Les professionnels l'assurent, les images choquantes de maltraitance animale filmées dans un abattoir des Pyrénées Atlantique et diffusées mardi 29 mars n'auraient pas pu être tournées à La Réunion. Dans un communiqué envoyé vendredi 8 avril, la Préfecture affirme qu'à La Réunion, "aucune non-conformité au titre de la protection animale n'a donné lieu à l'établissement d'un procès-verbal d'infraction".
“Tous les abattoirs français font l’objet d’une inspection permanente”, assure la Préfecture dans son communiqué. Les abattoirs autorisés à pratiquer cette activité doivent disposer d'un agrément sanitaire et respecter “des règles très précises”, comme le confirme Guy Coré, directeur de la filière porc de l’abattoir de Saint-Pierre. Celles-ci sont pourtant les mêmes en métropole. Pourquoi les abattoirs Réunionnais seraient-ils donc épargnés par les pratiques dénoncées dans la vidéo?
Le gouvernement souhaite renforcer les contrôles sur les abattoirs. Pourtant, à Saint-Pierre, “tous les animaux (porcins et bovins) sont contrôlés tous les matins par les services vétérinaires”, assure Guy Coré. L’avantage qu’il met en avant à La Réunion est le petit nombre d’abattoirs sur l’île et le regroupement des abattoirs porcin et bovin sur le même lieu. “Au lieu d’avoir 7 ou 8 abattoirs sur toute l’île, comme il y a 25 ans, on a concentré les deux à côté. Du coup, les services vétérinaires ont leurs locaux sur place. Dès qu’ils détectent une anomalie, ils saisissent la viande abattue. S’il y a une grève des services vétérinaires, l’abattoir ne peut pas fonctionner.”
“En plus de l’agrément CE, notre abattoir est également agréé Iso 9000 et Iso 50 001 et en respecte toute les normes, insiste Guy Coré. Ces agréments ne sont pas obligatoires mais nous avons fait cet effort. Et pour qu’ils soient renouvelés tous les ans, nous sommes régulièrement contrôlés. Il y a un audit, des professionnels viennent sur le site et restent d’une journée à une semaine, ils s’entretiennent avec le personnel et s’assurent que tout le monde respecte bien les règles.”
"Pas de cadences infernales"
Selon le directeur de la filière porc, les risques de dérives individuelles sont limitées à la Réunion. ”Les salariés qui travaillent à l’abattoir sont contents d’être là, de ne pas être au chômage, alors qu’en métropole, la main-d’oeuvre tourne vite, note-t-il. Les gens sont bien formés aux techniques et au bien-être animal et puis ils ne connaissent pas de cadences infernales comme c’est le cas dans certains abattoirs en métropole ou ailleurs.”
“Nous sommes conscients que mieux l’animal sera abattu, meilleure la viande sera”, poursuit Guy Coré qui revendique disposer des meilleures techniques d’abattage disponibles sur le marché. Achetés en 1992, les locaux ont été rénovés en avril 2015. “Nous avons changé toutes les machines, tous les postes de travail ont été renouvelés et cela va dans le sens du bien-être animal et d’une amélioration des aspects sanitaires”, affirme Guy Coré.
Le professionnel explique le déroulé de l’opération. “Lorsqu’ils arrivent à l’abattoir, les animaux ont un moment de repos où ils peuvent boire de l’eau. Ils passent ensuite sur la chaîne où ils sont accompagnés par un ouvrier. Devant l’appareil, on place des petites électrodes sur l’animal qui va s’endormir. Ca le touche au niveau du cerveau, c’est instantané, le coeur s’arrête avant que l’animal ne se réveille.”
Des aides européennes destinées à la filière ultra-marine
Pour ce professionnel, les travaux et investissements ont pu être réalisés ici à La Réunion grâce aux aides européennes “accessibles dans les Dom mais pas en métropole”. Le nouveau Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) est effectivement mis en place sur la période 2014 / 2020 et permet d’assurer les professionnels ultra-marins sur les prochaines années. “D’autant qu’à la Réunion, la filière de production arrive encore à survivre malgré la crise en Europe”, note encore Guy Coré. La moitié de la consommation de porcs de l’île est en effet produite directement sur place.
Frédéric Froment, directeur de l’abattoir Evolis consacré aux volailles et situé à l’Etang Salé, assure lui aussi que de tels actes de cruautés diffusés dans la vidéo “ne peuvent pas arriver chez nous”. Il met en avant les “contrôles réguliers des services de l’Etat.” S’il ne peut dire quand les derniers ont eu lieu, il assure que, dans son entreprise, “on note tout ce qu’il se passe”. Le directeur affirme lui aussi disposer d’”un abattoir ultra moderne ouvert il y a un an” respectueux des animaux. “Cette vidéo fait le buzz parce que c’est horrible mais cela reste un événement local, très limité, je pense même au sein de l’entreprise mise en cause. Dans toute ma carrière, je n’ai jamais vu ça”, ajoute-t-il.
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