Diplomatie

Blinken appelle la Chine à cesser les "actes agressifs" dans la région indopacifique

  • Publié le 14 décembre 2021 à 15:21
  • Actualisé le 14 décembre 2021 à 15:25

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé mardi à Jakarta la Chine à cesser ses "actes agressifs" dans l'Indo-Pacifique, au cours d'une visite dans la région grâce à laquelle Washington espère renforcer ses alliances contre Pékin.

"Nous sommes déterminés à garantir la liberté de navigation en mer de Chine méridionale, où les actes agressifs de Pékin menacent des échanges commerciaux pour un montant de plus de 3.000 milliards de dollars chaque année", a-t-il lancé dans un discours prononcé sur le campus verdoyant de l'Université d'Indonésie.

Lors de sa première tournée en Asie du Sud-Est, qui doit également le mener en Malaisie et en Thaïlande, il a aussi réaffirmé l'attachement de Washington à "la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan", plus que jamais au coeur de tensions extrêmes entre les deux premières économies mondiales.

M. Blinken, insistant sur sa volonté de renforcer les alliances avec les Etats de la région, s'est engagé à "protéger le droit de tous les pays à choisir leur propre voie, libre de toute pression ou intimidation". "Il ne s'agit pas d'une compétition entre une région américano-centrée ou sino-centrée", a-t-il plaidé, avant toutefois de critiquer frontalement l'attitude chinoise.

"Il y a beaucoup de préoccupation, de l'Asie du Nord-Est à l'Asie du Sud-Est, et du fleuve Mékong aux îles du Pacifique, au sujet des actes agressifs de Pékin", a-t-il martelé. Il a accusé la Chine de "revendiquer des mers ouvertes comme son propre territoire", de "fausser des marchés ouverts au travers de subventions à ses entreprises étatiques", ou encore de "refuser des exportations ou abroger des accords avec des pays dont elle conteste les politiques". "Les pays de la région veulent que ce comportement change. Nous aussi", a-t-il insisté.

Selon lui, la politique américaine de dissuasion vise à "éviter que la compétition" américano-chinoise "ne dégénère en conflit", car ce serait "catastrophique pour tout le monde".

- "Plus grand défi" -

La région voit une montée des tensions en mer de Chine méridionale alors que Pékin revendique la quasi-totalité de cette zone clé pour les échanges commerciaux, également revendiquée par Brunei, la Malaisie, les Philippines, Taïwan et le Vietnam.

Pour convaincre ses partenaires, les Etats-Unis développent "un cadre économique pour l'Indo-Pacifique" et cherchent à renforcer les alliances militaires dans la région, a ajouté Antony Blinken.

Le premier diplomate américain a souligné qu'il ferait pression sur les autorités birmanes pour qu'elles "cessent leur violence aveugle, relâchent tous ceux qui sont détenus injustement" et remettent le pays sur la voie de la démocratie.

La Birmanie a plongé dans une crise profonde depuis l'éviction du gouvernement civil d'Aung San Suu Kyi dans un coup d'Etat militaire en février. Hasard du calendrier ou manifestation de la compétition féroce entre grandes puissances dans cette région? La visite d’Antony Blinken à Jakarta coïncide avec celle de l’influent chef du Conseil de sécurité russe Nikolaï Patrouchev.

Le responsable russe est venu notamment négocier un "partenariat stratégique" entre les deux pays qui devrait être signé par les chefs d'Etat russe et indonésien l'an prochain, ont indiqué les autorités indonésiennes.

"Les Etats-Unis comme la Russie sont de bons partenaires pour l'Indonésie", avait noté lundi la ministre indonésienne des Affaires étrangères Retno Marsudi.

Moscou se rappelle donc au bon souvenir des Etats-Unis jusqu’en Asie du Sud-Est, où le chef de la diplomatie américaine espérait pourtant se concentrer sur sa priorité numéro un: la confrontation avec la Chine.

Antony Blinken a érigé l'ambition grandissante de Pékin sur la scène mondiale en "plus grand défi géopolitique du XXIe siècle" et recherche le bon équilibre entre compétition et confrontation.

Mais depuis l'été, la crise afghane, l'impasse dans les négociations sur le nucléaire iranien et plus récemment les tensions avec la Russie au sujet de l'Ukraine ne cessent d'accaparer le président Biden.

La stratégie du président démocrate ne diffère pas fondamentalement de celle en vigueur sous l'ex-président républicain de Donald Trump: il s'agit d'insister pour que cette région indo-pacifique demeure "libre et ouverte", débarrassée des "intimidations" chinoises.

Comme l'a réaffirmé Antony Blinken mardi, l'équipe Biden tente de mettre davantage l'accent sur la force de ses alliances -- non sans quelques couacs telle l'affaire des sous-marins nucléaires promis à l'Australie, qui lui a valu la colère de la France pour avoir perdu un énorme contrat avec Canberra.

Le secrétaire d'Etat a aussi insisté sur la nécessité de garantir un "internet fiable" et "sûr" face aux régimes autoritaires qui veulent en restreindre ou contrôler l'accès, et sur la volonté de Washington de favoriser la "prospérité" de la région.

"Nous allons travailler avec les pays de la région pour fournir des infrastructures de grande qualité", a-t-il promis, dans une autre critique à peine voilée aux projets chinois considérés peu favorable à l'emploi local et à l'environnement mais néfastes pour l'endettement des Etats qui en bénéficient.

AFP

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