Le public bientôt consulté

Cétacés : durcir la réglementation pour arrêter le harcèlement des baleines et des dauphins

  • Publié le 7 janvier 2025 à 10:31

À La Réunion, la saison des baleines 2024 a été l'une des plus grosses saisons depuis 2001. Si importante que les géantes des mers ont été soumises à une forte pression de la part des bateaux de plaisance. Les dauphins, présents eux tout au long de l'année, sont aussi victimes de cet afflux de navires. Un projet d'adaptation de l'arrêté préfectoral réglementant l'approche des cétacés sera soumis courant février aux instances consultatives et fera l'objet d'une consultation du public dans la foulée (Photo : www.imazpress.com)

"Pour garantir une activité durable et responsable vis-à-vis du bien-être des animaux, il est aujourd'hui nécessaire de réduire et réguler cette forte pression", interpelle Audrey Cartraud de la brigade Quiétude pour l'observation respectueuse des cétacés et des tortues marines à La Réunion.

Un appel à une évolution de la charte lancé depuis plusieurs mois par les associations de protection environnementale et plusieurs professionnels de la mer.

"La réglementation actuelle donne des règles d'approche et d'observation mais ne répond pas aux enjeux de croissance de l'activité. Selon nous, des améliorations sur ce point doivent être impérativement faites afin de garantir la quiétude des baleines mais aussi des dauphins, qui subissent une pression toute l'année", note Quiétude.

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- Vers une évolution de l'approche des baleines en 2025 -

Alors que le sous-préfet de Saint-Paul avait été interpellé à plusieurs reprises, en 2024, l'évolution de la charte n'était toujours pas à l'ordre de du jour.

Force est constater que face aux chiffres alarmants des associations, l'État a peut-être décidé d'agir.

"Dans le cadre du double objectif de préservation de la biodiversité et de préservation du tourisme durable à La Réunion, l'ancien préfet avait lancé une vaste consultation avec l'ensemble des acteurs pour aboutir à des évolutions cohérentes, lisibles et à même d'améliorer la situation sur la place d'eau", indique la préfecture.

Les services de l'État qui précisent : "une évolution de l'arrêté préfectoral du 7 juillet 2021 n'est pas exclue s'il s'avère nécessaire pour la protection des espèces marines. Ce projet sera soumis, courant février, aux instances consultatives et fera l'objet d'une consultation du public".

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Pour avancer dans le bon sens également, l'équipe Quiétude "organise des temps d'échanges avec l'ensemble des acteurs concernés afin de réfléchir et de construire une activité plus responsable et respectueuse des animaux".

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En attendant, il est très important de respecter l'arrêté préfectoral.

L’arrêté préfectoral du 7 juillet 2021 (n°2021-1306) comporte des règles précises de distance, de vitesse d’approche, de jauge de fréquentation et d’horaires d’observation.

- Des plaisanciers n'ont pas attendu l'évolution de la charte pour agir -

À La Réunion – comme nous vous en parlions en septembre 2024 – des professionnels dont des clubs de plongée ont, début septembre, pris la décision de ne plus proposer de sorties baleines.

Un comportement salué par les associations. "Il est important de souligner que de nombreuses initiatives sont encourageantes et vont dans le sens du bien-être de l’animal. En effet, certains prestataires soucieux de leur impact sur les animaux prennent des dispositions volontaires afin de réduire leur pression", note Quiétude.

Notamment la limitation de leur nombre de sorties à 1 ou 2 maximum par jour, l'arrêt des sorties lorsque la pression des bateaux sur les cétacés est trop importante en fin de saison, l'arrêt des observations lorsque les baleines ou dauphins changent de comportement.

Ils incitent également "leurs passagers à suivre la formation en ligne OMEGA afin d'être sensibilisé aux bonnes pratiques et à l'impact que l'activité peut avoir".

De plus, ces prestataires diffusent "une communication réaliste des sorties en rappelant que ce sont des animaux sauvages et que la mise à l'eau et leur observation ne sont jamais garanties. Les nombreuses images de cétacés illustrant une très forte proximité avec des baigneurs ou bateaux restent des situations très rares. Les diffuser et les banaliser créent une attente de la part de la clientèle poussant des prestataires à ne pas respecter certains points de la réglementation et dérangeant ainsi les cétacés", note Audrey Cartraud.

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- Vitesse, proximité… beaucoup trop de bateaux et très peu de respect -

Si les équipes de Globice et de la brigade Quiétude avaient noté une amélioration des comportements depuis 2017, "aujourd'hui la multiplication des structures et bateaux engendrent une forte pression sur les animaux et amène à des pratiques non-respectueuses pouvant avoir des conséquences à court et long terme sur les populations des cétacés", précisent les équipes.

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En 2024, lors de sorties encadrées (structures professionnelles) ou non-encadrées (bateaux de location ou plaisanciers), de nombreux comportements préjudiciables ont été relevés.

