AprĂšs l'attaque d'un requin sur un surfeur de 39 ans ce dimanche 5 aoĂ»t 2012 sur le spot de Saint-Leu, l'inquiĂ©tude rĂšgne chez les usagers de la mer. Ce lundi 6 aoĂ»t 2012, le spot est dĂ©sertĂ©, mais surfeurs et pĂȘcheurs saint-leusiens sont bien prĂ©sents aux abords de la mer. La colĂšre est vive et les interrogations nombreuses. Chacun espĂšre que des solutions seront rapidement trouvĂ©es pour que requins et usagers de la mer puissent cohabiter.
"De mĂ©moire de Saint-Leusien, on n'a jamais vu ça", avoue Georges Rocrou, pĂȘcheur. "Pourquoi le requin est devenu aussi mĂ©chant ?", s'interroge-t-il. "J'ai toujours pĂȘchĂ©, de jour, de nuit, il y a toujours eu des requins autour de mon canot. Ils sont parfois agressifs, mais il suffit de leur faire peur, et ils s'en vont. Il n'y a jamais eu d'attaques", explique-t-il."Si les requins attaquent, c'est qu'il se passe quelque chose, et il faut savoir ce que c'est", estime pour sa part Marie-France Gibralta, fille et petite-fille de pĂȘcheurs. "Le requin est sur son territoire, mais jusqu'Ă prĂ©sent, tout le monde cohabitait. Les requins Ă©taient au large, les surfeurs et pĂȘcheurs aussi, et ça se passait bien", ajoute-t-elle. "Nous, on n'est pas contre la rĂ©serve marine, mais c'est vrai que depuis ça, il y a un problĂšme", indique Marie-France Gibralta.
Georges Rocrou souligne aussi que "la pose des filets était autorisée avant", et qu'elle permettait d'éloigner les requins. "Maintenant, depuis la réserve marine, on a interdiction de poser des filets", précise-t-il.
Quant Ă savoir s'il ne faudrait pas interdire les activitĂ©s nautiques pour limiter le risque requin, le pĂȘcheur demande ouvertement : "Depuis quand on va interdire les gens de faire leurs loisirs ? Quand il y a un accident en montagne, ou sur la route, est-ce qu'on interdit aux gens de pratiquer leurs activitĂ©s ?".
Par ailleurs, il fait remarquer que "les surfeurs n'embĂȘtent personne" et qu'ils sont "les premiers Ă respecter l'environnement". "Les requins non plus n'embĂȘtent personne. Il faut juste trouver une solution pour que tout le monde cohabite", ajoute Marie-France Gibralta, Ă ses cĂŽtĂ©s.
A quelques mĂštres d'eux, un groupe de surfeurs est prĂ©sent. La colĂšre est vive de ce cĂŽtĂ©. Pour Robert, "il faut arrĂȘter de dire n'importe quoi". "Certains disent que Fabien (le surfeur qui s'est fait attaquer ce dimanche - ndlr) est un touriste. C'est faux. C'est un marmaille la kour", dit Robert. Lui qui a fait de la pĂȘche sous-marine souligne : "Le requin n'est pas bĂȘte. Si on autorisait la pĂȘche sous-marine, le squale prendrait peur et ne reviendrait plus, il irait au loin, ça se passait comme ça avant".
Gilbert, surfeur, estime lui qu'avec la rĂ©serve marine, "on a installĂ© une cantine pour requins". "On a ouvert la porte aux requins, on les a rapprochĂ© de la zone de pĂȘche, du bord et de nous", dit-il. A ses cĂŽtĂ©s, Mathieu, Ă©galement surfeur, rappelle que "La RĂ©union est la rĂ©gion du monde oĂč les attaques de requins sont les plus nombreuses". "Mais on n'a aucune protection", dit-il, amer. "C'est comme si on n'existait pas", ajoute-t-il, en ayant une pensĂ©e particuliĂšre pour Fabien Bujon. "On le connaĂźt depuis trente ans, ça nous fait mal ce qui lui est arrivĂ©", confie-t-il.
Mathieu ajoute que "les requins ne venaient jamais chasser ici avant". Robert indique lui avoir vu "un gros requin bouledogue Ă 10 mĂštres du rivage il y a quelques jours". "Il est temps que le prĂ©fet et l'Etat prennent leurs responsabilitĂ©s", dit-il, un brin exaspĂ©rĂ©. "Moi, demain, je suis prĂȘt Ă aller pĂȘcher. Le prĂ©fet s'Ă©tait engagĂ© Ă nous consulter la semaine derniĂšre, il ne l'a jamais fait", prĂ©cise-t-il. "On n'est que des petits pĂȘcheurs, des petits surfeurs, on fait rien pour nous, c'est comme si on n'avait pas d'importance. Si on Ă©tait des personnalitĂ©s importantes, on aurait forcĂ©ment bougĂ©", poursuit Robert.
ColÚre, interrogations, amertume, inquiétude, voilà les sentiments qui priment chez les usagers de la mer ce lundi. Pour rappel, ce dimanche 5 août 2012, Fabien Bujon, un Saint-Leusien de 39 ans, a été attaqué par un requin alors qu'il surfait en fin d'aprÚs-midi. Le squale lui a arraché la main et le pied droits. L'homme est actuellement au service réanimation de l'hÎpital de Saint-Pierre.
C'est la premiÚre fois qu'une attaque de requin a lieu à Saint-Leu. Elle intervient deux semaines aprÚs le décÚs d'Alexandre Rassiga, un surfeur de 21 ans, tué par un squale alors qu'il surfait sur le spot de Trois Bassins.

