Saint-Gilles : six ans après sa mise en examen, l’homme d’affaires Paul Caro jugé pour extorsion et blanchiment

  • Publié le 31 octobre 2025 à 11:06
  • Actualisé le 31 octobre 2025 à 11:27
Saint-Gilles : six ans après sa mise en examen, l’homme d’affaires Paul Caro jugé pour extorsion et blanchiment

Presque six ans après son interpellation spectaculaire à Saint-Gilles-les-Bains, l’homme d’affaires Paul Caro, 78 ans, comparaît vendredi 14 novembre 2025 devant le tribunal correctionnel de Saint-Denis. L’ancien élu d’opposition à la Chambre de commerce et d’industrie (CCIR) devra répondre de faits d’extorsion par violences et menaces, de fraude fiscale aggravée et de blanchiment commis de façon habituelle. Quatre parties civiles, dont deux sociétés, se sont constituées dans cette affaire qui a un temps agité le microcosme économique de l’Ouest. (Photo rb/www.imazpress.com)

L’affaire remonte à l’été 2019. Le 6 juillet, Paul Caro est mis en examen pour extorsion de fonds, fraude fiscale et blanchiment d’argent. Deux jours plus tôt, le promoteur immobilier avait été interpellé en flagrant délit devant le bureau de poste de Saint-Gilles-les-Bains alors qu’il se faisait remettre une importante somme en liquide par un commerçant.

Selon les enquêteurs, il existait dans le centre de Saint-Gilles un "système parallèle de loyers" imposé à plusieurs commerçants installés dans ses galeries et locaux. En plus des loyers officiels, ces derniers devaient verser, en liquide et hors comptabilité, des sommes supplémentaires pour conserver leur bail ou en obtenir le renouvellement.

Des pratiques que le prévenu justifiait par un “usage entre commerçants”, niant tout racket. "Ce n’est pas du chantage, tout le monde était d’accord”, affirmait alors la défense. “Dans cette histoire, le loup n’est pas forcément celui qu’on vise."

- Des loyers truqués et des pressions présumées -

L’information judiciaire ouverte par le parquet de Saint-Denis a mis au jour un système organisé, actif entre 2013 et 2019, et portant sur plusieurs millions d’euros. Outre les montants encaissés sans déclaration au fisc, l’homme d’affaires aurait exercé des pressions sur certains commerçants récalcitrant, allant jusqu’à recourir à trois nervis pour “remettre de l’ordre”.

Deux commerçants auraient subi des représailles physiques et matérielles : changement de serrures, dégradations, agressions. Les enquêteurs estiment que ces agissements visaient à faire plier les locataires qui refusaient de s’acquitter des “compléments” exigés.

Propriétaire d’un vaste patrimoine immobilier sur le littoral Ouest, Paul Caro a longtemps été considéré comme un acteur incontournable de la vie économique locale. Né en 1947 à Saint-Louis, il a bâti sa fortune dans la promotion et la location de biens commerciaux, avant d’intégrer la CCIR comme élu d’opposition.

- "Un complot", selon la défense de l'époque -

Dès sa garde à vue, l’homme d’affaires avait nié les faits et dénoncé "un complot, une machination" orchestrée selon lui par des rivaux économiques. Décrit comme “peu coopératif” par les enquêteurs, il avait néanmoins été libéré sous contrôle judiciaire à l’issue de sa mise en examen, malgré les réquisitions du parquet qui demandait son placement en détention provisoire.

Le contrôle judiciaire prévoyait notamment l’interdiction de se rendre à Saint-Gilles, où se trouvent la majorité de ses biens et commerces. Son épouse et plusieurs de ses locataires avaient eux aussi été entendus au cours des investigations.

Paul Caro sera jugé pour blanchiment commis de façon habituelle de biens ou fonds provenant d’un délit de fraude fiscale aggravée, entre 2013 et 2019 à Saint-Paul mais également extorsion par violence, menace ou contrainte de signature, promesse, secret, fonds ou valeur, sur la même période et abus de biens sociaux en tant que gérant de société, à des fins personnelles.

Les préjudices financiers évoqués dépasseraient le million d’euros, sans compter les dommages réclamés par les parties civiles, notamment deux sociétés commerciales locataires de ses espaces.

En cas de condamnation, Paul Caro encourt jusqu’à dix ans d’emprisonnement et de lourdes amendes, ainsi qu’une interdiction de gérer.

- "Un usage entre commerçants" ou un système mafieux ? -

Le débat promet d’être tendu. Pour la défense, il pourrait s'agir d’un "usage ancien", toléré entre bailleurs et locataires, dans un secteur où les échanges en liquide n’étaient pas rares. Pour le parquet, un système de domination et d’extorsion, appuyé par la crainte et la violence pourrait être mis en exergue.

Le tribunal correctionnel devra déterminer si les pratiques de Paul Caro relèvent du “coup de pouce entre commerçants” ou d’un véritable racket organisé, doublé d’une fraude fiscale systématique.

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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1 Commentaires
Système
Système
4 heures

Encore un voyou qui grâce à ses méthodes a obtenu un poste dans une institution qui gère des fonds publics c’est ce qu’il appelle la méritocratie