Les prix des biens et services sont supérieurs de 12,4% par rapport à ceux de la Métropole, remarque l'Insee. Dans le secteur de l'alimentaire, l'un des postes les plus importants du budget des Réunionnais, l'écart est encore plus grands avec des prix supérieurs de 36,6% par rapport à ceux de l'Hexagone.
Le dernier exercice de comparaison des prix en niveau entre La Réunion et la France métropolitaine datait de 1992. "Il s'agissait de savoir de combien augmenterait la valeur du panier de consommation d'un ménage métropolitain moyen s'il devenait résident dans un Dom en maintenant ses habitudes de consommation de France métropolitaine" écrit Olivier Fagnot, chef du service statistique, dans le numéro 137 de "Économie à La Réunion", la revue de l'Insee présentée en conférence de presse ce jeudi 16 décembre 2010.Depuis, 1992, malgré des études permettant de comparer les évolutions de prix des territoires, il n'y avait plus eu de comparaison "spatiale" des prix entre la Métropole et La Réunion. Un "vide" comblé en mars 2010 avec le lancement de l'étude dont les résultats ont été présentés ce jeudi. "Ce type d'enquête sera désormais renouvelé tous les cinq ans environ" indique l'Insee.
Première constatation, "les écarts de prix des biens étudiés ont évolué différemment à La Réunion sur les vingt dernières années, certains ayant diminué, d'autres augmenté" note Olivier Fagnot. Les produits alimentaires notamment ont augmenté plus vite qu'en France métropolitaine. Ce secteur, où l'écart le plus important est observé, constitue l'un des principaux postes de dépenses des Réunionnais, il lui réserve 15 % de leur budget. Ainsi sur "le panier métropolitain", l'écart était de + 30% en 1992. Il s'élève désormais à + 36,6%. "Les dépenses alimentaires étant les plus fréquentes, cette évolution a contribué à alimenter le ressenti des ménages réunionnais sur la vie chère" commente Olivier Fagnot.
Toujours au chapitre des produits plus chers, la santé et les communications (internet, téléphonie, envois postaux) sont aussi nettement plus chères à La Réunion avec un taux respectif à la hausse de + 15,2% et + 19,3%. Par contre, les écarts de prix sont moins importants sur certains postes, notamment les transports, les loisirs et la culture. "La comparaison fait même apparaître sur d'autres produits des prix pratiqués inférieurs à ceux de France métropolitaine" remarque l'Insee.
Ainsi, les consommations liées au logement (loyers, charges, eau, électricité principalement), les prix sont inférieurs de 2,4% à la Réunion. Cela s'explique par certains tarifs moins élevés dans l'île comme celui de l'eau. Par ailleurs, même si les loyers privés restent plus élevés à La Réunion qu'en France métropolitaine, ceux du secteur social sont plus faibles ici. Enfin, dans l'hôtellerie - restauration, les prix pratiqués sont inférieurs de 6,1% à ceux de l'Hexagone. "Le traditionnel repas - barquette n'est pas étranger à ce résultat" croit savoir Olivier Fagnot.
Par rapport 1992, où seul le mode de consommation de France métropolitaine avait été retenu, l'enquête 2010 est plus affinée. L'Insee a en effet étudié le panier d'une ménage réunionnais qui s'installerait dans l'Hexagone tout en conservant ses habitudes d'achat réunionnaises. La différence serait infime puisqu'elle se chiffrerait à -0,4%, affirme le statisticien.
Cette faible différence s'explique par un effet de compensation. Le logement, l'eau, l'énergie, les loisirs, la culture, l'habillement, les chaussures et l'hôtellerie restauration sont plus chers en métropole. Mais cet écart est compensé que des prix plus bas en Métropole des produits alimentaires (-10,6%), des boissons alcoolisées et du tabac, "Un Réunionnais qui conserverait ses habitudes alimentaires en France métropolitaine paierait donc moins cher ses produits habituels" analyse Olivier Fagnot.
Le statisticien note toutefois que cette étude présente des limites. La première réside dans les hypothèses mêmes qui ont été retenues. Le choix de travailler avec un panier de consommation métropolitain dans un cas et réunionnais dans l'autre suppose que les deux ménages concernés ne modifieraient pas leurs habitudes de consommation. "Or il est fort probable que dans les deux cas, au bout d'un certain temps, les ménages adaptent progressivement leurs habitudes de consommation" reconnaît Olivier Fagnot.
Par ailleurs, la comparaison spatiale des prix permet de mesurer les écarts de prix globaux entre la France métropolitaine et La Réunion, à structure de consommation moyenne. Les résultats ne seraient pas nécessairement les mêmes s'ils avaient été adaptés à chaque catégorie de population, selon la structure de son propre budget. Et pour cause, un ménage aisé, ou à faible revenu, jeune ou âgé, ne consomme pas de manière identique.
Selon l'Insee, un ménage modeste, par exemple dépense une part de son budget plus importante que les autres dans l'alimentaire. "Il est donc vraisemblable que pour lui l'écart de prix global soit plus important que celui annoncé" souligne le statisticien. Il ajoute "une telle analyse aurait nécessité une opération de plus grande ampleur, avec un échantillon de produits beaucoup plus important".
À noter qu'avec des prix de 15,6% plus élevés qu'en Métropole en 1992, La Réunion possédait l'écart le plus important de tous les Dom. En 2010 la tendance s'est inversée. Les prix dans l'île sont moins élevés (+12,4%) que dans tous les trois autres Dom. L'écart en Guyane reste le plus important (+ 19,6%), suivi par la Martinique (+ 16,9%) et la Guadeloupe (+ 14,8%).
Mahdia Benhamla pour
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