Presque cent ans de combats "suffragistes" menés entre 1848 et 1944 écrit-on. Après la Nouvelle-Zélande (1er pays), Finlande, la Norvège, la Pologne, l'Allemagne, le Danemark, l'Islande...etc, tandis que les Françaises, eux obtennaient le droit de vote qu'en 1944. Suite à d'un amendement défendu par Fernand Grenier du parti communiste, sous le gouvernement provisoire du général de Gaulle. C'est ainsi que l'ordonance du 21 avril 1944 officialisait définitivement l'ouverture du droit de vote aux femmes de Métropole et des outre-mer (site ministère) (Photo : AFP)
Cependant, il a fallu attendre un an plus tard, un 29 avril 1945 pour voir les femmes françaises votées pour la première fois à l'occasion des élections municipales. Les femmes devenaient dès lors, électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes.
À La Réunion, ce droit a été obtenu aussi par des longues luttes. Cependant, le passage d'un cyclone sur l'Île, a retardé d'un mois les élections municipales de 1945. C'est le 27 mai 1945 que les réunionnaises savouraient ce droit vote, mettant sur un même pied d’égalité les femmes et les hommes, en coulant leur bulletin de vote dans les urnes pour une première fois à ces élections municipales.
Alors même que La Réunion était encore sous le règne de colonie. Pour devenir par la suite, le 19 mars 1946, le 87ème département français, avec la loi défendue bec et ongles par les députés Raymond Vergès et Léon Lepervanche.
Ce moment historique a été aussi salué par toutes femmes de La Réunion lors des municipales du 27 mai 1945, elles voyaient là de la reconnaissance, d'une d'égalité et d'une ancrage dans l'histoire électorale française, puisque ce droit est désormais gravé dans la Constitution.
- Souvenons-nous d'hier pour demain -
80 ans après cet acte historique. Une gamine de 14 ans à l'époque, âgée aujourd'hui de 94 ans, a fouillé dans sa mémoire pour raconter les vécus de sa maman. Elle se rappelle l'émotion de sa maman mais aussi l'hostilité sournoise des hommes, car pour eux la femme devait être cantonnée à la gestion du foyer, de s'occuper à des tâches domestiques et des enfants. Pour cette adolescente devenue adulte, elle conclut "ce droit de vote a donné de la valeur aux femmes". Sans oublier que la préoccupation première c'était la situation précaire de beaucoup de famille réunionnaise, et de misère qui sévissaient partout sur l'Île dont la commune de St-Leu. Avec cette ordonance, une timide de changement de mentalité s'est opèrée malgré tout à travers ce droit.
Pourtant, la mémoire orale se souvienne encore de l'époque, de l'effervescence qui se régnait "dan zot kase en paille", le jour du vote en ce 27 mai 1945, "zot la mét son zoli rob' la messe po alé sin Lé voté. Lavé bonpé do moune sirtou bonpé fam' té i fé la ké, avan koule son biletin dan' bouat'. Lavé dé koulèr biletin dit-elle, lo blan koulèr ban' gro blan, lo rouze komimist". Souvan dèfoi i couve ti poule té i sort' ti kanard.... Kan i arriv' dépouyement bana té tin' la lanp pétrole ou byen té i bataye aprè lo vot i chang koulèr.... Zordi lé shoz la sangé ou lé pli lib, ou vot po sèt ou vé" ! Nombreuses sont celles qui remémorent ces souvenirs aussi précieux datant de 80 ans.
Malgré cette grande avancée, les femmes se resignaient encore et encore, à jouer un rôle de second plan pendant que les hommes faisaient la politique un domaine réservé qu'à eux. Très rares étaient les femmes devenues maires ou à d'autres fonctions électives.
Pire, en 1982, le Conseil constitutionnel censure une loi qui prévoyait un quota de 25% de femmes dans les listes des élections municipales estimant que le principe d’égalité devant la loi "s’oppose à toute division par catégories des électeurs et des éligibles".
