12.186 arrêts maladie ont été enregistrés par la Caisse générale de Sécurité sociale (CGSS) entre le lundi 7 et le dimanche 13 avril 2025. S'il n'est pas possible de déterminer le motif des arrêts, Thierry Bies, directeur de la santé à la CGSS, précise "à titre de comparaison, nous étions à 5.847 (arrêts maladie) la semaine du 10 mars". Alors que le nombre de malades atteint du chikungunya dépasse les 100.000 selon Gérard Cotellon, directeur de l'Agence régionale de santé (ARS), la facture des indemnités journalières s'annonce lourde et le monde de l'entreprise est obligé de s'adapter à l'absence de salariés (Photo d'illustration sly/www.imazpress.com)
Dans son cabinet de l'est de l'île, le Docteur Christine Kowalczyck enchaîne les rendez-vous. "Quasiment tous les gens qui travaillent sortent avec un arrêt de travail d'au minimum cinq jours", indique-t-elle.
- Plus de 12.000 arrêts en une semaine -
Entre le 7 au 13 avril " 12.186 arrêts maladie ont été enregistrés", a indiqué à Imaz Press, ce lundi 14 avril, Thierry Bies, directeur de la santé à la Caisse générale de Sécurité sociale de La Réunion (CGSS).
Comparativement à 2024, sur la même période, "on était en moyenne à 6.000 arrêts par semaine", précise le directeur de santé.
D'abord questionnée le vendredi 11 avril, la CGSS avait d'abord indiqué que le nombre d'arrêts maladie comptabilisé était de 20.835 pour la même période. L'institution s'est donc ravisée ce lundi en parlant d'une "erreur de reporting".
Cette précision arrive alors que le 4 avril, la CGSS avait indiqué à Imaz Press : "le chikungunya n’est pas un motif d’arrêt maladie, il n’existe donc pas de chiffre pour étayer ce sujet".
"Ce que nous pouvons affirmer, c’est qu’il n’y a pas d’augmentation significative du nombre d’arrêts maladie en ce moment comparé à la même période l’année dernière" avait complété la Sécurité sociale.
- Le nombre des arrêts a doublé -
"Si l'on compare à la première semaine de mars, le chiffre (des arrêts - ndlr) a doublé", explique Thierry Bies. Le nombre devrait encore augmenter et suivre la courbe ascendante de l'épidémie.
Le nombre de malade est "exponentiel" estime Thierry Bies. "Si l'on regarde autour de nous, la question n'est plus de savoir qui sera contaminé mais quand on va l'attraper", dit-il.
Pour "gérer cette épidémie", les équipes de la CGSS se renforcent. "On sollicite en interne avec des renforts temporaires et l'appui du national pour nous accompagner car si c'était jusqu'à maintenant contenu, avec le nombre d'arrêts qui explose ça devient compliqué", explique Thierry Bies.
"L'objectif est désormais de tenir le choc, car le chikungunya touche aussi les agents de la Sécu et l'on fait au mieux pour indemniser les gens au plus vite", souligne-t-il.
L'augmentation des arrêts maladies devrait d'ailleurs faire grimper la facture des indemnités journalières.
Lire aussi - Chikungunya : une progression rapide des cas et un premier pic épidémique attendu fin avril
- Le monde économique mis à mal par le chikungunya -
L'explosion du nombre de cas et des arrêts maladies frappe de plein fouet le monde économique.
Dans l'artisanat, l'absence de salarié se fait d'autant plus sentir que "70% des chefs travaillent seuls", indique Bernard Picardo, président de la Chambre des métiers et de l'artisanat de La Réunion (CMA).
"Pour la grande partie ils ne peuvent pas travailler et cela impacte leurs affaires", dit-il. "Si un salarié est touché par le chikungunya, ça déstabilise complètement l'entreprise, d'autant que la maladie ne part pas aussi facilement que cela".
