Il est toujours particulièrement douloureux de perdre une personne proche, une personne que l'on aime. Faire constater le décès, préparer les obsèques, organiser la veillée, faire son deuil... Un processus obligatoire à faire dans ces instants de tristesse. Mais alors que la douleur est déjà bien présente, elle devient encore plus forte, lorsque les proches se retrouvent dans l'impossibilité de faire constater le décès par un médecins et doivent patienter parfois des heures avec le corps du défunt. Sans ce certificat de décès, les pompes funèbres n'ont pas le droit de prendre en charge la dépouille. Enquête (Photo : rb/www.ipreunion.com)
Plusieurs familles de La Réunion ont subi cette triste situation. C'est le cas de la voisine de Françoise Fontaine, bénévole à l’association solidarité inter-générations à Saint-André. En début d’année, le père de famille est décédé, laissant ses proches dans une immense tristesse. Leur douleur qui s’est accentuée lorsque la famille n’a pu avoir un médecin pour faire constater le décès.
"Le médecin traitant n’était pas là et le remplaçant ne voulait pas se déplacer", témoigne Françoise. "Ils ont été obligés d’attendre le lendemain et sont restés toute la soirée avec le corps de leur père." Une aberration et une épreuve qui se cumulent pour les familles dans la peine. "Comment peut-on laisser des familles avec, à côté d’elles, le corps sans vie de leur proche, que l’on regarde se décomposer sans rien pouvoir faire ?". "Comment faire le deuil quand l’on ne peut organiser de veillée dignement ?". C'est ce que se demandent les familles affectées.
Selon Françoise Fontaine, "cela fait des années que ça dure". "C’est inadmissible", clame-t-elle. Elle ajoute, consternée par cette situation, "quand on est médecin on signe un serment d’Hippocrate et donc on doit se déplacer pour délivrer le certificat de décès et apaiser la douleur des proches".
- Véritable parcours du combattant –
"L’absence de médecin pour constater un décès, on le vit pratiquement tous les week-ends, les soirs et jours fériés", explique Aurélien Ceton, conseiller départemental. "La première personne à appeler c’est le médecin de famille, mais s’il est absent ou en congé, il faut trouver un remplaçant et c’est là où ça devient un vrai parcours du combattant", souligne-t-il.
En attendant de trouver une solution, Aurélien Centon et Aude Palant Vergoz, personnalité du monde associatif, proposent que deux médecins soient affectés à la constatation des décès. "Si on arrive à avoir un médecin, son rôle serait de se déplacer pour constater le décès ou alors il aurait une liste de médecins à joindre", note l’élu. "On peut même avoir des médecins volontaires à la retraite", ajoute-t-il.
Ce mardi 23 août Aurélien Centon, Aude Palant-Vergoz ainsi que les conseillers départementaux René Sotaca, Jean-Marie Virapoullé, Fabiola Lagourde et Barbara Cornwell, avaient rendez-vous avec l’Agence régionale de santé "pour alerter sur la difficulté de trouver un médecin" pour constater les décès. "On a pu confronter notre version du terrain à la version technique", relate Aurélien Centon. "Apparemment, beaucoup d’informations ne sont pas remontées de manière technique", explique-t-il Aurélien Centon, en ajoutant que l’ARS "se penche sur le sujet".
L’Agence régionale de santé s’est en effet emparée du dossier. "Une rencontre a eu lieu entre le directeur général et des élus du Département et des représentants de l’association des maires", confirme l’ARS. "Les élus ont fait part de certaines difficultés pour faire établir un certificat de décès en particulier le week-end ou dans la nuit, sans que le problème puisse être quantifié à ce jour", ajoute l’établissement public de santé.
Il précise, "le directeur général de l'Agence a pris acte des difficultés rencontrées et de leurs implications pour les familles endeuillées, difficultés qui semblent survenir surtout les week-ends ou en soirée, avec une prédominance sur les communes de Saint-Denis et Sainte-Marie."
"Chacun a bien convenu que, dans les circonstances douloureuses d’un décès, une solution doit être apportée et que les demandes exprimées sont légitimes. De même, il a été reconnu que les médecins du territoire se devaient de donner la priorité à la prise en charge des patients requérants des soins", souligne l’Agence régionale de Santé.
C’est pourquoi, l’ARS a prévu de mettre en place prochainement un système de signalement de tout incident afin de mieux caractériser les difficultés rencontrées et ainsi d’apporter toutes les améliorations nécessaires aux dispositifs existants.
- Un problème qui perdure -
Pour Christine Kowalzyck, médecin généraliste et présidente de l'Union régionale des médecins libéraux, "certains élus voudraient des médecins H-24, mais malheureusement le constat est là, nous ne sommes pas assez nombreux".
