’éleveur professionnel au consommateur, en passant par particuliers élevant ces volailles aux collectivités locales s'approvisionnant dans une démarche vertueuse auprès des entreprises de notre territoire. Les filières locales se sont organisées et ont mis en place un système vertueux se faisant ressentir jusqu’au prix de vente dans nos commerces.
C’est un véritable levier dans notre lutte contre la cherté de la vie à La Réunion. Madame la Première ministre, nous sollicitons donc votre diligence aux fins d’apporter une réponse favorable aux inquiétudes des Réunionnaises et des Réunionnais, et pour que, dans la mesure du possible, vous puissiez affirmer la volonté du gouvernement à accompagner la production locale réunionnaise. Le RSA doit être compensé par l’État pour éviter une nouvelle hausse des prix dans un contexte inflationniste difficile pour les familles les plus fragiles.
Nous vous prions d’agréer, Madame la Première ministre, l’expression de notre haute considération.
Audrey Bélim, sénatrice de La Réunion