Alors que l'épidémie est en augmentation, les représentants du secteur économique demandent à l'État que "l'activité partielle puisse fonctionner mais nous n'avons pas eu de réponses claires là-dessus", précise Bernard Picardo.
- Des hôtels sans serveurs, des chantiers sans ouvriers… -
"Il est vrai que nous avons beaucoup d'arrêts maladies dans le secteur de l'hôtellerie-restauration", confirme Patrick Serveaux, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih), évoquant le chiffre de 20% des effectifs à l'arrêt.
"Les équipes sont calibrées au plus juste et s'il manque un élément cela va poser problème pour faire fonctionner l'établissement", dit-il.
Une période que le président de l'Umih veut prendre de manière optimiste. "Il faut gérer la situation de manière cartésienne et se dire que ça va s'améliorer dans les semaines qui viennent et c'est ce que l'on souhaite", indique Patrick Serveaux.
Le secteur hôtelier qui compte sur les représentants du tourisme de La Réunion pour faire la promotion de l'île et ne pas laisser l'épidémie de chikungunya freiner les projets des vacanciers en cette période où chacun choisit sa prochaine destination. "Il faut communiquer de manière positive car pour l'heure on a beaucoup d'annulations et peu de réservation", se désole Patrick Serveaux.
Autre secteur économique touché, le Bâtiment. "Les chantiers sont impactés. On manque de gens", indique Raymond Payet de la CGTR BTP.
"Des ouvriers obligés d'être remplacés par des intérimaires jusqu'à la reprise des autres salariés et forcément cela fait des frais en plus et du désordre car il faut tout réexpliquer", indique-t-il.
- Des élèves sans professeurs -
Le secteur de l'Éducation nationale n'est pas épargné. Si "la raison des arrêts maladie ne figure pas sur les documents reçus par l'employeur, le rectorat enregistre effectivement une augmentation des congés de maladie ordinaires depuis la reprise des classes le 17 mars dernier", indique l'Académie.
"Dans le second degré (collèges et lycées), les absences de courte durée sont palliées par le recours au remplacement par des collègues volontaires de l'enseignant absent", ajoute le rectorat.
Toutefois, "dans les écoles, on constate en ce moment également une augmentation du nombre d'enseignants non remplacés", reconnaît l'Académie qui "avec les pôles de remplacement, font leur possible pour répondre au mieux".
"Des classes entières n'ont pas cours et forcément il est difficile d'assurer la sécurité des enfants", précise Guillaume Lefèvre du Snalc.
La CFTC EPR a interpellé la ministre de l'Éducation nationale et le recteur "afin que soit mis en place un traitement de ces arrêts maladies identique à celui mis en place lors de l'épidémie de Covid, à savoir pas de jour de carence ni de réduction de l'indemnité journalière", indique Laurent Turpin.
- Plus de 100.000 Réunionnais contaminés -
Plus de 100.000 Réunionnais sont touchés par le chikungunya, a estimé lundi Gérard Cotellon, directeur de l'ARS alors que les chiffres publié mercredi dernier par Santé publique France (SPF) recensent 27.521 personnes contaminées depuis le début de l'année
"Je pense que nous avons franchi depuis le début de l'épidémie, les plus de 100.000 Réunionnais touchés par le virus (du chikungunya)" a déclaré Gérard Cotellon, lundi matin lors de la présentation publique du "plan d'actions global contre le moustique" mis en place par la mairie de Saint-Denis.
"On tourne autour des 6.000 à 7.000 cas par semaine (selon le recensement des autorités sanitaires – ndlr). Mais c'est un chiffre, et je le dis, qui est à mon avis faux" a ajouté le directeur de l'ARS.
"Nous avons dans les cabinets de médecins généralistes aux alentours de 22.000 consultations par semaine pour des gens qui ont des symptômes qui s'apparentent au chikungunya" a-t-il rappelé.
"Tout le monde ne se fait pas prélever (pour une détection du virus – ndlr) , c'est pour ça que je dis que ce chiffre est faux" a souligné Gérard Cotellon.
