La recherche autour des hormones de régulation de l'appétit figure en bonne place dans les prévisions des experts pour le prix Nobel de médecine lundi, qui ouvre le bal des récompenses philanthropiques.
Les chercheurs de grandes institutions américaines pourraient à nouveau tirer leur épingle du jeu lors des Nobel scientifiques (médecine, physique, chimie) annoncés à Stockholm mais les coupes budgétaires décidées par Donald Trump vont probablement alimenter le débat sur le risque d'affaiblissement de la recherche américaine à moyen terme.
A l'heure où plus d'un milliard de personnes souffrent d'obésité, la recherche sur l'action de l'hormone dite "glucagon-like peptide 1" (GLP-1) pourrait être distinguée par le Nobel de médecine lundi à Stockholm.
GLP-1, qui joue sur la sensation de satiété via des mécanismes cérébraux, est au coeur des traitements contre l'obésité, très prisés de grands laboratoires pharmaceutiques.
"Nombreux sont ceux qui pensent que le prix sera décerné aux personnes à l'origine du GLP-1", déclare à l'AFP Lars Broström, spécialiste sciences à la radio publique suédoise SR.
Comme souvent, nombre de chercheurs ont contribué à cette découverte, souligne-t-il, citant les médecins danois Jens Juul Holst (université de Copenhague) et Joel Habener (Harvard) mais également l'endocrinologue canadien Daniel Drucker et la chimiste américaine Svetlana Mojsov.
En dépit de l'introduction très récente des traitements tels que l'Ozempic, "c'est peut-être aussi le moment idéal" de récompenser cette découverte qui "a été faite dans les années 1980", souligne M. Broström.
Dans le même champ de recherche, les travaux sur la ghréline, hormone stimulant l'appétit, pourraient valoir un Nobel à deux chercheurs japonais, Kenji Kangawa et Masayasu Kojima, estime David Pendlebury, chef du service d'analyse au sein du cabinet Clarivate.
"Ce serait une belle conclusion à une autre découverte faite en 1994 par Jeffrey Friedman", qui a découvert le rôle d'une autre hormone de la satiété, la leptine, ajoute-t-il auprès de l'AFP.
"Nous avons une combinaison de très belles découvertes, une hormone pour l'appétit et une autre qui coupe l'appétit, qui alimentent les spéculations autour des GLP-1", reconnaît le spécialiste.
Le cabinet Clarivate s'appuie sur le recensement des études les plus citées dans les articles scientifiques pour cibler ses favoris.
- Cellules souche de la leucémie -
L'expert distingue également les travaux de la professeure de médecine allemande Andrea Ablasser, du virologue américain Glen N. Barber et du biochimiste sino-américain Zhijian James Chen sur la "voie cGAS-STING", un mécanisme fondamental de l'immunité innée.
Il mentionne aussi le biologiste canadien John E. Dick "pour l'identification des cellules souches de la leucémie et l'établissement de leur importance dans l'échec de la thérapie et la récurrence de la maladie".
L'an dernier, le Nobel de médecine avait été décerné aux Américains Victor Ambros et Gary Ruvkun pour leur découverte des microARN, nouvelle classe de molécule ARN minuscule jouant un rôle crucial dans la régulation de l'activité des gènes.
Les Nobel 2025 pourraient profiter de la tribune mondiale que constitue leur distinction pour s'alarmer de la réduction des moyens annoncés pour la recherche scientifique américaine.
"Après la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont pris le relais de l'Allemagne en tant que première nation scientifique mondiale. Aujourd'hui, en réduisant le financement de la recherche, cette position est menacée", a mis en garde auprès de l'AFP Hans Ellegren, secrétaire général de l'Académie royale des sciences de Suède, qui décerne les prix Nobel de physique, de chimie et d'économie.
Depuis janvier, les National Institutes of Health (NIH), les organismes supervisant la recherche médicale aux Etats-Unis, ont supprimé 2.100 subventions à la recherche, totalisant environ 9,5 milliards de dollars, selon la base de données indépendante Grant Watch.
Pour le prix Nobel de physique mardi, les spécialistes de la radio publique suédoise citent le domaine des méta-matériaux, et en particulier le Britannique John B. Pendry, régulièrement cité pour sa "cape d'invisibilité". Le chercheur a élaboré une recette théorique pour détourner des champs électromagnétiques autour d'un objet.
La saison des Nobel se poursuivra mercredi avec la chimie, avant les prix de littérature jeudi et de la paix vendredi, pour lequel Donald Trump s'est érigé en défenseur de sa propre candidature. L'économie clôturera la saison le 13 octobre.
La distinction consiste en un diplôme, une médaille d'or et un chèque de 11 millions de couronnes suédoises (près d'un million d'euros).
AFP