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Le narcotrafic vient percuter la campagne des municipales Ă  Marseille

  • PubliĂ© le 21 novembre 2025 Ă  19:24
Le maire de Marseille Benoit Payan, à la sortie de la préfecture des Bouches-du-RhÎne, à Marseille, le 20 novembre 2025

À quatre mois des municipales, le narcotrafic, Ă©tonnement peu prĂ©sent dans la campagne marseillaise jusqu'Ă  prĂ©sent, est venu percuter le dĂ©bat avec l'assassinat de Mehdi Kessaci, la plupart appelant Ă  l'unitĂ©, sauf l'extrĂȘme droite.


L'insĂ©curitĂ© due au narcotrafic s'impose comme un thĂšme de campagne dans de nombreuses villes et mĂȘme dans des villages. À Marseille, Ă©picentre du narcobanditisme en France, les passes d'arme se concentraient jusqu'Ă  prĂ©sent plus sur la sĂ©curitĂ© du quotidien, la saletĂ© ou l'immigration.
TaxĂ© de "maire laxiste" par l'ex-ministre de l'IntĂ©rieur Bruno Retailleau (LR), Benoit Payan, le maire sortant de Marseille divers-gauche, se prĂ©sente comme garant de "l'unitĂ©". "Ça veut dire que tout le monde s'y met, c'est-Ă -dire que celles et ceux qui ont Ă©tĂ© absents, je parle des politiques, des Ă©lus et des institutions pendant des annĂ©es doivent rĂ©investir ces quartiers", plaide-t-il dans une interview Ă  l'AFP.
Il revendique l'installation de caméras de vidéoprotection, d'avoir "doublé la police municipale" mais défend aussi une approche globale pour lutter contre ce fléau: "j'ai aussi fait des écoles, des centres sociaux, des stades et c'est toute la rénovation urbaine et c'est toute la question des transports en commun qui désormais se pose".
Pas encore officiellement candidat, il tacle les "discours martiaux" de certains Ă  droite et Ă  l'extrĂȘme droite notamment sur l'immigration qui "n'ont eu aucun effet".
- "Protéger les Marseillais" -
Pour Franck Allisio, candidat Rassemblement national à la mairie, c'est pourtant de sa faute si Marseille, un port qui déjà au siÚcle dernier a connu les ravages de l'héroïne, est devenue "la capitale de la drogue" selon lui. "Le maire découvre la sécurité", ironise le député auprÚs de l'AFP. Il assure que Marseille comptera, s'il est élu, sur "la premiÚre police municipale de France".
Il a demandé au gouvernement de décréter l'"état d'urgence" et un couvre-feu pour les mineurs, bien que les trois derniers meurtres par balles ont eu lieu en plein jour.
Comme le maire, Martine Vassal, candidate de la droite et du centre et actuelle présidente du département des Bouches-du-RhÎne et de la métropole appelle à la "concorde".
Elle veut engager "un choc d'autorité" mais "tout ça ne pourra pas s'envisager non plus sans une véritable politique sociale au sens trÚs large du terme", relÚve son directeur de campagne Romain Simmarano, dans une approche qui tranche avec le discours trÚs droitier employé par la candidate jusqu'ici.
SĂ©bastien Delogu, candidat LFI, qui part en solo en marge de la coalition du Printemps marseillais Ă  la tĂȘte de la ville depuis 2020, a appelĂ© Ă  cesser les "petites disputes" auprĂšs de l'AFP: "Aujourd'hui, il est temps que le peuple de Marseille se rĂ©unisse" pour "dire stop Ă  ce qu'il se passe dans notre ville".
- Aucune défection -
Samedi, lors de la marche blanche en hommage Ă  Mehdi Kessaci, BenoĂźt Payan, Martine Vassal, SĂ©bastien Delogu mais aussi les chefs des Écologistes, des socialistes, des communistes ont dĂ©jĂ  annoncĂ© leur prĂ©sence.
Au-delà des divergences politiques, cet assassinat a par ailleurs ravivé les craintes de pressions, voire des menaces en période électorale.
Il y a un mois, le procureur Nicolas Bessone a annoncĂ© la crĂ©ation d'une cellule anticorruption et dit craindre que pendant cette campagne des Ă©lus puissent "subir les mĂȘmes assauts", que des greffiers ou employĂ©s de prison de la part de narcotrafiquants.
Mi-septembre, le président de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, Christian Charpy, avait interpellé dans un entretien au Monde sur "les risques d'ingérence liée au narcotrafic" pour les municipales, notamment via des tentatives de corruption en dons liquide ou en paiement en cryptomonnaies.
Malgré ce contexte et les doutes soulevés par cet assassinat chez tous ceux qui combattent et commentent ce narcobanditisme, les élus et candidats contactés par l'AFP ont unanimement assuré n'avoir subi aucune défection.
Benoßt Payan a répété qu'il ne "faut pas avoir peur". Le maire de Marseille a évoqué, auprÚs de l'AFP, le témoignage sur RTL d'une élue qui, sous couvert d'anonymat, a confié ne pas vouloir se représenter parce qu'elle craignait pour sa vie.
"Ça, ça veut dire que c'est la mafia qui a gagnĂ©. Et je ne l'accepterai pas en fait", a-t-il assĂ©nĂ©. Son entourage nuance: "on comprend la peur des Ă©lus, des militants, des journalistes, des magistrats, mais il faut se relever, exiger la fin de ces violences".

Par Robin LEGRAND - © 2025 AFP
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