Belal était un avant-goût

Changement climatique : les futurs cyclones seront plus courts mais plus intenses

  • Publié le 27 janvier 2024 à 09:31
  • Actualisé le 29 janvier 2024 à 15:42

Le cyclone Belal est dans toutes les têtes. Ses vents surpuisssants et ses pluies torrentielles étaient tellement menaçants que, pour la première fois à La Réunion, les autorités ont déclenché l'alerte violette, signifiant le confinement total même pour les secours et les forces de l'ordre. À peine quelques jours plus tard, la tempête Candice a navigué au large de nos côtes. Elle ne nous a pas frappé directement mais sa proximité a généré de grosses précipitations. Météo France a lancé une vigilance rouge fortes pluies et orages pour la moitié sud de l'île. Du rarement vu. Le cyclone Belal a été finalement moins puissant que prévu, mais, les météorologues en sont certains, en raison du réchauffement climatique des cyclones plus courts mais plus intenses se produiront (Photo rb/www.imazpress.com)

"Les systèmes qui se forment dans la configuration de cette année sont liés au phénomène El Nino qui se situe dans le pacifique", explique François Bonnardot, responsable prévision à Météo France.

"Des systèmes qui ont tendance à se former en partie centrale du bassin avec des trajectoires qui plongent beaucoup plus rapidement que d'habitude vers le sud", précise-t-il.

"C'est d'ailleurs ce qui s'est passé avec le phénomène Belal et avec Candice", poursuit François Bonnardot.

- Belal, un phénomène à part -

À savoir que Belal a été un phénomène assez particulier pour La Réunion. S'il a été fort heureusement moins intense qu'annoncé au départ – causant tout de même de nombreux dégâts -, il reste historique de par sa trajectoire.

"Belal n'est pas un système cyclonique très particulier en soi. Ce qui a fait sa particularité c'est qu'il a traversé ou en tout cas heurté La Réunion de plein fouet."

"Ce n'est pas fréquent qu'un système vienne impacter directement l'île", dit-il, évoquant le fait que "le dernier système dont l'œil est venu directement impacter l'île c'était le 19 janvier 1993 avec Colina. "Ça fait plus de 30 ans et c'est ce qui fait le caractère particulier."

Par contre, Belal "n'est absolument pas un système particulièrement intense au regard de l'historique des cyclones qui ont transité sur les zones sur les 40 à 50 dernières années", précise François Bonnardot.

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- Des cyclones plus menaçants -

Des cyclones comme Belal - de par son intensité mais pas forcément sa trajectoire - ou du moins des systèmes qui se dirigent plus vers le sud et donc menaceraient les Mascareignes, il faut s'y préparer.

"Oui il y aura probablement dans le courant février ou mars d'autres systèmes cycloniques qui vont se former dans la zone. Possible aussi dans la partie centrale où on privilégie plutôt en zone de cyclogenèse la partie centrale du bassin mais avec des trajectoires qui pourraient être encore orientées sud ou sud-est.

"Et donc effectivement rien n'est impossible, mais on ne s'attend pas forcément à ce qu'il y ait un autre système qui vienne directement affecter La Réunion dans le courant de cette saison", note François Bonnardot, responsable à Météo France Réunion.

Cette année d'ailleurs, "on a possiblement moins de système que d'habitude – on a tablé sur une fourchette entre cinq et huit systèmes mais par contre, lorsque ces systèmes se formeront, ils se formeront plutôt sur la partie centrale du bassin avec des trajectoires qui seraient possiblement menaçante pour les Mascareignes", indique François Bonnardot.

Les Mascareignes étant un archipel de l'Océan indien formé de trois îles : La Réunion, Maurice et Rodrigues.

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- La faute au réchauffement climatique -

À l'avenir, "la possibilité que les cyclones les plus intenses puissent évoluer à des latitudes plus australes exposant ainsi La Réunion est accrue", indique Météo France.

Comme le précisait François Bonnardot et que confirme Marie-Dominique Leroux - responsable division études et climatologie, "les "simulations climatiques pour l'ensemble du bassin sud-ouest de l'océan Indien montrent plutôt une diminution du nombre total de systèmes (catégories 1 à 5) mais une augmentation de la proportion des systèmes les plus intenses de type Freddy (catégorie 4 à 5)".

"Par ailleurs, les projections futures montrent aussi que la zone actuelle où les systèmes atteignent leur maximum d'intensité dans le bassin devrait se décaler légèrement vers le sud à mesure que le climat se réchauffe."

"Ils auront aussi une durée de vie légèrement plus longue, à cause de l'augmentation des températures de la mer, leur principal carburant énergétique", ajoute la responsable.

En conclusion, il va falloir s'attendre pour les années à venir, à plus de cyclone sur les îles des Mascareignes (à cause de l'intensification des phénomènes), à cause du réchauffement climatique. "Les cyclones qui transiteront près de notre île dans le futur seront plus intenses que dans le passé, et ce d'autant plus que le climat se réchauffera", précise Marie-Dominique Leroux.

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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