A noter que cette situation ne date pas d’hier. Voici des années que membres du corps médical, autorités municipales et députés tirent la sonnette d’alarme. Départs à la retraite de libéraux, trop âgés pour continuer à exercer, jeunes docteurs peinant à s’installer par faute de moyens…. En 2017 plusieurs élus ont proposé que les infirmiers libéraux puissent, le cas échéant, effectuer les constatations d’usage et remplir le certificat de décès. La solution n’a pour l’instant fait l’objet d’aucune avancée légale.
En plus d’Aurélien Centon, d’autres élus notamment les parlementaires se sont penchés sur ce sujet très concernant pour les Réunionnais. Philippe Naillet, député de la 1ère circonscription indique que, par le passé, "Ericka Bareigts avait déjà interpellé la ministre de la santé Agnès Buzyn et avait proposé que les infirmièr.e.s puissent remplir les certificats de décès après une formation".
Pour lui, "le gouvernement et la majorité ont préféré pallier cette situation en ouvrant la possibilité pour les médecins retraités et les étudiants de 3ème cycle de les remplir. Cela n’est pas satisfaisant et ne répond pas aux attentes". "En cette période de surmortalité passagère et alors que la population réunionnaise est vieillissante, il y a urgence à trouver une solution pérenne", clame-t-il. Philippe Naillet l’assure, il "ne lâchera pas l’affaire" et promet de réinterpeller les autorités compétentes.
Un sujet dont s’est également emparé depuis son premier mandat en 2017, le député Jean-Hugues Ratenon. "J’ai pris ce dossier à cœur car trop de gens évoquaient déjà la rareté des médecins pour établir un certificat de décès les nuits, week-ends et jours fériés". Il avait d’ailleurs lui-même interpellé la ministre des solidarités et de la santé de l’époque. Mais depuis, "le gouvernement n’a pas apporté de réponses concrètes et immédiates à cette situation dramatique", dit-il. Il ajoute, "récemment encore, j’ai vu des familles désemparées qui ne trouvent personne pour faire constater la mort d’un proche et l’impossibilité pour les pompes funèbres de procéder à quoi que ce soit". Le député ajoute avoir proposé en début d’année que des pompiers, infirmiers et autres corps de métiers puissent établir cet acte. Cela est encore une fois resté sans réponse de la part de l’État.
Même avis du côté de Karine Lebon. "Cette question n'est pas nouvelle. Huguette Bello en avait déjà fait état dès la treizième législature en 2010", dit-elle. "Nous avons repris le combat à ce sujet et avons rédigé une question écrite le 2 février 2021, doublée d'un courrier en direction du ministère de la santé, proposé à cosignature des autres parlementaires", explique la députée. Elle ajoute, "en l'absence de réponse du ministre à ce sujet, nous profitons du changement de législature et de la nomination d'un nouveau ministre de la santé pour la redéposer. Nous n'abandonnons pas la question et partageons avec l'ensemble des élus la volonté de résoudre ce problème particulièrement éprouvant pour les familles réunionnaises".
Perceval Gaillard, député, reconnait que "cette difficulté qu'ont les Réunionnais à avoir un médecin pour déclarer un décès dans la journée ou dans la nuit est une problématique rencontrée par tous les élus réunionnais. Ayant été adjoint à la mairie de St-Paul, j'y ai fait face. Les mairies sont en première ligne pour déclarer un décès. Mais pour se faire, un certificat de décès émis par un médecin est primordial." Il ajoute, "la réponse à cette situation doit émaner de l'État - et non des collectivités territoriales - à travers le Ministère de la Santé et de l'ARS en proposant une solution pérenne. La mise en astreinte de médecin en est une". "Ce sujet met en exergue des points importants qui touchent à la question de la dignité absolue pour les familles réunionnaises, à la question de santé publique et à l'égalité de traitement vis-à-vis de la mort sur l'ensemble du territoire français", dit-il.
- Comment déclarer le décès d'un proche ? -
Lors de son entrevue avec les élus, l’ARS a expliqué que, "sur les week-ends de jour, l’Agence assure le financement d’une astreinte médicale mobile sur chacun des cinq territoires couvrants ensemble tout le département". Toutefois, "il s’avère que certains tableaux d’astreinte ne sont pas complets". L’ARS a donc sollicité le Conseil départemental de l’ordre des médecins afin d’élargir la liste des médecins volontaires pour cette astreinte et de disposer de tableaux complets.
L’Agence régionale de santé explique également que, "en soirée, de semaine ou de weekend, ce sont habituellement les médecins de garde en ville qui se déplacent aux domiciles en fin de garde". Et que, "l’établissement des certificats de décès fait l’objet d’une rémunération du médecin, prise en charge par l’Assurance maladie".
L’ARS rappelle qu’en cas d’absence de disponibilité du médecin traitant en soirée ou le week-end pour effectuer le certificat de décès, il est conseillé d’appeler le 15 qui pourra rechercher un médecin disponible sur la base des tableaux de garde ou mobiliser la garde mobile.
Les horaires des médecins d’astreintes sont :
- Samedi de 14h00 à 20h00 ;
- Dimanche et jours fériés de 08h00 à 20h00 ;
- Le soir de 20 heures à minuit, le certificat étant le plus souvent fait après les consultations à minuit ;
- De minuit à 08h00 attendre l’ouverture du cabinet du médecin traitant.
