Réactions après le rapport du Sénat

Continuité territoriale : "l'État doit prendre ses responsabilités"

  • Publié le 31 mars 2023 à 14:20
  • Actualisé le 2 avril 2023 à 07:21

Publié ce jeudi 30 mars 2023, le rapport du sénat sur "la discontinuité territoriale" dont souffrent les Outre-mer n'a pas tardé à provoquer des réactions. Toutes vont dans le sens des remarques émises par les sénateurs : "les différences colossales entre les moyens (de l'Etat) mis à disposition de la Corse et ceux des outre-mer" ne sont ni justifiées ni acceptées. Pour rappel en moyenne "l’aide à la continuité territoriale s’élève à 257 euros par an en Corse et par habitant contre 16 euros pour les outre-mer" notent les rapporteurs avant de commenter : "l’équité, l’égalité des chances et l’indivisibilité de la République sont en jeu" (Photo rb/www.imazpress.com)

Vendredi matin, réunie sous la présidence d'Huguette Bello, la commission permanente de la Région a demandé que "le gouvernement se saisisse du rapport sénatorial. sur la continuité territoriale et en tire toutes les conséquences".

Lire aussi - Le Sénat alerte sur la "discontinuité territoriale" : 257 euros par habitant pour la Corse, 16 euros pour les Outre-mer

"Ce rapport dresse très bien le constat et permet de rendre objectif ce qu’il se passe dans notre territoire" se réjouit pour sa part le député LFI Perceval Gaillard, "257 euros pour la Corse et 16 euros pour les Outre-mer c’est un écart énorme", s’insurge-t-il ensuite. "Pourquoi une telle différence à l’intérieur même de notre pays ? Qu’est-ce qui justifie que l’on dépense 20 à 30 fois plus pour un Corse que pour un Réunionnais" ajoute-t-il.

"Et puis en France l’enveloppe globale pour la continuité est de 100 millions alors qu’en Espagne elle est de 800 millions", compare le député Insoumis pour qui "l'Etat doit prendre ses responsabilités"

Perceval Gaillard poursuit "la continuité c’est une condition de notre intégration à la République, une continuité dans les liens entre nos territoires et dans notre rayonnement. L’État n’assume pas totalement sa compétence en la matière".

Le député se félicite que ce rapport sénatorial contienne des propositions suggérées par les députés de la Nupes notamment concernant le plafonnement du prix des billets d'avion, le barème des aides et la prise en charge de la continuité funéraire.

"Ce rapport sénatorial confirme nos alertes récurrentes depuis plusieurs années", lance Philippe Naillet. "La continuité territoriale est une compétence de l'État qui a délégué à la compagnie Air France la responsabilité d'assurer ce service public. Si la participation de LADOM est en hausse pour les billets des Ultramarins, son sous financement chronique ne permet pas une pleine efficacité", ajoute-t-il.

"La continuité territoriale ne peut pourtant pas se suffire à des aides. L'encadrement des prix des billets d'avion est une  proposition que nous défendons également, comme le sont les produits de première nécessité dans le cadre du Bouclier Qualité Prix."

"Les compagnies aériennes doivent également contribuer à la régulation des prix en corrigeant leur mode de calcul des prix sur l'année. Il n'est pas normal d'avoir autant d'écart selon la période", conclut-il.

Jean-Hugues Ratenon, député, a lui aussi réagit. "Ce rapport confirme aussi le sentiment d’abandon des Ultramarins par l’exécutif et ce depuis des dizaines d’années."

Ce rapport sénatorial fait un constat que l'on connait déjà tous : les citoyens ultramarins n'ont pas les mêmes droits à la mobilité", déclare le député Frédéric Maillot. "La continuité territoriale pour nos territoires ultramarins doit être une forme de justice sociale, une équité, notamment pour les pauvres et la jeunesse pour lutter contre la précarisation à la mobilité."

"Très concrètement, pour un réunionnais, le gouvernement consacre 16 euros par an alors même que les citoyens corses bénéficient de 257 euros par an. C'est une inégalité aberrante, une injustice de plus, qu'il convient de corriger !", s'insurge-t-il.
"En sachant que 39% de notre population vit en-dessous du seuil de pauvreté, le gouvernement a une politique délibérément injuste."