Des comportements, "tels que la vitesse autour des cétacés, la répétition des observations sur des mêmes groupes, le positionnement sur la trajectoire des animaux, le nombre de baigneurs sur un même groupe"

Pour exemple, les équipes du groupe Quiétude ont relevé sur seulement 1h30 de sortie, plus de dix observations depuis un navire et mises à l'eau consécutives sur un seul groupe de baleines.

Imaginez ce que cela peut représenter sur une journée. D'autant que de nombreuses études indiquent que cette activité peut avoir un impact négatif sur les animaux à court et long terme. À La Réunion, l’équipe a montré en 2021, qu’au-delà de trois bateaux autour de 300 m d’un groupe de dauphins long-bec, des comportements d’évitement, de fuite de la part des animaux sont notés dans 50 % des cas.

Il est important de rappeler que l’observation des cétacés n’est pas une activité anodine et elle est devenue trop banalisée.

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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10 Commentaires
Pierrot 974
Pierrot 974
2 mois

@ Patrice
Très bien vu, y compris pour le dernier paragraphe, sans oublier les énormes enceintes poussées au maximum jusqu'à 3h du matin, pour un prétexte de fête ou un autre, tout au long de l'année.
Malgré les lois, on laisse les j'm'enfoutistes régner, que ce soit vis à vis des baleines, de la tranquillité nocturne du voisinage, ou de la nature qu'on makote à qui mieux mieux.

Patrice
Patrice
2 mois

Le plus triste, ce ne serait pas tant d’interdire les mises à l’eau. Ce serait de les réserver uniquement aux entreprises. Là, on serait dans le pur business des cétacés. La privatisation de la nature et sa réservation aux touristes (surtout)
Est-ce que dans l'immédiat la solution ne serait pas, non pas une nouvelle réglementation, mais plutôt application de l’existante ? Donc déjà, faire respecter la loi actuelle, avant d'annoncer encore d'autres à venir ?

Mais ça, c’est bien à l’image de beaucoup du travail de l’Etat et de ses services à la Réunion: écrire beaucoup, et agir peu.
Combien d’amendes ont été faites sur 2024 en lien avec des infractions à la réglementation des cétacés ?

Remarquez, même en roue arrière, sans casque, sur une voie de bus, et avec un pot trafiqué qui réveille tout un quartier, on peut doubler une voiture de Police sans que rien ne se passe, donc...

Pompe a fric!
Pompe a fric!
2 mois

Le phénomène baleine..plus fort que les vraies problèmes dans ce pays .. qui deviennent explosifs…!

Toto
Toto
2 mois

Si l association globice pompa a fric avec tous ces bobo a la tête arrêtait d en parler et laissaient les baleines passé leur route tranquillement

Jean René
Jean René
2 mois

Pourquoi approcher les baleines en bateau alors qu’elles sont visibles depuis la côte ?
Pour les toucher ?
Pour un selfie ?

Sort dan fé noir
Sort dan fé noir
2 mois

Ces animaux sont capables de se défendre et si elles ne voulaient pas qu'on les approche, on ne les approcheraient pas tout simplement. Ce qu'il faut réglementer c'est le nombre de bateaux qui les approchent et libres à tous ceux qui veulent aller à l'eau...c'est l'être humain qui est vulnérable dans l'eau pas elles !! Ici les baleines, on les vénère, on les admire, certes il faut quelque peu réglementer pour que tout se passe bien mais elles aiment venir nous voir ces êtres lumineux !

Paul
Paul
2 mois

Jean-François Nativel a carrément l'intention de les chasser, de les tuer, preuve de son indéfectible imbécilité chronique, alors qu'il occupe des fonctions en termes de biodiversité...

Il faut reconnaître que les "loups" du lucre, attirés par la demande des touristes en mal de sensations fortes (on peut les comprendre cela dit), ne respectent absolument pas la charte qui prévaut...

Le fric, tout jours le fric, encore le fric...

Moi, je dis qu'il faudrait suivre par drone toutes les embarcations qui approchent les cétacés, et verbaliser lourdement tout manquement à la Charte.

Il faut laisser ces mammifères tranquilles....

Idem pour les petits malins avec leurs jet skis...

Quand on tape au porte monnaie, en général, ça marque...

C'est assez!!!!!!!!

Nino
Nino
2 mois

Les gens ne respectent rien, ils sont totalement stupides.

Laurence
Laurence
2 mois

On est aux antipodes du commentaire précédent. Beaucoup trop d'associations et de fonctionnaires ecolo bobo paralysant à la fois la réalité de notre relation à la faune et la perception des choses. Et cela est fortement exagéré par les trop nombreux journalistes de gauche et extrême gauche

Antipode
Antipode
2 mois

En France le souci ne sont pas les lois, elles existent à-foison ; par-contre, les divers-droites (afin de s'assurer l'impunité et tout privatiser dans leur intérêt particulier) ont détruit le plus possible les emplois de fonctionnaires censés les faire appliquer, et E.Macron espère en être le fossoyeur final !