Fin de saison

Un dernier saut et puis s'en vont : les baleines quittent les eaux de La Réunion

  • Publié le 28 septembre 2024 à 12:23

Voilà, c'est fini… enfin presque. Nous sommes le samedi 28 septembre 2024 et les belles géantes des mers sont en train de lever leurs nageoires pour un dernier salut dans les eaux réunionnaises. Selon les chiffres encore provisoires de l'association Globice, 360 baleines nous ont rendus visite cette année contre 1.156 en 2023. Une saison qui "peut faire pâle figure mais au regard de l’historique global, c’est une très bonne saison", lance Globice (Photo www.imazpress.com)

"La fin de saison des baleines 2024 est avérée", confirme Jean-Marc Gancille, chargé de communication chez Globice Réunion.

Toutefois, "cela n'exclut pas de voir éventuellement quelques individus ici ou là mais la très grande majorité des baleines à bosse ont quitté nos eaux territoriales".

Des géantes des mers, qui, même si elles semblaient plus timides cette année – forcément après une année 2023 qui a battu des records avec 1.156 baleines recensées – étaient bien présentes. "La saison 2024 peut faire pâle figure mais au regard de l’historique global, c’est une très bonne saison", lance Globice.

"À ce jour, la troisième meilleure constatée à La Réunion", ajoute Jean-Marc Gancille.

Si Globice n'a pas encore toutes les données, selon ces premiers chiffres, 360 individus ont été aperçus mi-septembre. "On n'atteindra probablement pas le chiffre de 430 de 2022 mais on n'en sera pas très loin."

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"Donc on peut être très satisfaits sur la présence des baleines dans nos eaux territoriales encore cette saison" commente l'association, même "si c'est un départ précoce comparativement à l'année passée."

Mais "au regard de toutes les autres saisons, 2024 est très classique avec un départ massif des animaux mi-septembre" ajoute Globice.

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- Des baleines sous pression -

Des baleines présentes mais plus timides, qui ont dû faire face à une pression des navires d'observation – professionnels comme particuliers.

"On a observé une baleine faire des manœuvres pour convaincre l'humain de s'éloigner de son baleineau, sans agressivité", relatait lors d'une conférence de presse Charline Fisseau, chargée du pôle "science" au CEDTM.

Toutefois, "il est difficile d'affirmer sans une étude rigoureuse sur ce sujet", qu'avec la présence accrue de navires, les baleines ont changé de comportement, indique Jean-Marc Gancille.

"Les baleines sont des animaux très pacifiques et les articles sensationnalistes sur leurs prétendus comportements dangereux doivent être relativisés", dit Jean-Marc Gancille, évoquant plusieurs articles de presse pointant du doigt le comportement Moustache, une baleine décrite comme agressive à cause des "touristes".

La équipes de la brigade Quiétude ont d'ailleurs souhaité faire une mise au point. "Moustache a montré des comportements dits agonistiques, souvent adoptés lors de la compétition entre individus, de la défense face à un prédateur ou lors d'une menace d'un danger quelconque."

Si - à force d'être sursollicité par les bateaux et baigneurs - "l'intensité de ces signes d’intimidation a été plus forte (cisaillement de nageoire pectorale et de caudale dirigées vers les groupes de baigneurs, interposition entre un groupe de baigneurs et le bateau, séparation d’un groupe de baigneurs, contacts physiques), nous interprétons cela comme des signes d'agacement et d'alerte avant d'adopter un comportement potentiellement plus offensif".

"Il y a beaucoup de subjectivité dans le ressenti de chacun. Néanmoins il est incontestable que le nombre de bateaux, de rotations et de mises à l’eau était très élevé cette saison, avec des conséquences logiquement perturbatrices pour la quiétude des animaux, particulièrement des mères avec leur baleineau, en quête de tranquillité pendant cette période où elles sont particulièrement vulnérables", s'indigne le chargé de développement.

"Cela dit le milieu sauvage est imprévisible et la prudence doit y être permanente", rappelle le scientifique.

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- À quand un changement de la règlementation ? -

Trop de navires c'est un fait. Lors d'une sortie bateau, le préfet avait déclaré : "la saison 2024 est un moment d'évaluation. À la fin de la saison, on constatera si on doit changer les règles, donc peut-être les durcir si on remarque qu'on met en danger les baleines. Je suis prêt à changer les règles, et donc de les durcir si nécessaire".

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Est-il nécessaire de durcir la règlementation comme le souhaiteraient plusieurs professionnels de la mer. Des professionnels dont des clubs de plongée qui, début septembre, ont ont pris la décision de ne plus proposer de sorties baleines.

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"Globice plaide la cause des cétacés et se base sur les connaissances scientifiques pour argumenter en faveur de leur bien-être et de leur protection. Objectivement la situation actuelle n’est pas satisfaisante et nous participerons aux concertations avec des propositions permettant de placer le curseur à un niveau de responsabilité et de respect plus élevé", explique Jean-Marc Gancille.

"Les exemples des sanctuaires des Antilles ou de Méditerranée peuvent nous inspirer également", évoque-t-il. En effet, dans les Antilles, l'observation des cétacés n'est possible que par des personnes autorisées et formées.

- Des baleines victimes du réchauffement climatique -

Des baleines, qui, en plus d'être soumises à la pression des professionnels et particuliers en mer, subissent de plein fouet le réchauffement climatique. Rien que dans le Pacifique nord, leur nombre a chuté de 20 %.

À La Réunion, Globice mène depuis le début de la saison des missions d'observation et d'études sur les baleines afin de regarder si oui ou non les géantes de mers ont vu leur morphologie changer.

Mais "il est encore trop tôt pour livrer des conclusions", précise le chargé de développement.

"Nous venons de lancer cette année un programme de suivi par drone de l’état de santé des baleines. Celui-ci se déroulera sur trois saisons. Il nous permettra d’évaluer la corpulence et la masse des baleines et de surveiller par exemple les signes d’une éventuelle malnutrition", dit-il.

"La fonte de la glace de mer en Antarctique affectera très certainement à terme l’abondance et la disponibilité des proies des baleines.

C’est une menace majeure pour la viabilité des populations au niveau actuel", alerte Globice.

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- 22.300 personnes sur l'application Balèn terla -

Hormis ces impacts, la saison des baleines à La Réunion fut une grande réussite sur le littoral réunionnais.

Depuis le 17 juin 2024, Globice a lancé l'application Balèn Ter La, permettant aux Réunionnais comme visiteurs de passage d'observer les cétacés sans avoir à aller en mer.

Une application qui a connu un franc succès. "Nous sommes très heureux que Balèn terla ait immédiatement trouvé son public. 22.300 personnes ont téléchargé l’application et surtout, l’ont utilisé intensément durant la saison", se réjouit Jean-Marc Gancille.

"C’est la marque d’un engouement très fort de la population pour les baleines et pour un mode d’observation sans aucun impact sur leur quiétude. Avec Balèn terla, nous disposons d’un outil utile pour sensibiliser les réunionnais et les touristes à ces animaux merveilleux afin d’encourager des pratiques qui leur soit le moins préjudiciables possible".

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Espérons que cette sensibilisation de tous, Réunionnais, touristes, professionnels, État, permettra à nos baleines de revenir en toute quiétude l'année prochaine – et en nombre – le long des eaux réunionnaises.

ma.m/www.imazpress.com/[email protected]

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