Trois affaires criminelles à La Réunion

Ados violents : et si le problème ne venait pas toujours de la famille

  • Publié le 23 juin 2025 à 13:42
adolescents

Trois drames, plusieurs adolescents impliqués, de Nogent à La Réunion, ces affaires tragiques soulèvent une question dérangeante : comment des mineurs issus de milieux apparemment "normaux" peuvent-ils basculer dans une telle violence ? Des recherches scientifiques apportent des pistes, entre héritage génétique, immaturité cérébrale, manque d'empathie et influences sociales invisibles (Photo d'illustration : sly/www.imazpress.com)

Le 10 juin 2025, une surveillante de 31 ans était poignardée à mort par un collégien de 14 ans lors d’un contrôle des sacs devant le collège Françoise-Dolto à Nogent, en Haute-Marne (52). L'adolescent a été mis en examen pour meurtre sur une personne chargée d’une mission de service public et placé en détention provisoire. Ce drame a suscité une émotion nationale, avec des hommages rendus dans les établissements scolaires et des mesures annoncées, telles que l'interdiction de la vente de couteaux aux mineurs et l'expérimentation de portiques de détection d'armes dans les écoles.

- Trois affaires criminelles à La Réunion -

À La Réunion, trois tragédies similaires restent gravées dans la mémoire des habitants. Celle de Djayan Soubaya Camatchy condamné à 10 ans de réclusion criminelle.

L’affaire de l’agression de Morgane, une adolescente de 14 ans en avril 2022. Morgane a été retrouvée grièvement blessée sous un pont à Saint-Pierre, après avoir été victime d’un guet-apens orchestré par son ex-petit ami et deux complices. Elle avait été frappée à la tête avec une pierre et laissée pour morte.

Un an plus tard en septembre 2023, Shana, une adolescente de 16 ans originaire de Saint-Denis, disparaissait après avoir quitté son domicile pour rejoindre une amie dans le sud de l'île. Le 20 septembre, son corps sans vie était retrouvé dans l'ancienne usine sucrière de Pierrefonds, à Saint-Pierre.

Deux adolescents, une fille de 14 ans et un garçon de 16 ans ont avoué avoir attiré Shana dans un guet-apens via les réseaux sociaux, l'avoir étranglée, puis frappée à coups de galets avant de la laisser pour morte. Tous deux seront jugés en septembre et novembre prochains lors de deux procès distincts du fait de leur âge au moment des faits.

 - Une violence… écrite dans les gènes ? -

Des faits d'une extrême gravité qui interrogent du fait du profil des adolescents incriminés : pas de foyer désorganisé, pas de maltraitance, pas de carence éducative. Alors, que s’est-il passé ?

Selon plusieurs études scientifiques internationales, la violence chez les adolescents ne vient pas toujours de l’éducation ou du milieu social. Elle peut être liée à des facteurs génétiques et biologiques présents dès l’enfance.

Des chercheurs américains ont suivi plus de 3.000 jumeaux, de l’enfance jusqu’à l’âge adulte ayant pour les résultats suivants : les comportements antisociaux, mensonge, manipulation, agressivité, sont principalement influencés par la génétique, surtout à l’adolescence. En chiffres : jusqu’à 70 % des traits violents ou manipulateurs seraient liés à l’héritage biologique, et moins de 10 % à l’environnement familial.

Les traits dits psychopathiques, froid émotionnel, impulsivité, absence de peur, n’ont quasiment aucun lien avec la manière dont les parents les élèvent.

Les scientifiques distinguent l’agressivité réactive - un coup de colère, une provocation mal gérée - et l’agressivité proactive - une violence plus froide, réfléchie, parfois utilisée pour dominer ou manipuler. C’est cette seconde forme souvent plus inquiétante qui serait fortement influencée par les gènes. La génétique n’est pas une excuse. Mais c’est une explication possible, parmi d’autres, pour comprendre certains parcours délinquants. Surtout quand l’environnement ne semble pas poser problème.

- L’influence du groupe, les réseaux sociaux peuvent pousser à transgresser -

Au-delà de la génétique, des troubles psychologiques ou neurodéveloppementaux, comme un déficit d’empathie ou une immaturité cérébrale, peuvent jouer un rôle. L’influence du groupe, les réseaux sociaux ou la recherche d’identité peuvent aussi pousser un jeune à transgresser. Parfois, un événement déclencheur, un besoin de reconnaissance ou une crise affective suffisent.

Boris Cyrulnik, neuropsychiatre, enfonce le clou au sujet des réseaux sociaux. Le neuropsychiatre renommé souligne leur potentiel ambivalent : d’un côté, ils peuvent créer du lien, permettre de partager des émotions, de s’informer, de soutenir autrui. Mais de l’autre, ils peuvent aussi affaiblir l’empathie, favoriser la haine, le rejet, ou la désensibilisation. Un manque d'empathie constaté chez tous les adolescents criminels en puissance.

Enfin, des mécanismes éducatifs subtils comme le manque de limites ou une communication inadéquate peuvent fragiliser l’adolescent. Le passage à l’acte résulte donc souvent d’une combinaison de facteurs psychiques, sociaux et émotionnels.

Lire aussi : Ils sont enfants et déjà très violents, la faute à qui...

is/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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5 Commentaires
Lal
Lal
3 mois

Les jeunes d'aujourd'hui
Regarde trop les films violent .
Rajouter aux films porno.
Après certains veulent faire comme dedans les films.
L'accès de ses films est trop facile.

Tonton
Tonton
3 mois

Dangereux ce que vous écrivez sur le facteur génétique. C'est une hypothèse (américaine ?) exagérée. D’autres disent le contraire en pointant surtout le vécu pendant l’enfance et les soutiens rencontrés par la suite.

Josimé
Josimé
3 mois

Une seule solution efficace et durable : la capote !

Enfants roi
Enfants roi
3 mois

Politique de l'enfant roi, enfants capricieux et non reconnaissant, parents immatures. Enfants chargés d'atteindre l'objectif que les parents n'ont pas pu atteindre. Derives de la Société de consommation. Des bourriques avec qui on veut faire des chevaux de courses. Enfants surprotègés. Grands parents qui ne peuvent rien dire sur l'éducation.
Etc etc ....

Gramoune
Gramoune
3 mois

Surtout des jeunes à qui on n’a pas appris la frustration, celle qui fait grandir. Alors, une contrariété devient un caprice non stisfait, qui conduit au pire: la tyrannie