Le festival Koktèl Fonnkèr était organisé aux Seychelles ce mercredi 29 octobre 2025 dans le cadre du Festival Kréol. Pour cette 9ème édition, les organisateurs ont décidé de rendre hommage à Michel Ducasse, figure emblématique de la poésie mauricienne et reconnu pour avoir contribué à la reconnaissance du fonnkèr dans la région. C'est la Réunionnais Fabienne Damour a remporté le prix Michel Ducasse pour les fonnkèzèz. Une compétition qu'elle considère surtout comme un moment de partage entre îles.
"L'idée de ce festival, c'est de créer un partenariat et un échange avec les îles voisines autour de nos langues créoles", explique Fabienne Damour. Organisé par l'agence Komkifo, le festival créé des ponts entre les îles de la zone pour mettre en lèr les créoles de la région.
Alors que "Michel Ducasse traverse une période difficile, lui dédicacer un prix était une façon de lui envoyer de la force", dit la fonnkèzèz. " Michel Ducasse est un grand, c'est forcément un grand honneur de remporter un prix en son hommage", confie-t-elle.
Au-delà de ce prix, l'artiste retient surtout "un moment de rencontre avec des personnes qui partagent la même passion, la même envie de met nout lang kozé en lèr". Si "les créoles réunionnais, mauriciens, rodriguais et seychellois sont différents, ils restent similaires et c'est toujours intéressant de noter qu'on se comprend très bien, même si ça nous arrive de buter sur des mots".
"Ce festival, c'est un espace de partage, d'échanges, on se rend compte que le créole a toute sa place dans le monde. L'idée c'est de créer une force. Le créole n'est pas un patois, c'est une langue à part entière, parlée par des millions de personnes. C'est essentiel à rappeler à un moment où le créole réunionnais a été retiré du concours de l'agrégation des langues de France, c'est le moment de faire porter notre voix", estime Fabienne Damour.
C'est avec un texte portant sur le scandale des stérilisations et avortements forcés sous l'ère Michel Debré, "Morora", que Fabienne Damour a remporté la compétition. “Sa lé in bout nout listoir la rest dann fénoir tro lontan", dénonce-t-elle.
Ses textes tournent, de manière générale, autour de "sujets tabous", comme l'inceste, les violences intrafamiliales et les violences faites aux femmes. "Mi dénons sa in bonpé dann mon bann text, mi ékri dann la kolèr, dann la tristès."
Pour elle, le fonnkèr est un art essentiel. "Néna de plis an pli domoun la fine konpran linportans fonnkèr. Lo fonnkèr i détak la lang, i met nout lang an lèr", affirme l'artiste.
Les artistes présents au festival "se sont rassemblés autour d'un constat : on a peur de ce qui peut se passer pour notre langue, sur toutes les îles les institutions essaient de l'étouffer", dénonce Fabienne Damour. "Nout tout la anvi fé viv nout lang, nout kiltir."
Avec un constat, depuis La Réunion : "on a beaucoup à apprendre des Rodriguais et des Seychellois, où le créole est présent partout, dans les institutions, sur les panneaux…C'est traité comme une langue à part entière, pas comme à La Réunion".
Si elle souligne l'importance d'intégrer le créole dans les institutions, elle précise “sé nout dévoir osi, nout tout bann Rényoné". "I fo koz kréol partou, dann travay, la kaz, èk nout zanfan, èk nout zarboutan."
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