Plaine-des-Palmistes : la Chambre régionale des comptes alerte sur les investissements coûteux de la commune

  • Publié le 14 novembre 2025 à 17:06
  • Actualisé le 14 novembre 2025 à 19:25
Plaine des palmistes

La chambre régionale des comptes de La Réunion a procédé au contrôle des comptes et de la gestion de la commune de La Plaine-des-Palmistes pour les exercices 2020 et suivants. Elle alerte sur des investissements coûteux et des fragilités financières (Photo d'illustration sly/www.imazpress.com)

"Commune rurale regroupant moins de 7 000 habitants, La Plaine-des-Palmistes connaît une croissance démographique continue. Cette dynamique et la perspective d’un classement en station de tourisme, nourrissent une politique de développement des services, des équipements et des logements, traduite depuis 2020 par la conduite de nombreux chantiers", note la CRC.

Ces chantiers mènent à "une situation fragilisée" en raison d'un "programme d’investissement sans proportion avec les capacités financières propres de la collectivité", estime la CRC.  "Si la commune a su mobiliser des financements importants, notamment européens, elle doit veiller à préserver les ressources nécessaires pour assurer la part de financement qui lui incombe", appelle-t-elle. 

La CRC estime que les "ambitions de la commune doivent s’accompagner d’une démarche de prudence et d’un pilotage rigoureux afin de garantir la soutenabilité des projets".

Les données comptables font apparaître "une situation financière alarmante fin 2023, avec un léger redressement en 2024". 

Les dépenses de gestion s’élèvent à 12,45 millions d’euros, tandis que les charges de personnel, passées de 6,57 millions en 2020 à 7,86 millions en 2024, absorbent jusqu’à 65 % des produits de gestion. La capacité d’autofinancement brute demeure en dessous du seuil prudentiel de 8 %, avec un taux négatif en 2023, et la CAF nette atteint –7,19 millions d’euros fin 2024.

La CRC souligne également une nette hausse de l’endettement, qui a grimpé de 7,4 millions d’euros en 2020 à un sommet de 19,3 millions en 2023, avant de redescendre à 12,9 millions en 2024. Elle note cependant que la "commune a recours à des solutions de prêts-relais et de préfinancements et que ces solutions, par nature transitoires, ont vocation à être remboursées dès les fonds débloqués par les financeurs”.

- "errements et irrégularités" -

"Le rétablissement de l’autofinancement doit constituer une priorité. Des errements et irrégularités budgétaires et comptables ont été observées, rendant difficile l’appréciation exacte de la situation financière", souligne la CRC, qui "invite la commune à renforcer ses procédures, à fiabiliser ses comptes et à développer la transparence auprès des élus et des administrés".

Des fragilités qui sont "susceptibles d’altérer la fiabilité des données telles qu’elles ressortent des états financiers", alerte la CRC. "La commune a voté un résultat excédentaire cumulé de fonctionnement à hauteur de 0,32 M€ et de 1,69 M€ en investissement. Au regard de premiers constats effectués, sans qu’il soit possible pour la chambre de retracer en lieu et place de la commune les éléments restant à mandater et à titrer, il est probable que le résultat 2024 présenté souffre d’insincérités", note-t-elle. 

La CRC souligne "la nécessité de structurer l’organisation interne", alors que le "recours important aux emplois aidés et le déficit d’encadrement et de professionnalisation sur des fonctions sensibles" doivent être corrigés.

- Des projets coûteux -

La chambre s'est intéressée à plusieurs équipements de la commune, présentant un degré d’aboutissement différent.

Concernant la piscine municipale, inaugurée en janvier 2024, plusieurs dysfonctionnements techniques ont été relevés dans les nouveaux équipements, dont des problèmes à la médiathèque et à la piscine.

Le projet, financé à 90 % par le plan européen REACT-EU, a connu de nombreuses irrégularités dans la gestion des marchés publics : rupture du mandat avec la SPL initiale, procédures de consultation non conformes, modifications de prestations en cours de marché, absence de quorum lors de certaines commissions, et surtout transmission tardive — voire absente — des avenants au contrôle de légalité. Ces défaillances exposent la commune à des risques juridiques et financiers, notamment vis-à-vis des financeurs européens.

Le coût du projet a fortement augmenté : estimé initialement à 5,68 M€ HT, il atteint finalement 12,6 M€ TTC. Le reste à charge pour la commune, bien que réduit grâce aux subventions, demeure risqué, d’autant que plusieurs projets municipaux ont déjà souffert de dérapages financiers.

