Mohamed Mbougar Sarr a reçu son prix ce mardi 1er décembre à l'Hôtel de ville de Saint-Denis pour son premier roman Terre ceinte. Dans cette première ! oeuvre, le jeune auteur aborde la question de l'intégrisme religieux, lance une réflexion sur la parole et le silence face à la menace terroriste. Il s'intéresse surtout à la complexité des sentiments vécus par les habitants qui vivent sous cette occupation et à leur façon de survivre.
Lorsqu’il s’exprime, Mohamed Mbougar Sarr a un fort accent et une maîtrise parfaite de la langue. Les mots sonnent justes. Il a 25 ans et vient de recevoir son deuxième prix pour son premier roman, “Terre ceinte”, aux éditions Présence Africaine*. Le jury du Grand prix du roman métis 2015 lui a remis son prix ce mardi 1er décembre à l’Hôtel de ville de Saint-Denis, alors que le jeune auteur est de passage à La Réunion pour quatre jours.
Terre ceinte offre une réflexion sur la complexité des réactions humaines face à l’occupation et la barbarie. À Kalep, ville du Sumal désormais contrôlée par le pouvoir brutal des islamistes, deux jeunes sont exécutés pour avoir entretenu une relation amoureuse. Pour lutter, des habitants se réunissent dans le sous-sol d’un bar et créent un journal clandestin, défiant ainsi le chef de la police islamiste.
L’auteur sénégalais a puisé son inspiration dans les événements qui se déroulent au Mali en 2012 et 2013, avec l’occupation de différentes factions jihadistes. Mohamed Mbougar Sarr se trouve alors en France, où il est arrivé en 2009 pour suivre ses cours en Classe préparatoire aux grandes écoles. Il s'apprête à intégrer l'Ecole des hautes études en sciences sociales - où il étudie encore aujourd'hui - et, pendant son temps libre, il tient un blog. Le jeune homme a le souhait de s'investir dans un travail d'écriture plus long. “J’ai attendu que le sujet s’impose à moi, qu’il m’obsède”, confie-t-il. Il reconnaît être attiré par les sujets liés à l’état d’occupation. "Autant cela détruit énormément, cela atteint fondamentalement, autant je crois que ce sont les situations ou l’humanité s’exprime dans sa vérité la plus crue, la plus authentique. La cruauté, la complexité simplement de la nature humaine et de toutes les nuances de sentiments qu’on peut avoir."
Une dimension humaine sensible dans "Terre ceinte". L'écriture joue avec le réalisme, place le lecteur parmi la foule qui crie contre le couple d'amant avant qu'ils soient fusillés. Les bourreaux, eux-mêmes, sont aussi décrits sous leurs aspects humains, avec leurs contradictions. "Dans ce genre de situation il est très confortable moralement de répartir les gens dans deux catégories, les bons et les mauvais, évidemment les choses sont plus complexes que cela, estime l'auteur. Je crois que dans ces moments, il y a une espèce de confusion des sentiments qui fait que les repères moraux sont tout a fait brouillés. La question de la survie est très importante à mes yeux. Comment on arrive, malgré tous les bouleversement, à retrouver sa vérité intérieure."
Avec son roman, Mohamed Mbougar Sarr se retrouve malgré lui en plein coeur de l'actualité. Le sujet fait évidemment écho aux attentats de Paris, survenus seulement quelques jours après le choix du jury d'attribuer le Grand prix du roman métis à Terre ceinte. Des événements et des débats qui ont largement intéressés l'auteur. "Je pense qu'il faut à tout prix éviter la fascination pour l'horreur et trouver les mots justes, analyse-t-il après un instant de réflexion. Malheureusement, il me semble que des événements similaires vont se répéter et il faudra faire de plus en plus attention."
Ce qui lui fait dire ça? "La réponse guerrière donnée par la France et par le Président. Je trouve que ce discours face à la peur, qui appelle à retourner à la terrasse des cafés est absurde. Quoi qu'il arrive, les gens ont peur et il nous faut au contraire la voir, investir cette peur pour aller plus loin. Il faut refuser de se montrer fort à tout prix. Les terroristes n'ont peur de rien, moi j'ai peur, je tiens à la vie et j'en développe beaucoup d'autres sentiments."
* Mohamed Mbougar Sarr, Terre ceinte, Présence africaine, Paris, 2014, 258p.
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il ferait mieux de lire les aventures en vrai des écrivains et reporters qui les ont vécu dans leurs chairs et ames et l'ont expérimenté de leurs vivant , que d'écrire des bla , bla ,bla à n'en plus finir , genre "autant en emporte le vent " à l'eau de rose !!!.