HORS SOL

Jean-François Carenco ne sait pas grand-chose et tient à le faire savoir avec beaucoup de suffisance

  • Publié le 18 février 2023 à 10:49
  • Actualisé le 11 mai 2023 à 11:45

On n’attendait pas grand-chose de la venue du ministre délégué aux Outre-mer, mais Jean-François Carenco a semble-t-il décidé de rendre sa visite inoubliable. Inoubliable en matière d’ignorance et de mépris. Jamais vraiment au courant de quoique ce soit, il aime à répéter qu’il « ne connait pas » ou ne « comprend pas » tel ou tel sujet. Et si cette situation devrait logiquement le mettre dans l’embarras, c’est finalement avec beaucoup de suffisance qu’il décide d’étaler son manque de préparation. (Photo Jean-François Carenco photo Sly imazpress)

Sa pensée serait-elle trop complexe pour nous, comme celle du reste du gouvernement ? Depuis jeudi, le ministre délégué arpente l’île pour visiter beaucoup, mais annoncer peu. Mais surtout, il s’agace.

Voyez-vous, certains journalistes ont eu l’audace de l’interroger sur le rôle de l’Etat dans la continuité territoriale, le prix des billets d’avion ou encore sur les difficultés des entreprises à rembourser leur prêt garanti par l’Etat.

Des questions sommes toutes assez banales et qui ne demandent pas une expertise pointue. Il faut juste connaître les dossiers qu’un ministre des Outre-mer est censé connaître. Mais plutôt que d’y répondre simplement, du côté du ministère, on préfère s’emporter et répondre avec un certain mépris.

« Vous voulez que je vous dise qu’on va baisser les prix de 50% ?! » s’est exclamé Jean-François Carenco, interrogé sur le prix des billets.

« Vous voulez que je vous dise qu’on annule les prêts garantis par l’Etat ? » a-t-il répondu, interrogé sur les difficultés rencontrées par certaines entreprises.

« Vous me dites que les entreprises vont mal, je vous dis que le chômage baisse » a-t-il ensuite rétorqué, tout sourire, en ajoutant que lui aussi « s’inquiète pour sa vie ».

« Je ne sais pas ce que ça veut dire la continuité territoire, si vous pouvez me dire que c’est » a-t-il lancé sur le plateau d’Antenne Réunion, tout sourire, après avoir répondu un « non » catégorique à une reprise éventuelle de la compétence par l’Etat. Compétence qui lui revient, que le ministre le veuille ou non. Ministre qui a tout de même affirmé que « ce n’est pas la justice qui décide de la politique du gouvernement ». Ah.

Ce vendredi, pour la suite de sa visite, Jean-François Carenco a assuré que « ceux qui sont impactés (par la hausse du prix des intrans – ndlr), c’est pas tant les consommateurs Réunionnais, c’est d’abord les producteurs réunionnais ». S’il n’y a aucun doute sur les conséquences de cette hausse pour les agriculteurs, les Réunionnais paient aussi la note, plein pot.

« Après je rappelle, on a un bouclier qualité prix qui fait son effet. Qui fait que l’inflation ici elle est plus faible qu’en France hexagonale » a-t-il ajouté, oubliant sans doute que les prix de l’alimentation sont plus élevés de 37 % à La Réunion qu’en Métropole.

Réponses hautaines et démagogues, ignorance de sujets importants – comme le coût du fret le mois dernier, et agacement face à des questions légitimes, voilà un bien triste spectacle auquel nous devons assister. Si au moins il pouvait s’accompagner d’annonces fortes, mais pour l’heure, on attend encore.

Jean-François Carenco souffre sûrement des comparaisons que l’on peut faire avec ses prédécesseurs, notamment Annick Girardin qui avait géré la crise des Gilets jaunes de façon plutôt honorable, ou même Sébastien Lecornu, qui n’a pas brillé pour son mandat mais qui était tout de même ouvert au dialogue.

Jean-François Carenco ne sait pas grand-chose et tient à le faire savoir, avec mépris et suffisance, ce qui constituent d’excellents composants pour un cocktail explosif dans le contexte socio-économique que l’on connait.

Les Outre-mer méritent mieux qu’un ministre délégué déconnecté, choisi par un ministre de l’Intérieur et des Outre-mer aux propos révisionnistes.  

as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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