Sur le plan du fonctionnement, la piscine représente une charge lourde. Le modèle économique, structurellement déficitaire, n’est pas équilibré : pour 2024, les dépenses atteignent 403 000 €, dont 83 % de masse salariale, et les recettes sont inexistantes faute de mise en service du système de billettique. Les entrées restent gratuites depuis l’ouverture, entraînant un manque à gagner estimé à 30 000 €. La commune n’a pas anticipé le financement du déficit annuel et doit désormais mettre en place une régie de recettes et réfléchir à la soutenabilité à long terme.

La chambre recommande à la commune de sécuriser ses procédures de commande publique, de maîtriser davantage les coûts des projets, de rendre opérationnelle la régie de recettes, et d’élaborer un plan durable pour assurer la viabilité financière de la piscine.

Concernant le projet de serres communales intégré à son Projet alimentaire territorial (PAT), qui s’articule avec la création d’une unité de transformation végétale et animale et avec l’expérimentation "Territoires zéro chômeur de longue durée" (TZCLD), la candidature territoriale a été rejetée pour irrecevabilité, laissant le projet en phase émergente.

Les investissements prévus sont importants (jusqu’à 5,4 M€). La chambre alerte sur les risques juridiques, financiers et humains et recommande un pilotage renforcé et une prudence accrue pour sécuriser l’équilibre futur de ces projets.

- Les recommandations -

- Rétablir une capacité d’autofinancement suffisante pour financer les investissements.
- Améliorer la fiabilité des comptes et des documents budgétaires.
- Mettre en place un plan d’apurement des créances anciennes et réduire les délais de paiement
- Réaliser des contrôles réguliers des régies dès 2025, avec l’appui du comptable public.
- Instaurer un contrôle interne pour fiabiliser les procédures financières et prévenir les risques.
- Renforcer la direction des ressources par le recrutement de personnels qualifiés et la formalisation de l’encadrement.
- Mettre en service sans délai la régie de recettes de la piscine municipale.
- Prévoir, dans un plan durable, les moyens d’assurer la soutenabilité du fonctionnement de cet équipement.
- Encadrer plus strictement la conduite des grands projets pour en maîtriser les coûts et les risques juridiques.

- L'opposition s'alarme, la mairie tempère -

Ce rapport, publié ce vendredi 14 novembre 2025 et dévoilé dès jeudi par Zinfos, a fait réagir l'opposition de la commune. Sophie Arzal, élue municipale du groupe d'opposition La Plaine des Possibles, exprime sa "plus vive inquiétude" et "confirme toutes les alertes lancées depuis le début du mandat concernant la dérive budgétaire et l'absence de pilotage stratégique de la majorité municipale".

"Ce rapport constitue une preuve irréfutable de la gestion d’apparat, irresponsable et dangereuse menée par l’équipe en place. Ce que nous dénoncions en conseil municipal depuis cinq ans est désormais validé par les magistrats financiers : la situation de la commune est jugée critique", dénonce-t-elle. 

La mairie, elle, assume ses choix dans la réponse transmise à la CRC. Si la commune admet une partie des fragilités relevées par la CRC, elle assume ses orientations. Le maire, Johnny Payet, affirme que "La Plaine-des-Palmistes ne renoncera pas à son ambition de développement, même si celle-ci doit être ajustée à ses moyens", évoquant un "rattrapage nécessaire".

La municipalité considère que les investissements réalisés étaient indispensables pour combler des décennies de retard en matière d’équipements. Un argument réfuté par l'opposition, qui appelle à la "fin de l’ambition démesuréeet l'adoption "immédiate de la "démarche prudentielle" recommandée par la CRC".

La mairie souligne que la plupart des projets ont bénéficié de taux de subvention très élevés, parfois au-delà de 90 %, et que certaines opérations ont été reportées ou revues à la baisse. La mairie assure désormais avoir mis en place "une planification budgétaire rigoureuse, appuyée sur des études préalables et une meilleure estimation des coûts d’exploitation". Elle s'engage cepedant à suivre les recommandations formulées par la CRC.

www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
Changer de maire
Changer de maire
15 heures

Il n'a pas le profil piur etre maire. Il n'a pas les compétences.

Joueur carte maire
Joueur carte maire
15 heures

Voilà le profil on met n'importe sui laire.

Achtung
Achtung
16 heures

Le FN ne fait jamais rien de bon