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À peine nommée ministre des Solidarités, Aurore Bergé réfléchit à raccourcir les congés parentaux

  • Publié le 27 juillet 2023 à 07:54
  • Actualisé le 27 juillet 2023 à 09:49
natalité

Les congés parentaux seront-ils bientôt diminués ? C'est en tout cas la volonté de la nouvelle ministre des Solidarités, Aurore Bergé, qui réfléchit "raccourcir et mieux rémunérer le congé parental", d'après une interview accordée à Ouest-France le 25 juillet 2023. L'annonce est loin de ravir les associations et syndicats qui n'hésitent pas à parler de mesure anti-sociale. La nouvelle ministre provoque donc d'entrée la polémique alors que sa nomination avait déjà fait grincer bien des dents (Photo sly/www.ipreunion.com)

"Elle ferait bien de laisser ça sur le plan de l'idée sans prolongement, c'est une ânerie" raille Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale du Snuipp-FSU. "Je ne sais pas monde dans lequel elle vit mais ce n'est pas celui de la vie réelle. Je connais beaucoup de femmes qui n'abordent pas ce congé à contre cœur, le problème principal se pose pour trouver des solutions de garde" ajoute-t-elle.

"Vouloir réformer ce droit, correspondrait à un recul social, et viendrait à nouveau mettre en péril notre modèle social. Cette mesure permet aux parents de prendre le temps de s'occuper de leur enfant, de lui apporter toute l'attention nécessaire, tout ayant une rémunération" estime Janick Cidney, secrétaire départemental de Force Ouvrière.

Pour Joël Dalleau de la CFDT, "les salariés du privé ont droit au congé parental sous conditions d’ancienneté, droit ouvert à chaque naissance etc. Vouloir la raccourcir, je vois là une façon de réduire le droit de chaque parents…"

"Mieux l’indemniser Madame Bergé peut le faire avec une modification du code de la Sécurité sociale donc modification de la loi devant augmenter cette indemnisation… Mieux indemniser et raccourcir la durée passera forcément par une modification de la loi…", ajoute le secrétaire général.

Cette proposition intervient d'ailleurs alors que la demande a tendance à pointer dans l'autre sens. En 2021, le congé paternité avait été prolongé pour passer de 11 à 25 jours. Une avancée saluée par les associations, qui avaient tout de même regretté que ce congé ne soit pas aligné sur celui du congé maternité. Il est donc curieux de vouloir revenir sur cette avancée – rare en ces temps – qui a permis de passer de 49% de prise de congé paternité en 2013 à 72% en 2021, d'après les chiffres de la Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques

"Il est vrai qu'il faut augmenter le montant des congés, mais réduire sa durée est une suggestion capitaliste de mon point de vue. On part du principe qu'on prend nos congés parce qu'on n'a pas de moyens de garde – ce qui peut aussi être vrai – sans penser un instant que les parents ont peut-être tout simplement envie de profiter des premiers mois de vie de leurs enfants" s'agace Alizée Cauvin-L'Heureux, référente du collectif féministe Noustoutes 974.

"L'objectif caché de la proposition de la ministre est bien de réduire les dépenses publiques, au moment où le gouvernement prépare le budget 2024 dont l’objectif est de dégager "entre 10 et 15 milliards" d’euros de coupes franches. Dans le même ordre, le gouvernement s'attaque également aux dépenses de santé, après les soins dentaires dont le remboursement passera en octobre de 70% à 60%, le gouvernement influera sur les médicaments et les arrêts de travail" avance Janick Cidney.

"Oui, il faut augmenter le nombre de places en crèche. Oui, il faut plus d'assistantes maternelles et de meilleures conditions de travail pour ces dernières. Et oui, il faut augmenter les indemnités des congés parentaux. Mais raboter sur les temps de congé…Ça n'a pas pas de sens" estime Alizée Cauvin-L'Heureux. "C'est aberrant de proposer cette mesure, surtout comme première mesure : cela montre surtout que son mandat ne sera pas dans l'intérêt du peuple."

- Une ministre déjà décriée -

Aurore Bergé a assuré dans les pages de Ouest-France que "trop de femmes prennent un congé parental long parce qu’elles n’ont pas de solution pour faire garder leur enfant". Une affirmation qu'elle n'a pas sourcée ou soutenue avec une quelconque donnée. Et les observations de certains professionnels de santé n'ont pas particulièrement l'air d'aller dans son sens.

"En tant qu’accompagnante parentale, cela me semble non adapté aux besoins des parents que de le raccourcir" observe en tout cas Leya Ingar, infirmière-puéricultrice. "Ce congé est mis en place pour les parents ; le père et la mère. On se rend compte que depuis que le conge paternité a été rallongé beaucoup plus de pères s’occupent de leur enfant et posent un congé parental, bien que les mères sont encore majoritaires dans la prise de ce congé parental" souligne-t-elle.