Il ajoute : "pour faire en sorte que la continuité territoriale ne soit pas qu'une promesse de plus, je serai investi lors du prochain projet de loi de finances parce que nos Réunionnais méritent de pouvoir partir et revenir sans que les ressources soient un frein à leurs déplacements".

Patrice Selly, maire de Saint-Benoît et président de la Cirest a réagi dans un communiqué publié vendredi après-midi. "J’ai été très surpris à la lecture de ce rapport. Seul un budget de 16 euros par an et par habitant est consacré pour renforcer la mobilité entre l'Outre-mer et la Métropole, alors que pour de nombreux ultramarins, venir dans l’Hexagone est devenu un luxe" dit-il.

"Avec ce rapport, l’Etat ne tient clairement pas ses engagements en matière d’égalité républicaine. Nous avons besoin d’une participation plus accrue de la part des services de l’Etat, notamment pour accompagner nos jeunes ultramarins à travers une véritable refondation des dispositifs d’aide à la mobilité", ajoute-t-il.

- La continuité territoriale, une compétence de l'État -

Même si le ministre délégué aux Outre-mer avait annoncé, lors de sa venue à La Réunion, ne pas connaître le dispositif de continuité territoriale, il affirme désormais que l'Etat intervient "massivement pour soutenir la desserte des territoires ultramarins afin de limiter le niveau des prix des billets par la concurrence"

Le ministère estime que ce soutien de l’État "maintient le niveau de concurrence dans l’aérien ultra-marin, condition limiter la hausse des prix"

Il ajoute "dans un contexte d’inflation générale des prix du transport aérien dans le monde, le prix des voyages métropole – DOM étaient encore 41 % plus bas que la moyenne mondiale par passager et par kilomètre. Sauf que ce qui intéresse les Outre-mer, ce sont les prix pour eux, non pas ceux à l’international".

Concernant le plafonnement des prix des billets préconisé par le rapport sénatorial, le ministère affirme qu'"imposer des obligations de service public aux compagnies aériennes risquerait de nuire à la desserte ultra-marine et donc à l’activité touristique"

'Plutôt qu’à un plafonnement, il serait plus facile de ne pas modifier les règles et de s’appuyer sur la concurrence actuelle dans les dessertes aériennes pour trouver des moyens pour optimiser la dépense publique. L’achat groupé de billets d’avions par LADOM est une option prometteuse à travailler" termine le ministère.

Sollicitée par Imaz Press la compagnie aérienne Corsair a choisi de ne pas s'exprimer surnle sujet. Les autres compagnies n'ont quant à elles pas répondu.

- Sentiment d'abandon -

Les voyageurs potentiels que nous avons interrogés dans la rue ce vendredi, disent tous leur sentiment d’être abandonnés. "Nous avons malheureusement l’habitude. Nous sommes loin de la Métropole et de fait, par manque de moyens, nous n'avons même pas le droit de pouvoir rendre visite à nos familles installées là-bas" soupire Marie.

"Pourquoi la Corse a autant d'argent, alors qu’elle se situe moins loin que nous, ce n’est pas normal" lance Viviane, 64 ans.

Sans doute sont-ils nombreux à avoir les mêmes interrogations et la même frustration. Il reste maintenant à savoir quelles conséquences l'Etat tirera de ce rapport

Lire aussi - Discontinuité territoriale : nou lé pa plis, nou lé pa moin, respekt anou

www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
1 Commentaires
Gilo
Gilo
1 an

Il n y pas qu un sentiment d abandon. Il y a une volonté orchestrée au plus haut niveau, toujours dans un souci de recherche d économies, de créer une rupture d égalité, une discrimination, sans qu’aucun membre de l’état ne bouge. Demandez aux retraités militaires « originaires de la Reunion » les disparités constatées dans le traitement de leur pension. Des préjudices allant de 38 trimestres non comptabilisés occasionnant un manque à gagner de plus de 400 euros par mois. Rien que ça. Elle est belle la France, le pays des droits de l homme et de l égalité.