Séquestration ou chaos sous stupéfiants ? Trois jeunes condamnés pour violences aggravées à Saint-André

  • Publié le 31 octobre 2025 à 13:06
tribunal de saint-denis

Trois jeunes hommes ont été condamnés ce mercredi 29 octobre 2025 par le tribunal correctionnel de Saint-Denis pour des violences aggravées en récidive commises dans un appartement de Saint-André. Le parquet avait requis des peines allant jusqu’à quatre ans de prison, estimant qu’il s’agissait d’une scène violente, longue et unilatérale, sur fond de tabac chimique et de règlement de comptes. Le tribunal les a en revanche relaxés du chef d’enlèvement et de séquestration, faute d’éléments clairs et concordants, mais a décidé de les maintenir tous en détention (Photo : rb/www.imazpress.com)

À la barre : Thomas S., né en 2002, déjà condamné à six reprises dont certaines pour extorsion avec violence, sans emploi ; Nicolas R., né en 2000, au casier chargé (neuf mentions dont des viols avec violence, extorsions, dégradations, violences) qui dit "travailler au noir dans l’agriculture" ; et Alexandre F., né en 1999, deux mentions, sans activité et vivant du RSA. Un quatrième protagoniste, un mineur né en 2008, a été jugé séparément devant le tribunal pour enfants.

Tous reconnaissent que les faits se déroulent alors qu’ils sont sous produits – il est question de tabac chimique à l’audience. Un homme venu à l’appartement ressortira le visage tuméfié, en sang, avec la disparition d’un tee-shirt de marque et d’une chevalière. Il est présent mais refuse de revenir sur le déroulé exact de la scène, tout en demandant à être reconnu comme victime et à obtenir des dommages et intérêts.

- La police défonce la porte, mais aucun blessé chez les prévenus -

Selon le président de l'audience correctionnelle, les policiers ont dû défoncer la porte pour entrer et découvrent la victime ensanglantée. Étrangement, aucun des trois mis en cause ne présente la moindre blessure. Ce décalage va suivre toute l’audience. Nicolas R. soutient que la victime "voulait en découdre", qu’elle serait entrée alcoolisée, qu’elle aurait manqué de respect au mineur, et qu’il ne l’a frappé qu’en réaction : "je lui ai donné un coup de coude". Il nie toute séquestration et affirme que l’homme venait "librement" à l’appartement e serait même venu plusieurs fois au cours de la journée. Thomas S. assure même avoir "aidé" la victime en la mettant en PLS (position latérale de sécurité) après la bagarre.

Problème : en garde à vue, les versions ne sont pas les mêmes. L’un d’eux dit d’abord avoir "ramassé" la victime dehors pour la soigner. Le mineur, lui, a décrit devant le juge des enfants une scène de violences conforme à ses déclarations de garde à vue. Il a finalement été relaxé, ce que la procureure regrette, rappelant qu’assister à une telle scène sans prévenir les secours engage la responsabilité.

- Une scène "longue et unilatérale" pour le parquet -

Face à ces récits embrouillés, à une victime peu loquace et à trois prévenus sous produits, "le chaos règne", reconnaît le président qui fait revenir la victime à la barre. Celle-ci dit avoir été enfermée, frappée aussitôt, et dépouillée de ses effets. Mais ses explications restent aussi nébuleuses que celles des prévenus.

La procureure tente alors de remettre "les choses dans l’ordre" : tout le monde était sous stupéfiants, il y a eu une forme de loi du Talion, œil pour œil, dent pour dent, dans un climat délétère. Mais, selon elle, une chose est claire : il s’agit d’une scène violente, prolongée et à sens unique. "Sinon, ils l’auraient simplement ceinturé et appelé la police", souligne-t-elle. Elle requiert pour Thomas S., sorti de détention en décembre 2024 et vu son casier, 4 ans de prison dont 12 mois avec sursis probatoire et un mandat de dépôt, pour Nicolas R., 3 ans de prison dont 6 mois avec sursis probatoire et un mandat de dépôt et enfin pour Alexandre F., 30 mois de prison dont 12 mois avec sursis probatoire et un mandat de dépôt, avec obligation de travail, de soins, une interdiction de contact entre eux et avec la victime.

- Relaxés pour la séquestration, condamnés pour les violences -

Après les plaidoiries de la défense qui s'est engouffrée dans la thèse du "chaos" pour tenter de faire relaxer les mis en cause, le tribunal n'a pas totalement suivi le parquet. Les juges estiment que les déclarations sont trop confuses pour retenir l’enlèvement et la séquestration – la porte défoncée, une victime qui venait déjà dans ce logement, des versions contradictoires et une scène brouillée par les stupéfiants.

En revanche, les violences aggravées, commises en réunion et pour certains en récidive, sont caractérisées. Les trois hommes sont donc condamnés : Thomas S et Nicolas R. : 18 mois de prison ferme, Alexandre F. : 6 mois de prison ferme.

Ils sont tous maintenus en détention. 

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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