Quatre ans après l’ouverture d’une enquête pour abus de faiblesse, l’affaire Extravagance connaît un nouveau rebondissement. Mis en examen en 2021, le pasteur Bruno Picard reste sous contrôle judiciaire tandis que l’instruction suit bien lentement son cours. Entre soupçons de dérive sectaire, pressions financières et emprise psychologique, le dossier reste sensible. Dernier développement en date : l’arrivée remarquée de l'avocat Me Fabrice Di Vizio à la défense du pasteur. (Photo : sly/www.imazpress.com)
C’est un tournant majeur dans l’affaire Extravagance. Le pasteur Bruno Picard, figure centrale du mouvement religieux basé à Saint-Pierre a été mis en examen pour abus de faiblesse en juin 2021. Il est depuis placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire, de prêcher ou de diriger l’association. Une enquête sensible, qui s’annonce longue et complexe.
Tout commence en février 2021, avec une plainte déposée par Rudy Thazard, un ancien membre du mouvement. Il dénonce des pratiques relevant selon lui de la dérive sectaire : sujétion psychologique, exigences financières, contrôle des choix de vie. D’autres témoignages affluent rapidement évoquant l’isolement social, les pressions morales, et des dons devenus quasi obligatoires.
Face à ces éléments, le parquet de Saint-Pierre ouvre une enquête préliminaire pour abus de faiblesse. Les investigations, d’abord confiées à la brigade financière du STPJ, sont reprises par les gendarmes de la section de recherches. Objectif : déterminer si les agissements du pasteur relèvent d’une simple pratique religieuse… ou d’un véritable système d’emprise.
- Garde à vue, perquisitions, et contrôle judiciaire -
Le 20 juin 2021, Bruno Picard est placé en garde à vue à Saint-Denis. Pendant 24 heures, il est interrogé par les enquêteurs. En parallèle, des perquisitions ont lieu : au siège de l’église Extravagance à St-Pierre, à son domicile du Sud de l'île, et dans plusieurs lieux liés à l’organisation. D'innombrables documents comptables, vidéos, et relevés de dons sont saisis.
Le lendemain, Bruno Picard est présenté à un juge d’instruction. Il est officiellement mis en examen pour abus de faiblesse. Les accusations portent à ce moment-là sur huit victimes identifiées, et sur l’exploitation de la sujétion psychologique ou physique de personnes engagées dans les activités du mouvement.
L’homme d’église est placé sous contrôle judiciaire : interdiction de quitter La Réunion, interdiction de prêcher, interdiction d’exercer toute fonction dirigeante dans l’association, et obligation de verser un cautionnement.
Fait notable : l’église elle-même, en tant que personne morale, est également mise en examen.
L’abus de faiblesse est un délit prévu par le Code pénal, puni de cinq ans d’emprisonnement. Il vise les cas où une personne profite de l’état de vulnérabilité d’autrui — physique, psychologique ou économique — pour obtenir un avantage. Dans le cas d’Extravagance, il s’agirait d’un abus d’autorité spirituelle pour inciter les fidèles à faire des dons ou à se soumettre aux décisions du pasteur.
Selon la procureure de Saint-Pierre de l'époque, Caroline Calbo, il s’agit de vérifier si le mouvement avait pour but ou pour effet de "créer, maintenir ou exploiter une sujétion". En clair : faire en sorte que les membres n’aient plus de capacité critique, et deviennent totalement dépendants du groupe.
- La défense contre-attaque -
Du côté de l’église, la ligne de défense est claire : Bruno Picard et ses avocats saint-pierrois rejettent toute accusation de dérive sectaire ou d’emprise. Dans un communiqué, l’Église protestante évangélique Extravagance affirme qu’elle "se tient à la disposition de la justice", mais dénonce une campagne calomnieuse menée par d’anciens membres.
Selon son avocate de l'époque, Me Mahalia Galais, les dons sont "des libéralités", consenties librement. Les 1,2 million d’euros perçus en 2018 seraient parfaitement déclarés, et certifiés sans réserve par un commissaire aux comptes.
L’église accuse par ailleurs Rudy Thazard, plaignant à l’origine du dossier, d’être lui-même visé par une enquête pour abus de confiance dans une autre affaire. De quoi jeter le doute sur ses intentions ? C’est ce que la défense pourrait tenter de prouver.
- Des poursuites attendues devant le tribunal correctionnel ? -
L’affaire est depuis 4 ans déjà entre les mains d’un juge d’instruction. Il doit déterminer si les faits reprochés sont constitutifs d’un abus de faiblesse organisé. L’instruction doit permettre aussi de trancher sur la légalité des émanations du mouvement (groupes sociaux, commerces, école privée) et sur le train de vie réel de ses dirigeants qui pourraient alors être poursuivis devant le tribunal correctionnel de Saint-Pierre.
Bruno Picard, affaibli, s’est mis en retrait depuis son placement sous contrôle judiciaire. Nos confrères de Zinfos974 annoncent cependant qu'il a récemment choisi un nouvel avocat métropolitain : Me Fabrice Di Vizio qui défraye autant la chronique que son client.
is/www.imazpress.com/redac@

Son nouvel avocat a un CV fourni .
pasteur par la volonté de lui même sans doute!