Ce mercredi 1er octobre 2025, le tribunal correctionnel de Saint-Denis a jugé en comparution immédiate Styvene C., né en 2006. Le jeune homme était poursuivi pour deux agressions commises contre son père, la première en février et la seconde en juin dernier. Il a ainsi porté un coup de couteau entre les deux yeux de son père. Atteint de troubles psychiatriques, il a reconnu avoir voulu se venger d’un passé familial violent (Photo RB/www.imazpress.com)
À la barre du tribunal correctionnel de Saint-Denis ce mercredi 1er octobre 2025 , Styvene C. apparaît impressionnant par sa taille et sa carrure, mais son visage garde les traits d’un adolescent.
Né en 2006, il a grandi dans une enfance marquée par la séparation d’avec ses sœurs et un placement en famille d’accueil dès l’âge de trois ans. Ses parents souffraient de troubles schizophréniques.
Lui-même a été reconnu porteur d’une maladie psychiatrique, avec un handicap évalué à 50 %. Suivi par des éducateurs, il affirme entendre des voix et juger inefficaces les traitements médicamenteux. Plusieurs semaines avant les faits pour lesquels il est jugé, ses éducateurs avaient alerté sur la violence de son discours à l’encontre de son père.
Le premier épisode de violences remonte à la Saint-Valentin 2025. Devant un ami, dans le quartier du Chaudron, le jeune homme frappe son père à coups de poing. À l’audience, il explique que ces coups ne lui avaient pas semblé suffisants. Selon lui, il voulait que son père garde des traces visibles de l’agression.
- Une agression bien plus grave en juin -
Le 19 juin 2025, les faits prennent une tournure dramatique. Ce jour-là, en début d’après-midi, les policiers interviennent après une alerte donnée par la mère du prévenu. Ils découvrent un homme blessé au visage. Ce n’est que le lendemain, au commissariat, que la victime révèle être le père de Styvene C.
La veille, il avait reçu un coup violent à la tête puis un second au front, entre les deux yeux, porté avec un objet tranchant. À l’hôpital, les médecins extraient un fragment de lame coincé dans sa peau. Le couteau, retrouvé plus tard, présentait la pointe cassée.
En garde à vue, le jeune homme ne nie rien. Il raconte avoir trouvé le couteau deux jours plus tôt et l’avoir utilisé volontairement. Il confie avoir voulu viser l’œil de son père et "enfoncer la lame jusqu’au fond". Sa motivation, répète-t-il, était la vengeance : se venger "de ce criminel" qui, selon lui, l’avait maltraité étant enfant et conduit au placement en famille d’accueil.
- Une volonté de vengeance -
Dès les premières heures de sa garde à vue, Styvene C. semble "déconnecté de la réalité". Les enquêteurs ordonnent une expertise psychiatrique. Déclaré incompatible avec la garde à vue, il est hospitalisé à l’EPSMR avant d’être réentendu.
Les expertises successives soulignent des troubles de la personnalité, une dangerosité criminologique, mais aussi une altération du discernement au moment des faits. L’absence d’empathie et la froideur affective décrites par les médecins renforcent le constat d’un comportement à risque.
Ce mercredi, à l’audience, le jeune majeur confirme sa volonté initiale : il voulait "tuer son père". Mais il ajoute regretter de l’avoir blessé et remet à la présidente une lettre.
Dans ce texte, il dit vouloir "repartir du bon pied", changer de vie et même changer de nom. Son père, absent de la salle, a fait savoir par l’intermédiaire de son avocat, Me Yannick Carlet, qu’il vit désormais dans la peur et demande surtout que son fils soit suivi et soigné.
Le parquet requiert 12 mois d’emprisonnement dont 8 avec sursis probatoire renforcé. La peine s’accompagne de soins psychiatriques obligatoires, d’une interdiction de contact et de paraître au domicile du père.
L’avocate du prévenu, Me Catherine Moissonnier, plaide pour une peine mixte qui combine sanction et suivi médical. Le tribunal a finalement suivi les réquisitions du parquet et a retenu l'altération du discernement.
La peine est assortie d'un maintien en détention.
is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Il n’y a plus de place en psychiatrie alors on les met en prison