Pour la professionnelle aussi, "là ou il devrait y avoir une vraie réflexion, c'est concernant l'indemnisation de ce congé par la CAF car celle-ci est sous calculée et n’encourage aucunement les parents à le prendre."

"Il y a plein de parents qui ont envie de profiter des premiers mois de vie de leur enfant, de tisser des liens. Le congé parental, c'est accompagner la croissance de son enfant" abonde Alizée Cauvin-L'Heureux.

Là où la ministre a raison, c'est que beaucoup sacrifient leurs congés en raison de la trop faible rémunération. "Beaucoup de mamans me disent en consultation qu’elles reprennent le travail a contre-cœur et ne peuvent choisir le congé parental pour des raisons financières" confirme Leya Ingar. " Dans les pays nordiques, le conge maternité est bien plus long. Le bien être parental et de l’enfant sont au centre de leur priorité. C’est un modèle inspirant."

"Depuis la crise Covid, beaucoup de salariés ont revu leurs priorités, et sont plus attachés à leur qualité de vie en famille. Le temps consacré à l'enfant lors d'une naissance, ou d'une arrivée dans le foyer en fait partie. Il faut revaloriser le montant de l'allocation pour permettre justement à plus de salariés de faire valoir ce droit, et non de raccourcir la durée qui amènerait une diminution des demandes" analyse par ailleurs Janick Cidney.

"Le congé parental est un droit acquis qui n'était pas gagné d'avance. Cette proposition est complètement hors sol, comme souvent dans cette macronie. On a l'impression d'avoir une clique de gens qui ne savent pas de quoi ils parlent. Honnêtement, pour la ministre des Solidarité, est-ce ça le sujet prioritaire du moment ? Ça commence mal et c'est stupéfiant de connerie. La consigne doit être de faire oublier les retraites, quitte à dire de grosses bêtises" conclut Marie-Hélène Dor.

De nombreuses voix se sont élevées à l'annonce de la prise de poste d'Aurore Bergé au ministère des Solidarités. Ses opposants ont notamment dénoncé ses prises de positions considérées comme anti-sociales, notamment pour son vote contre le repas à 1 euro pour tous les étudiants ou l'allongement du congé pour décès d'un enfant. Des militants lui reprochent aussi sa position contre le mariage pour tous - position sur laquelle elle était revenue - ou ses rencontres avec des militantes considérées comme transphobes. Globalement, ses détracteurs estiment que la ministre n'a jamais vraiment pris position pour les minorités et les publics les plus fragiles.

Contactés, les députés réunionnais n'ont pas réagi à l'interview d'Aurore Bergé, à l'exception de Karine Lebon. "Personne ne demande un congé parental plus court. L’objectif de ce dispositif est de pouvoir s’occuper de son bébé, passer des moments de qualité avec lui et lui permettre d’évoluer dans un environnement serein", déclare la députée.

Mais "plus rien ne m’étonne de la part de ce gouvernement. À peine installée dans son fauteuil de ministre, Aurore Bergé fait des annonces bancales et non concertées. Cette idée n’est pas nouvelle, en 2009, Nicolas Sarkozy, alors Président de la République, s’était prononcé pour un congé parental plus court mais rémunéré à hauteur des deux tiers du salaire. Clairement, Aurore Bergé n’est pas la ministre des enfants, des adolescents et des parents comme elle l’indique dans cette interview. Elle aurait dû être rattachée directement au ministre de l’économie", ajoute l'élue.

"À travers cette mesure économique, elle dit aux parents "Retournez travailler !" et aux enfants "Tant pis pour vous !". Pourtant, le congé parental fait bien partie des 1.000 premiers jours de l’enfant, "période déterminante pour sa santé et celle de l'adulte qu'il deviendra", démarche (positive) instituée par le gouvernement."

La députée Karine s'est d'ailleurs fendue d'un tweet railleur :

as/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com

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3 Commentaires
moi
moi
2 ans

Après l'Autre qui est revenue à son poste 3 jours après son accouchement, encore une femme qui va aider ce pays à avancer. Il ne faut pas attendre de ces "super femmes" au pouvoir, qui ont du petit personnel pour garder bébé à la maison, des décisions pr le commun des mortels, c'est trop demandé!!!!!! VIVEMENT QUE VOUS PARTIEZ MADAME!!!!!!!

Philippe
Philippe
2 ans

C'est la politique de la Macronie. Emprofite au maximum, votre temps est compté. Tout candidat soutenu par Macron sera appelé à disparaître. A bon entendeur Édouard !

HULK
HULK
2 ans

Elle avait déjà fait parler d'elle en tenant des propos mortifères à l'égard des personnes âgées. C'est une gamine arrogante et sûre d'elle même, comme son patron. Encore une incompétente fayoteuse récompensée. Grave.