À La Réunion, en 2011, 116 000 personnes sont en situation d'illettrisme, soit 22,6% des 16 à 65 ans ayant été scolarisés en France. C'est ce qu'il ressort d'une enquête de l'Insee (institut national de la statistique et des études économiques), réalisée en partenariat avec la préfecture, sur les difficultés des Réunionnais face à l'écrit et présentée ce vendredi 25 octobre 2013. Les hommes sont deux fois plus en difficulté que les femmes. Les plus âgés, qui ont été scolarisés moins longtemps, sont également plus concernés que les jeunes.
Selon l’Insee, entre 2007 et 2011, le taux d’illettrisme n’a pas diminué mais la population en situation d’illettrisme a augmenté de 16 000 personnes. En cause, notamment, l’accroissement démographique.
Ainsi, 30% des hommes réunionnais sont en situation d’illettrisme contre 16% des femmes. Ces derniers ont des difficultés particulièrement importantes dans la production de mots : 26% d’entre eux étant en échec au test d’écriture contre 12% des femmes. Les difficultés sont liées en partie aux habitudes de lecture durant l’enfance : 48% des hommes ne lisaient jamais contre 30 % des femmes, constate l’institut de statistiques.
En 2011, ils sont aussi 14% des jeunes de 16 à 30 ans à rencontrer de grandes difficultés face à l’écrit contre 33% des personnes âgées de 50 à 59 ans et 39% des 60 ans à 65 ans.
Les auteurs de cette enquête observent également que l’apprentissage de la lecture et de l’écriture dépend fortement des conditions de vie durant l’enfance. "Les Réunionnais issus de milieux modestes rencontrent plus de difficultés à l’écrit à l’âge adulte. Parmi les personnes dont les parents étaient en difficulté financière, 44% sont en situation d’illettrisme en 2011", précisent-ils, soulignant que les habitudes de lecture durant l’enfance sont également un facteur déterminant. En effet, plus la pratique de la lecture est courante, plus les chances de maîtriser la langue française augmentent. 37% des personnes qui ne lisaient jamais entre 8 et 12 ans rencontrent de grandes difficultés à l’écrit à l’âge adulte, contre 16% des personnes qui lisaient de temps en temps", indique l’enquête.
Par ailleurs, l’Insee note que "la réussite de l’enfant dans l’apprentissage de la langue française dépend également des compétences des parents, notamment du diplôme du père ou de la mère". "À l’âge adulte, 28% des enfants dont la mère est non diplômée ont des difficultés à l’écrit contre seulement 3% lorsque la mère a au moins un diplôme du secondaire (CAP, BEP, BAC ou supérieur)", cite l’institut.
Enfin, autre constat : la langue parlée durant l’enfance à la maison est aussi un facteur important quant à l’apprentissage de la lecture et de l’écriture en langue française. "À La Réunion, 70% des personnes de 16 à 65 ans scolarisées en France parlaient uniquement créole durant leur enfance. Parmi elles, 29% ont de grandes difficultés à l’écrit à l’âge adulte. Les Réunionnais qui parlaient exclusivement français durant leur enfance rencontrent beaucoup moins de difficultés (3 % en situation d’illettrisme). Les Réunionnais qui parlaient le créole et le français sont également dans une situation plus favorable : seulement 8% sont en grande difficulté", termine l’Insee.