Et, il a fallu attendre la loi N°2000-493 du 6 juin 2000 tendant à favoriser l'égal accès des femmes et des hommes aux et électives prévoyant une égalité obligatoire des candidatures pour les scrutins de liste.
- Encore du chemin à faire -
Si l'on dresse un bilan 80 années plus tard, on peut dire que la parité a fonctionné grâce à la loi, et qu'aujourd'hui malheureusement le constat est là, nous avons que 4 femmes élues maires sur les 24 communes, à St-Denis Mme Éricka Bareigts, Salazie Mme Sidoleine Papaya, St-Louis Mme Juliana M'Doihoma et la Possession Mme Vanessa Miranville. Nous avons une présidente de La Région en la personne de Mme Huguette Bello, deux députées sur sept Mme Karine Lebon et Mme Émeline K/Bidi et de trois sénatrices sur quatre Mme Audey Bélim, Evelyne Corbière et Viviane Malet...
Outre les politiques, l'occasion m'est donnée d'exprimer ici, des reconnaissances particulières à toutes les femmes aux foyers, aux femmes qui travaillent ou qui ont travaillé dans les champs de canne, particulièrement "ban' fam' ké la travay tabisman Stella, ban' fam' ké zot mari la travay dan' lizine, dan' la mézon dé mèts... par lesquels vos témoignages m'ont été aussi précieux et touchés, que je me suis nourri pour l'écrire de mon ouvrage dont les témoignages de ma maman et mon épouse ont été source d'inspiration et d'une richesse exceptionnelle, ainsi que quelques "zarboutan de lizine sikrièr de Stella " bien sûr. Je tiens d'ailleurs à réitérer mes remerciements les plus chaleureux à vous toutes et tous.
Je ferme cette parenthése, pour souligner malgré les avancées significatives des droits des femmes que nous ne pouvons nier, certes obtenues par des lois, je crois qu'il y a encore du chemin à faire pour parvenir à l'égalité réelle. Peut importe l'essentiel, c'est d'y croire !
Jean-Claude Comorassamy

J'adore cette phrase "ban' fam' ké la travay tabisman Stella, ban' fam' ké zot mari la travay dan' lizine, dan' la mézon dé mèts.." je pense à mamie qui n'est plus dans ce monde, qui a vécu dans une case tabisman.
Si vous avez un problème pour éditer, faites le en auto-édtion, La jongleuses d'histoires" peut vous accompagner de A à Z ( de la correction, mise en page, édition voire même de la publicité....) bien sur contre un tarif correct. La personne est très disponible, je vous la recommande.
Jean Claude, est-ce que ta maison d'édition est toujours fiable ? Je me pose la question, puisque tu nous a dit que le livre sortira en juin, alors qu'on arrive novembre. Tu sais que nous sommes nombreux au musée à attendre ton "ptit zarlor". Surtout l'hommage que tu fais aux nombreux "zarboutan "...Merci.
Avant tu travailles sans être déclaré. Super de rendre hommage aux femmes surtout aux femmes au foyer. Est-ce que votre livre se trouve déjà en librairie ? Ce matin je l'ai recherché à St Denis sans succès, non plus à l'ouest...merci de me renseigner.
Je suis très heureuse que pour une fois les "femmes au foyer" ont eu droit à un coup de projecteur . Après avoir élevé 10 enfants, éduquer, occuper le foyer, repas, linge, propreté de la maison...un emploi à 12 à 15 h par jour....Pas de retraite, notre travail n'a jamais été reconnu. Voilà la réalité mais la loi n'a rien fait, les élus non plus.
Toujours important de faire ce rappel historique surtout à l'approche des municipales de 2026. Huguette va en profiter pour soutenir ses "ban dalone". Les hommes n'ont aucune fierté à avoir puisque beaucoup n'étaient pas favorables à cette émancipation ! Voir le bilan aujourd'hui. Merci pour cette pensée aux femmes !