Les filiÚres de la production locale et le préfet de La Réunion, Dominique Sorain, ont présenté ce lundi 29 février la liste des 107 produits sélectionnés pour le Bouclier Qualité/Prix de 2016. Le dispositif, qui existe pour la quatriÚme année, a pour objectif de lutter contre la vie chÚre, tout en proposant des produits de qualité et en privilégiant les produits locaux (qui représentent 48% de la liste de produits en 2016 contre 47% en 2015). Un équilibre à trouver entre les différents acteurs : grande distribution, producteurs locaux, importateurs etc. Frédéric Auché de l'Association pour le développement industriel de la Réunion (Adir) témoigne de sa "prudente satisfaction" envers le dispositif, indiquant que la guerre des prix risque d'atteindre prochainement ses limites.
Vous avez émis quelques réserves vis-à -vis du Bouclier Qualité/Prix (BQP), expliquez-nous...
FrĂ©dĂ©ric AuchĂ©: Il ne s'agit pas de rĂ©serves. On sâaperçoit quâau bout dâun certain nombre d'annĂ©es, les volumes ne progressent plus. Les objectifs du BQP, qui Ă©taient dâavoir de meilleurs prix mais aussi dâavoir une meilleure visibilitĂ© et plus de volumes pour la production locale, ont Ă©tĂ© atteints mais, aujourd'hui, on ne va pas plus loin au niveau des volumes.
Nous sommes pourtant prĂ©sents dans une grande partie de la grande distribution de la RĂ©union qui participe au dispositif, mais au bout de 2, 3 voire 4 ans, les volumes ne peuvent progresser quâen fonction de la progression naturelle de la population.
S'agit-il toujours des mĂȘmes produits d'une annĂ©e sur l'autre? Le changement pourrait apporter davantage de visibilitĂ© et de ventes sur de nouveaux produits...
Cette annĂ©e, nous nâavons pas changĂ© mais nous avons rajoutĂ© des produits. Ce qui est important, ce nâest pas seulement le prix, câest aussi lâoffre. Il faut augmenter lâoffre, ce que nous avons fait. Les produits qui sont dans le BQP avaient, au dĂ©part, Ă©tĂ© demandĂ©s (âdes unitĂ©s de besoinâ). Nous avons rĂ©pondu Ă des attentes des consommateurs et de la grande distribution.
Avec cette hausse des volumes attendue par les producteurs et les baisses de prix prévues par le dispositif, les petites entreprises s'y retrouvent-t-elles?
Petites et moyennes entreprises ne peuvent pas continuer sur le long terme Ă mener une guerre des prix. Ce nâest pas possible. Nos intrants augmentent : il s'agit des matiĂšres premiĂšres, des coĂ»ts dâemballage, de lâĂ©lectricitĂ©, des salaires... tout ce qui rentre dans le coĂ»t de la fabrication des produits. Tout cela revient plus cher, soit par lâaugmentation des prix internationaux (notamment pour les matiĂšres premiĂšres), soit par lâaugmentation naturelle des prix ici Ă la RĂ©union.
Au bout dâun certain temps, une petite entreprise ne peut pas faire face. Comment voulez-vous quâelle vende moins cher et paye plus cher ce qui rentre dans la conception de ses produits? Elle va rĂ©duire sa marge et au bout dâun certain temps, elle nâaura plus assez pour vivre. Baisser les marges si, en plus, les volumes ne sont pas prĂ©sents, câest effectivement dangereux. Ce quâil faut, Ă mon avis, câest trouver dâautres offres qui permettent de mettre moins en danger les petites entreprises.
Peut-on dire que nous arrivons aujourd'hui Ă une limite, Ă un essouflement du dispositif BQP?
Câest un dispositif qui a Ă©tĂ© mis en place par lâEtat et les acteurs que nous sommes avons rĂ©pondu positivement Ă sa sollicitation. C'est dans le collectif que nous dĂ©terminerons ce que ce dispositif sera demain et son Ă©volution. Câest Ă lâEtat de voir ce que nous pourrons faire demain avec de nouvelles pistes, de nouvelles orientations, un nouveau dispositif. Pour le moment, nous n'avons pas encore rĂ©flĂ©chi collectivement Ă de nouvelles pistes mais nous allons surement en apporter dans lâannĂ©e qui vient.
On resterait sur une liste de produits issus Ă 50% de lâimportation et Ă 50% de la production locale?
En tant quâindustriel local, je souhaiterais que la production locale soit bien plus importante de maniĂšre gĂ©nĂ©rale. La production locale investit dans les usines, dans des bĂątiments, dans des process... elle investit donc dans de la recherche et du developpement et tout ça reprĂ©sente beaucoup de salariĂ©s. Câest lâavenir de l'activitĂ© industrielle de la RĂ©union Ă mon sens. Il faut vraiment continuer Ă travailler sur cette question parce que, Ă l'avenir, on nâaura pas dâautre possibilitĂ© que de crĂ©er de lâemploi Ă la RĂ©union.
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