Escroquerie à la téléphonie chez SFR : plus de 400 appareils, 500.000 euros de préjudice et 36.000 euros d'amende

  • Publié le 23 septembre 2025 à 17:31
  • Actualisé le 23 septembre 2025 à 19:55
tribunal de saint-denis

Un ancien cadre de SFR et quatre complices ont été condamnés ce mardi par le tribunal correctionnel de Saint-Denis pour une vaste escroquerie aux téléphones portables. Pendant plusieurs mois, Alain A., employé de la société de téléphonie, a monté de faux contrats afin de détourner plus de 400 appareils qu’il revendait ensuite sous le manteau. Ses proches et des acheteurs réguliers comparaissaient à ses côtés (Photo rb/www.imazpress.com)

En 2020, SFR avait déposé plainte après avoir découvert, lors d’un contrôle interne, d’étranges anomalies sur plusieurs dossiers clients. L’enquête a rapidement mis au jour un système "aussi simple qu’efficace" selon le parquet de Saint-Denis : Alain A., cadre bien en place, établissait de faux contrats auprès de sociétés qu’il annulait aussitôt en prétextant une erreur. Les téléphones étaient néanmoins livrés, puis récupérés par lui avant d’être revendus à prix cassés. L’affaire a fait boule de neige, jusqu’à atteindre plus de 400 appareils manquants.

À la barre, le principal mis en cause, un grand gaillard né en 1966, a reconnu sans détour les faits. « À la base, ce n’était pas pour m’enrichir, mais pour avoir de l’argent facile », a-t-il expliqué, évoquant une addiction aux jeux en ligne et aux dépenses courantes. Il a reconnu avoir tout dilapidé. « J’avais un bon poste, un bon salaire, mais je me suis laissé entraîner », a-t-il ajouté, tout contrit. Licencié depuis, il admet devoir désormais rembourser.

 - Un mode opératoire rodé -

Autour de lui, quatre prévenus : sa compagne Sandrine C., ainsi que Tony C., Benjamin D. et Shamir D.S. Tous ont reconnu avoir acheté ou revendu des téléphones flambant neufs, sous blister, réglés uniquement en espèces. Benjamin D. a décrit un rythme « d’un message par semaine » sur WhatsApp pour se procurer cinq à six appareils, payés 900 euros pour une valeur de 1.250 euros, avant de les revendre via Cash Converters ou le site allo.com. Tony C. a expliqué avoir acheté une quarantaine de téléphones pour 15.000 euros, parfois remis par Sandrine C. elle-même. Shamir D.S., lui, admet une centaine d’achats.

Pour le procureur, le stratagème reposait sur « la simplicité et la sophistication suprême ». Chaque mois, quatre téléphones suffisaient à doubler les revenus du cadre. « Les quatre autres n’ont pu ignorer l’entourloupe », a-t-il martelé, rappelant que les paiements en liquide et les cartons d’appareils neufs ne laissaient aucun doute.

 - Le parquet souligne la « sophistication suprême » -

La défense a cherché à limiter la casse. Me Jean-Pierre Lionnet, avocat d’Alain A., a contesté l’ampleur de l’escroquerie. « SFR parlait d’abord de 100.000 euros manquants, puis de 400 téléphones. La seule certitude, c’est que mon client a reconnu. Mais combien exactement ? », a-t-il plaidé, appelant le tribunal à nuancer. Me Farid Issé, conseil de Shamir D.S., a soutenu que son client ignorait la provenance frauduleuse des appareils plaidant ainsi la relaxe.

Le tribunal n’a pas suivi les plaidoyers de la défense. Alain A. a été condamné à 360 jours-amende de 100 euros chacun, soit 36.000 euros, avec un an de prison en cas de non-paiement. Sandrine C. écope de six mois de prison avec sursis et 10.000 euros d’amende pour son rôle d’intermédiaire. Tony C. est condamné à quatre mois de prison avec sursis et 5.000 euros d’amende. Benjamin D. et Shamir D.S. sont sanctionnés plus lourdement : six mois de prison avec sursis et respectivement 5.000 et 10.000 euros d’amende. 

Si SFR ne s’est pas constituée partie civile, l’opérateur a évalué son préjudice à plusieurs centaines de milliers d’euros. « La seule chose sûre, c’est qu’il faudra rembourser », a tancé le représentant de la société.

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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