Lecornu ne convainc pas les maires sur le budget et la décentralisation

  • PubliĂ© le 21 novembre 2025 Ă  11:14
  • ActualisĂ© le 21 novembre 2025 Ă  15:05
Le Premier ministre Sébastien Lecornu au 107e congrÚs de l'Association des maires de France (AMF), à Paris, le 20 novembre 2025 ( POOL / Bertrand GUAY )

Sébastien Lecornu n'a pas convaincu les maires jeudi, en restant trÚs vague sur le budget, dans un contexte politique incertain, et sans détailler son projet de décentralisation, deux sujets sur lesquels il était pourtant trÚs attendu.

À quatre mois des Ă©lections municipales, le Premier ministre, qui a dĂ©jĂ  lĂąchĂ© du lest aux rĂ©gions et aux dĂ©partements, est restĂ© flou sur l'Ă©tau financier dont se plaignent les maires, qui Ă©taient rĂ©unis pour leur 107e congrĂšs Ă  Paris de mardi Ă  jeudi.

Il a juste annoncé étudier l'idée d'une prime "régalienne" de 500 euros par an pour chaque édile afin de "sécuriser" les actes qu'ils prennent.

Les maires sont vent debout contre leur mise Ă  contribution de 4,7 milliards d'euros dans le prochain budget, soit deux fois plus que l'an dernier. La facture monterait mĂȘme Ă  7,5 milliards, selon l'Association des maires de France.

Le Premier ministre a dit à cet égard qu'il allait travailler avec le Sénat à des "solutions", sans plus de précision.

Sur le projet de décentralisation que le locataire de Matignon et ancien maire de Vernon, dans l'Eure, doit présenter en décembre, il a notamment annoncé quelques mesures de simplification.

Sébastien Lecornu a dit qu'il prendrait un "méga décret" d'ici Noël pour "élaguer" une trentaine de normes "complÚtement surréalistes" comme l'obligation annuelle de vidange des piscines municipales. Il prévoit d'en supprimer encore 70 "entre janvier et février".

- "Angles morts" -

Mais il n'a pas détaillé le futur projet de loi qui vise à "renforcer le pouvoir local" en clarifiant les compétences entre l'Etat et les différentes collectivités.

Le président l'Association des maires de France (AMF) David Lisnard (LR) a dit ne plus croire à une présentation de ce texte en Conseil des ministres avant Noël.

Il a dĂ©noncĂ© "deux angles morts" dans le discours de M. Lecornu, d'une part sur le "champ" de cette dĂ©centralisation, mĂȘme s'il a saluĂ© des "mesures d'ajustement immĂ©diat", et d'autre part sur les finances publiques.

Le numéro deux de l'AMF, André Laignel (PS), a regretté le "vide sidéral" des propos de M. Lecornu. Les congressistes "ont exprimé leurs difficultés, leurs attentes, et sur aucun des sujets, il n'y a une réponse sérieuse à hauteur de la situation", a-t-il dit à la presse.

L'AMF, qui fédÚre la quasi-totalité des quelque 35.000 communes du pays, milite depuis toujours pour un renforcement des pouvoirs locaux, aprÚs la suppression de presque tous les leviers fiscaux propres aux communes.

David Lisnard demandait notamment que les maires puissent disposer d'un pouvoir réglementaire local qui "oxygÚnerait tout", selon lui. En gage de bonne foi, l'AMF réclame un moratoire sur "toutes les contraintes nouvelles s'appliquant aux collectivités".

Le chef du gouvernement envisage toutefois de "mettre sur la table" le principe de subsidiarité réclamé par l'AMF, par lequel une politique est mise en oeuvre par la collectivité la plus directement concernée, pour "réhabiliter la proximité". Il a aussi promis une "grande clarification" de certaines politiques publiques comme le logement.

- "Désordre politique" -

Le maire de Cannes (Alpes-maritimes) Ă©tait sans illusion avant d'accueillir le Premier ministre. "Dans un contexte oĂč l'État est totalement affamĂ© financiĂšrement, oĂč il n'y a pas de majoritĂ© parlementaire, oĂč il n'y a pas une immense lisibilitĂ© dans les travaux gouvernementaux et de l'AssemblĂ©e nationale, quelle peut ĂȘtre une ambition de rĂ©organisation profonde des pouvoirs publics ?".

MĂȘme s'il reconnaĂźt que SĂ©bastien Lecornu, Ă©lu local et issu du mĂȘme parti que lui, "connait nos rĂ©alitĂ©s".

Le locataire de Matignon a salué "l'impulsion" donnée par les maires à la lutte contre le narcotrafic, devenu un thÚme majeur de la campagne des municipales, et sur lequel il a annoncé l'organisation prochaine d'un débat à l'Assemblée nationale.

C'est "un combat qui va durer, sur lequel il va falloir s'adapter, adapter les moyens de l'État Ă  la rĂ©ponse locale face Ă  un adversaire qui lui, est en train de muter", a dit le chef du gouvernement.

Le Premier ministre a fustigĂ© au passage le "dĂ©sordre politique" au Parlement, rĂ©itĂ©rant sa volontĂ© de "sauver la dĂ©mocratie reprĂ©sentative" et de "faire en sorte qu'un chemin de compromis puisse ĂȘtre trouvĂ©" sur le budget.

"Parce que je ne vois pas beaucoup de bonnes nouvelles pour le pays" ou les collectivités locales "issu du désordre politique", a-t-il affirmé. 

AFP

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