Tribune libre de Cyrille Melchior

19 mars, un chemin, un destin

  • PubliĂ© le 19 mars 2024 Ă  09:36
  • ActualisĂ© le 19 mars 2024 Ă  09:51
Cyrille MELCHIOR

En ce 19 mars 2024, nous cĂ©lĂ©brons deux anniversaires marquants pour l’histoire de La RĂ©union. D’une part, nous cĂ©lĂ©brons le 231e anniversaire du changement de nom de l’üle Bourbon, devenue Ăźle de La RĂ©union, par dĂ©cret en date du 19 mars 1793. Si l’origine de son nom est politique, en rĂ©fĂ©rence Ă  « la rĂ©union des Ă©tats gĂ©nĂ©raux », personne ne doutait que son nom illustrerait Ă  merveille la destinĂ©e de cette Ăźle monde, au confluent des continents, territoire de brassage et de mĂ©tissage des cultures de tous les horizons, exemplaire aux yeux de la planĂšte dans un contexte oĂč les conflits embrasent notre monde (Photo : rb/www.imazpress.com)

La RĂ©union est un territoire de bien vivre ensemble que le peuple rĂ©unionnais s’est attachĂ© au fil de son histoire Ă  forger et Ă  faire prospĂ©rer, comme une lumiĂšre Ă©clairant la lanterne de notre destinĂ©e, celle d’un territoire de libertĂ©, d’égalitĂ©, et de fraternitĂ©. Cette devise rĂ©publicaine qui apparaĂźt sur le fronton de nos mairies a pris un sens tout particulier le 19 mars 1946, avec la dĂ©partementalisation obtenue sous l’impulsion de nos dĂ©putĂ©s Raymond VergĂšs et LĂ©on de Lepervanche qui ont portĂ© cette loi fondatrice de la destinĂ©e rĂ©unionnaise.

Ce nouveau statut offrait Ă  notre territoire une nouvelle organisation institutionnelle oĂč la dĂ©concentration, puis la dĂ©centralisation prenaient pleinement effet un peu plus tard en 1982. Il donnait surtout le coup d’envoi d’un plan de rattrapage sans prĂ©cĂ©dent. En effet, La RĂ©union a connu un dĂ©veloppement fulgurant au cours de ces 78 derniĂšres annĂ©es dans bien des domaines : la santĂ©, l’éducation, les infrastructures, la rĂ©sorption de l’habitat insalubre, l’égalitĂ© sociale, le dĂ©veloppement Ă©conomique, la promotion de la culture et du sport, l’ouverture sur l’Europe et l’ocĂ©an Indien, la prise en compte de la dimension environnementale et Ă©cologique
 La RĂ©union a fait, en quelques dĂ©cennies, des pas de gĂ©ant sous l’impulsion de personnalitĂ©s visionnaires et audacieuses, parmi lesquelles figurent notamment Michel DebrĂ©, Raymond Barre, Pierre Lagourgue, Paul VergĂšs, Louis et Jean‑Paul VirapoullĂ© ou encore Wilfrid Bertile. Tous, Ă  des niveaux divers, ont su porter ou portent encore, au‑delĂ  des clivages politiques, le dĂ©veloppement de La RĂ©union, son ancrage indianocĂ©anique et indopacifique, ainsi que sa pleine appartenance Ă  la France et Ă  l’Union europĂ©enne en qualitĂ© de rĂ©gion ultrapĂ©riphĂ©rique.

Ces progrĂšs ne doivent nĂ©anmoins pas occulter nos handicaps structurels. L’actualitĂ© dĂ©montre avec acuitĂ© combien notre territoire est malheureusement en proie Ă  des fragilitĂ©s qui freinent son dĂ©veloppement et l’épanouissement des populations. À commencer par la chertĂ© de la vie qui, dans un contexte inflationniste, est plus que jamais un combat Ă  mener pour amĂ©liorer les leviers d’action, en travaillant sur des dossiers cruciaux tels que celui de la transparence sur la constitution des prix ou l’adaptation des normes nationales et europĂ©ennes aux rĂ©alitĂ©s locales.

Je pense aussi à la question du logement qui inquiète nos concitoyens mais aussi les professionnels du BTP dans un contexte de ralentissement des constructions, cela, alors que plus 40 000 demandes de logements sont en instance dans le parc social.

L’éducation de nos enfants est et doit rester également la mère des batailles afin de les préparer à être les citoyens de demain, mais aussi à porter l’excellence réunionnaise le plus loin possible.

L’expression la plus marquante de La Réunion des talents se retrouve à travers le sport où excelle sa jeunesse qui se prépare activement au grand rendez‐vous des Jeux olympiques et paralympiques de Paris. Elle rayonne aussi par sa richesse culturelle héritée de notre histoire et de notre peuplement.

La valeur d’une société se mesure aussi à la manière dont elle prend soin de ses aînés. À l’heure de l’accélération du vieillissement de la population réunionnaise, cet enjeu est plus que jamais d’actualité et exige de nous des réponses immédiates et ambitieuses.

C’est tout le sens du plan départemental d’évolution de l’offre qui a vocation à amplifier la dotation du territoire en structures médico‐ sociales pour mieux accompagner le vieillissement, le handicap, et la dépendance. Ce projet sera adossé à un partenariat renforcé avec les communes, dans le cadre de la troisième génération du Pacte de solidarité territoriale, visant à mieux équiper les territoires en structures d’accueil et de prise en charge.

Le désenclavement de notre île demeure aussi un sujet particulièrement important, à travers une compagnie régionale forte et compétitive, tout comme celui de la préservation d’une presse libre et plurielle qui, telle une boussole, donne le pouls de l’opinion publique et permet aux responsables politiques que nous sommes de choisir le meilleur cap pour notre île.

Comment ne pas évoquer le défi du changement climatique et de la transition écologique alors que notre territoire, et tout particulièrement nos agriculteurs, se relèvent difficilement des conséquences du cyclone Belal. Nous devons prendre à bras le corps cette problématique si nous voulons être au rendez‐vous de ce siècle et amener notre territoire vers davantage d’autonomie alimentaire.

78 ans après la départementalisation, si les progrès apportés sont indéniables, les défis à surmonter sont immenses.

Comme le Général de Gaulle, j’ai envie de dire en ce 19 mars 2024, que j’ai une « confiance inébranlable dans le destin » de La Réunion, grâce à notre capacité à bien travailler ensemble, pour bâtir un territoire résilient, exemplaire et solidaire, une terre d’humanité et de bienveillance.

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