Dans les hauts des Avirons, au Tévelave, "l'eau est une denrée rare et précieuse pour le secteur agricole", selon le magazine municipal N°18 en date du mois de décembre 2022. Pourtant, depuis plusieurs années, sept agriculteurs se battent pour avoir accès au réseau hydraulique de la commune. Certains attendent depuis près de 20 ans. (Photo Irrigation agriculture RB imazpress)
Sept agriculteurs ont ainsi constitué un collectif, à la tête duquel on trouve Claude Payet, propriétaire de terres cadastrées AK 43,44, 45 et 148 sur la zone dite "Queue de cheval"…
Il revendique en vain depuis 20 ans un raccordement à l'eau et au réseau électrique pour mettre en valeur ses terres, pouvoir tout simplement travailler, alimenter la table d'hôte (Le Maki), qu'il gérait hier au Tévelave, l'exploitation qu'il désire aujourd'hui développer sur ses parcelles. Les autres membres du collectif sont confrontés au même problème, à des degrés divers.
Aucun des trois maires qui se sont succédé en 21 ans, Michel Dennemont devenu depuis sénateur-agriculteur, René Mondon, puis Eric Ferrère, n'a répondu favorablement à leurs demandes de raccordement.
L'agriculteur se retrouve donc dans l'impossibilité de travailler, faute d'eau et d'électricité… quand les réseaux d'adduction d'eau, de raccordement électrique et aujourd'hui de fibre optique dessinent une drôle de carte sur la commune des Avirons.
- Impossibilité d'exercer son activité -
Ainsi, dans un courrier adressé à René Mondon, maire, en juillet 2019, Claude Payet rappelait l'impossibilité d'exercer son activité agricole et mettait en exergue que "toute la situation géographique du secteur des zones dites "agricoles" (…) pour ne citer que "zone Bellecombe, le secteur Mélina, secteur Bras sec les hauts et les bas, ainsi que Piton Montis, bien que situées en zone agricole sont pourtant desservies en eau potable et alimentées en électricité au titre d'habitations…"
Quant à Michel Dennemont, ex-maire, qui bat actuellement la campagne pour tenter de prolonger son siège de sénateur, il critiquait dernièrement sur les ondes la sécheresse et le manque d'eau dans les hauts des Avirons, au Tévelave notamment, un sujet pourtant sensible, qui lui a valu quelques ennuis judiciaires récents.
En effet, l'actuel sénateur Dennemont, qui a été longtemps - 7 ans - président du Centre de Gestion de la Fonction Publique Territoriale, en qualité de maire des Avirons, conseiller régional (2015 à 2017,) tout en percevant en sus de ses revenus d'infirmier - retraité depuis le 1er avril 2017 - des jetons de présence ou indemnités en tant que vice-président de la Civis, mais aussi conseils d'administration des sociétés publiques locales (SPL) Grand Sud et Avenir, de 2012 à 2016, avait bénéficié ce faisant (2012 à 2017), d'indemnités et d'avantages de fonction épinglés, selon le terme consacré, par la Chambre régionale des comptes, puis quantifiés par la gendarmerie, à hauteur de à 62.>731 euros, bénéfice de la prescription oblige.
Une somme que le sénateur a remboursée grâce à une plainte rendue publique de Claude Payet, administré des Avirons, en conflit direct avec Michel Dennemont après qu'une autorisation d'adduction d'eau accordée par le conseil municipal des Avirons en avril 2006 n'a jamais été honorée.
- Courrier sans réponse -
Par ailleurs, Claude Payet met en exergue le fait qu'à la "mi-juin 2022, et donc sous le mandat de M. Ferrère, sur le chemin de Piton rouge, à l'intersection du chemin de Queue de cheval, ont été effectués des travaux d'extension des réseaux d'eau d'électricité, de fibre optique - sans panneau de chantier - au profit exclusif de 5 bénéficiaires, dont un grand élu de la République.
Dans le même ordre d'idée, Claude Payet a signalé au maire Ferrère, que lors de récents travaux en matière d'adduction d'eau (novembre 2021), sur le chemin Paul Herman, la RD3, jusqu'à l'intersection Chemin Queue de cheval-chemin Mélina, les réseaux n'étaient qu'à 100 m de son terrain ; moyennant quoi un raccordement en sa faveur était possible et peu coûteux. Un courrier qui serait aussi resté sans réponse.
Lors d'une entrevue avec le maire des Avirons, courant mars 2021, Claude Payet accompagné de son avocat, s'est entendu dire qu'il lui fallait rassembler un collectif de demandeurs d'eau, comme lui, de façon à constituer un groupement qui permettrait de solliciter la CISE, société fermière en charge de histoires d'eau pour le compte de la CIVIS…
Une demande a donc été effectuée auprès de la CISE et finalisée en date du 21 décembre 2022. Qui a abouti à une proposition de raccordement… aux frais du demandeur, ce qui n'est pas le cas des précédents cas évoqués.
Claude Payet a expliqué son cas par courrier au président de la CIVIS, Michel Fontaine, au président de l'association des maires de La Réunion, Serge Hoarau, par ailleurs vice-président de la Civis.
Interrogée, la mairie des Avirons indique que "s'agissant de l'eau irriguée, la mairie a sollicité le Conseil Départemental pour étendre le réseau irrigué du réservoir existant des Avirons (réseau Bras de Cilaos) et créer 4 étages de pompage pour refouler l’eau de la côte 329 (altitude du réservoir) à la côte 900 (altitude maximale de la zone d’étude). L'étude est en cours et devrait permettre, à terme , d’accroître la productivité agricole d’environ 50%, soit, l’équivalent de 189 ha de plus qui serait mis en valeur. Les agriculteurs auxquels vous faites référence sont concernés par ce projet".
"Pour ce qui est de l'électrification des exploitations agricoles. Cette dernière se fait sous la maîtrise d'ouvrage du SIDELEC. Sur le secteur de Mélina, la Commune a demandé au SIDELEC de réaliser une première tranche de travaux. Ce qui a été fait en 2022. Le coût étant très important, la programmation se fait dans le temps et en fonction des moyens. Une deuxième tranche sera probablement réalisée dès confirmation des faisabilités techniques et financières" ajoute-t-elle.
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