A noter que la toilette mortuaire peut être faite et le défunt posé sur la table mortuaire en attendant l’établissement du certificat de décès. Toutefois, pas de mise en route de la table réfrigérée sans constat ou certificat de décès.
ma.m/www.ipreunion.com/redac@ipreunion.com
Un décès n'est pas une urgence ' Est ce que vous vous êtes relus ' On veut aller vite ' Traitez nous d'enfants gâtés tant que vous êtes ! C'est un sujet grave au cas vous n'avez pas bien compris. Je suppose que vous êtes dans le milieu médical 'Avant avec très peu de ressources humaines, on pouvait avoir un médecin à n'importe quelle heure ; il prenait le temps avec son patient, l'ecoutait et pouvait faire un diagnostic plus juste...c'était la belle vie !Aujourd'hui, il y a ce bon dans la technologie, plus de médecins, ils consultent à la chaine et on a le résultat qu'on connaît...l'humain on s'en fout ! Faisons du chiffre fixons ca comme objectif.La population n'a pas à se battre pour que le médecin fasse correctement son métier et à part entière svp..la vie va jusqu'a la mort et quand on s'engage à être médecin, on s'engage à accompagner son patient jusqu'a sa mort en prenant en compte la souffrance de sa famille.On n'est pas là à attendre l'ouverture des bureaux ou que le médecin finisse sa soirée pour agir.Tout cela pour dire qu'avec peu de moyens, on était fier de notre pays ; maintenant, il y a la technologie, il y a des médecins mais on arrive pas à s'organiser, c'est le foutoir total ; il n'y a plus de contrôle, on fait ce qu'on a envie de faire et la population en pâtit. On peut coller d'office un avocat pour défendre un imposteur mais pour un mort on devrait attendre, il n'y a plus d'urgence....ca ne vous dérange pas ' Tout va bien ' .ellle est belle notre FRANCESi la société est ce qu'elle est aujourd'hui, c'est parce que nos dirigeants ont pris de mauvaises décisions et ils continuent ; l'aspect humain ne les intéresse pas...vous devriez faire un mea culpa et présenter à la population vos excuses.Il faut se battre mais pas au détriment des gens.Un moment donné avec toute cette défaillance, le peuple risque de se rebeller et ce sera trop tard....A bon entendeur !
Dans le passé à la Réunion les médecins étaient une denrée très très rare, parfois un médecin par commune parfois. Ce temps là dès que vous appelez ce médecin de jour et à n'importe quelle heure de nuit, le médecin venait à la rencontre des malades et de délivrer un certificat de décès. Aujourd'hui, il y a à la pelle, personne ne se déplace pour une urgence, voilà le résultat du progrès.....je suis favorable à l'idée très pertinente de M. Comorassamy au sujet de déléguer aux infirmiers cet acte, d'autant plus que ses infirmiers sont des personnels très présents auprès de nos personnes âgées. Favorable aussi que l'acte soit très encadré et que les infirmiers bénéficient d'une formation supplémentaire et spécifique. Pas besoin d'être élu député pour avoir des idée pertinente.
A mon avis c'est d'abord une histoire de gros sous, Il faudrait mieux les rémunérer, ensuite, les médecins ont droit eux aussi au repos, ils n'ont qu'à remettre en place le système de garde, il y a 4 week-ends dans le mois. Une dizaine de toubibs à Bras-Panon , une vingtaine à Saint André, une bonne centaine à Saint Denis, apparemment plus d'un millier sur la Réunion.Il y a 24 communes, fait une moyenne de 40 par commune, soit 10 potentiels par week-end.
En 2019, 1300 amendements déposés en commission des affaires sociales de l'assemblée nationale, proposant de déléguer ces actes aux infirmiers libéraux. Tous refusés en disant que c'est un acte médical et il revient au médecins. Aujourd'hui avec des infirmiers en pratique avancée (les IPA), tout est possible à present pour que nos élus de l'assemblée nationale à travers un projet de loi propose la délégation de ces acte avec un cadre défini aux IPA (INFIRMIERS EN PRATIQUE AVANCÉE ). Que nos députés s'impliquent plus fortement sur cette problématique !
Encore un gros titre pour pas grand chose. Je ne parle pas ici de la douleur de perdre un proche, ce qui est évident, mais douleur qu'un certificat de décès ne soulage en rien. Il est certes parfois difficile de joindre un médecin la nuit, mais la mort n est en aucun cas une urgence. Les infirmiers et infirmières sont toujours joignable et se déplace sans problème pour effectuer la toilette mortuaire et installer le patient dignement, à partir de là, la veillée peut commencer sans pompe funèbre ni médecin qui viendra au petit matin. Aujourd'hui nous voulons tout avoir tout de suite, restons simple, encore une fois un décès n est plus une urgence. A chaque médecin de gérer ses décès.