Ces dernières années, les pharmacies et hôpitaux français se trouvent de plus en plus fréquemment confrontés à des pénuries de certains médicaments. Une situation que ne connaît pas La Réunion, en raison de réserves plus importantes du fait de son éloignement. Les ruptures de stocks peuvent en revanche impacter l'île, qui pourrait également connaître des soucis sanitaires en cas de problèmes d'approvisionnement prolongés.
Difficultés industrielles, contraintes de fabrication, problèmes d’approvisionnement... : en métropole, les médicaments manquants dans les rayons des pharmacies ou dans les hôpitaux sont de plus en plus nombreux. Au 30 octobre 2013, 200 dossiers de ruptures de stocks étaient ainsi répertoriés à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), soit cinq fois plus qu’il y a cinq ans, indique Le Monde. Une situation problématique qui peut également se produire à La Réunion, même si celle-ci se trouve davantage préservée du fait de son éloignement.
"Les fabricants distribuent tout le territoire français sans différenciation, donc on peut avoir les mêmes soucis qu’en métropole, mais en théorie La Réunion possède des stocks supérieurs qui permettent d’être à l’abri", explique Jean-Yves Peron, pharmacien à l’Agence régionale de santé (ARS).
Sur l’île, il existe en effet trois grossistes-répartiteurs – la CERP Réunion SIPR, la Soredip et le groupe Pharmar – ayant une obligation de service public et possédant des stocks largement supérieurs à ceux de la métropole. "Il peut y avoir des ruptures, mais l’an dernier, on comptait seulement 1,75 % de lignes manquantes", indique Emmanuel Loupy, PDG de la CERP Réunion SIPR. "Ici, on a environ 2 à 3 mois de stocks, contre seulement 15 jours en métropole", complète-t-on à la Soredip.
Il y a quelques mois, La Réunion a toutefois dû faire face à certains manques concernant le Lévothyrox, médicament utilisé dans le traitement des pathologies thyroïdiennes. "Il s’agissait d’une rupture due au laboratoire. La Réunion a été touchée, mais plus tard que la métropole, car tout le monde avait sur-stocké", précise le pharmacien de la Soredip. "A l’origine, il n’y avait pas de rupture de stock de Lévothyrox à La Réunion, mais il a suffi d’un effet d’annonce pour que les pharmaciens se précipitent vers nous. C’était le premier arrivé, le premier servi, donc ensuite il y a eu des manques", complète Emmanuel Loupy.
La Réunion préservée, mais plus exposée
Préservée des pénuries par l’importance de ses stocks, La Réunion peut donc occasionnellement connaître des ruptures de certains produits. De plus, son éloignement et son insularité peuvent également lui causer des soucis. "Dans les DOM, nous sommes préservés mais aussi plus exposés", souligne le PDG de la CERP Réunion SIPR.
Il détaille : "Nous sommes à la merci des gouvernants qui pourraient mettre en concurrence les canaux de distribution, les grossistes comme nous qui ont l’obligation de service public et les dépositaires qui eux peuvent optimiser leur logistique. Les stocks sont corrélés à nos ventes, donc si nos vents baissent, nos stocks baissent et la sécurité sanitaire peut être menacée..."
Les autres soucis peuvent être liés aux problèmes d’approvisionnement, en raison "des aléas climatiques, sociaux voire géopolitiques", prévient Emmanuel Loupy. "On a eu quelques alertes avec la grève du Port au mois de mai", enchaîne le pharmacien de la Soredip. "On a frôlé la rupture au bout de trois semaines de blocage. On a fait venir beaucoup de médicaments par avion, mais cela coûte cher et un avion est vite saturé", souligne-t-il, ajoutant : "Si demain il n’y a plus d’avions, ça sera un vrai souci. Dans ce cas-là, on pourrait être confronté à des pénuries. Mais aujourd’hui, on connaît seulement quelques ruptures liées aux fabricants."
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