Le lundi 7 avril déjà, Manuel Valls, ministre des Outre-mer, en visite dans l'île, avait indiqué "sachant (…) que tout le monde n'a pas déclaré le fait qu'il était touché par l'épidémie, on peut considérer que l'on est entre 50.000, 60.000, 70.000 personnes qui auraient été atteintes".
- Le pic de l'épidémie n'est pas atteint -
Ce lundi Gérard Cotellon a confirmé à Imaz Press que le pic de l’épidémie n’a pas encore été atteint. "Nous n'avons pas encore franchi le pic. Nous voyons que l'on a encore beaucoup de cas de contamination" a-t-il souligné.
Précédemment les autorités sanitaires avaient indiqué attendre un pic de l'épidémie pour la mi-avril.
Selon les chiffres officiels de SFP publiés mercredi, 6.289 cas de chikungunya ont été confirmés entre le 24 et le 30 mars (en augmentation de 457 cas par rapport à la semaine précédente)
Lire aussi - 20 ans après, La Réunion de nouveau frappée par le chikungunya
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Catastrophique ... Est ce normal d'avoir autant de personnes touchées par le virus sur le virus ? Pas de démoustication dans la résidence alors qu'au moins un cas é été detecté... laxisme total.
Le "retour à la normale" est un voeu pieux! J'ai attrapé le chik il y a plus de 2 mois et j'ai des douleurs récurrentes quotidiennes qui ne sont soulagées par aucun traitement et qui ne me permettent pas de reprendre mon activité professionnelle. Mon médecin traitant me dit qu'il n'a aucune possibilité de savoir quelle sera l' évolution de mon état et que les séquelles du chik ne sont pas reconnus comme une "maladie". Je ne peux donc prétendre à aucun aménagement de poste, aucune reconnaissance me permettant d'obtenir un congé longue maladie par exemple ou une invalidité...
Je lui ai fait part du danger que je représentais sur la route car mes douleurs ne me permettraient pas d'avoir un comportement adapté en cas de situation d'urgence. Aucune réaction de sa part! Je vais bientôt reprendre le travail car je n'aurai pas le choix et je vais mettre en danger les automobilistes, cyclistes et piétons que je croiserai sur mon trajet et les enfants dont je suis sensée être responsable alors que je suis dans l' incapacité physique d'assurer ma mission et cela dans l'indifférence générale.
ARS à géré comme la ville de St Benoit.
Beaucoup de Com et très peu de résultats.
ARS et représentants de l'Etat sont aujourd'hui pris à leur propre piège.
Après avoir minimisé l'ampleur de l'épidémie de chik, ils essaient, dans la panique, d'utiliser les expédients qu'ils auraient du utiliser dès le début du phénomène... il y a 9 mois !
Rappel des soignants en repos, recrutement de 400 contrats PEC alors que le gouvernement affichait sa volonté d'en réduire le nombre de moitié à La Réunion ! Recours aux jeunes du RSMA, mobilisation des équipes de démoustication, etc.
ils s'activent aujourd'hui comme pas deux pour limiter la casse pour leurs copains les patrons qui voient fondre leurs effectifs comme neige au soleil sous l'effet des arrêts maladie.
Voilà bien les conséquences de la politique anti sociale et à courte de vue, la politique d'économies de bouts de chandelles du patronat et de son gouvernement, mais qui , en dernier ressort est principalement payée par la population et les travailleurs !
C’est la faute aux élus incompétents. Ouais c’est leur faute. Et aussi à d’autres mais c’est secret. Si on m’avait écouté, MOI, ça serait réglé depuis longtemps. Ouin ouin ouin je suis un pauvre malheureux. Personne ne travaille à l’hôpital. Tous des nuls. Ouin ouin ouin. Vous avez une petite pièce à me donner ?
Il faut dire merci à l’Ars pour n’avoir rien entrepris lors de la découverte des premiers cas
On veut économiser, diminuons leur salaire et mettons en place des personnes plus compétentes