Une saison exceptionnelle

Autant de baleines à La Réunion, c'est du jamais vu

  • Publié le 30 juillet 2023 à 12:24

Il y a de cela un peu plus d'un mois, la toute première baleine (officielle) de la saison était observée au large de Trois-Bassins. Les jours se suivent et les observations des géantes des mers également. Et si au départ la présence précoce des baleines le long de nos côtes laissait présager une mauvaise saison à venir, point en est… bien au contraire. Pour le plus grand bonheur des Réunionnais et des amoureux des cétacés, la saison s'annonce exceptionnelle. "C'est du jamais vu à La Réunion" commente Globice (Photo : rb/www.imazpress.com)

De Saint-Pierre au large du Barachois à Saint-Denis en passant par l'Ouest, les baleines sont là. De quoi déjouer toutes les prévisions qui annonçaient une saison moins bonne du fait de l'arrivée précoce des baleines le long de nos côtes.

"La saison 2023 s'annonce effectivement véritablement exceptionnelle", note Jean-Marc Gancille, responsable de la communication et du développement de Globice.

"La densité de baleines à bosse à cette période est du jamais vu à La Réunion", dit-il. Notre modèle statistique l'avait anticipé mais la réalité dépasse nos meilleures attentes", ajoute le responsable chez Globice.

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- Vers une saison record -

Quand nous l'interrogions au tout début de la saison, Jean-Marc Gancille nous le disait, "Ça devrait aller crescendo". Des mots qu'il répète une nouvelle fois. "Les baleines sont arrivées relativement tôt et le rythme d'arrivées sembler aller crescendo".

Pour comparer – et même s'il est encore tôt pour mesurer par rapport à l'année passée qui fut remarquable – "le nombre d'individus photo-identifiés est trois à quatre fois supérieur à celui enregistré à la même période l'année dernière".

"Si les courbes de présence habituelles tout au long de la saison sont respectées, on devrait être dans une saison record, même meilleure que l'année dernière", dit-il.

Pour rappel, en 2022, 417 baleines à bosse ont été recensées à La Réunion sur la saison. Le record de 2018 a même été battu, puisque cette année-là, 338 baleines avaient été identifiées.

- Des baleines plus proches... mais pas forcément à approcher -

Une présence qui pourrait battre tous les records et des baleines moins farouches qu'à l'accoutumée, à en croire les réseaux sociaux.

Nombreux sont ceux qui se sont d'ailleurs étonnés de voir les baleines si proches des côtes et surtout des navires.

"Le fait qu'elles soient proches des côtes est un comportement habituel et normal pour cette espèce", explique Jean-Marc Gancille de Globice. "Les baleines à bosse cherchent de faibles profondeurs pour leurs activités de reproduction et notamment de mise bas", précise le responsable du développement de l'ONG.

Il ajoute, "il n'y a aucune raison de s'étonner de cette proximité au littoral."

Quant au fait qu'elles s'approchent des navires, "les situations sont variables mais les individus juvéniles, qui développent une plus grande curiosité, semblent être en nombre important cette année".

Mais si les jeunes se montrent joueurs et proches des navires, ce n'est pas pour autant qu'il faut s'en approcher.

"Il existe une règlementation spécifique que décrit un arrêté préfectoral précisant les bonnes pratiques à respecter", indique Jean-Marc Gancille. "Tout le monde peut en prendre connaissance sur une plateforme en ligne dédiée, ludique, qui permet l'apprentissage des consignes." La plateforme : https://www.formation-omega.org/

L’arrêté préfectoral du 7 juillet 2021 (n°2021-1306) comporte des règles précises de distance, de vitesse d’approche, de jauge de fréquentation et d’horaires d’observation.

Si certains paramètres dépendent également du comportement des cétacés, notamment la distance minimale, il convient à tout moment de faire preuve de prudence et de précaution en privilégiant une vitesse réduite voire le point-mort pour éviter toute perturbation des mammifères marins. Les principales règles sont rappelées dans le document, ci-joint, qui doit par ailleurs être affiché sur tous les navires.

Les personnes mises en cause s’exposent à de fortes amendes et à la suspension ou au retrait de leur permis de conduire les navires.

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- Des baleines fidèles à La Réunion -

Pour observer ces mammifères marins, Globice met plusieurs dispositifs en place tels que les hydrophones ou encore la photo-identification.

Depuis la première observation de baleine cette année, "nous en sommes à plus de 170 photo-identifications de nageoires caudales (qui est le marqueur individuel de chaque baleine), ce qui est exceptionnel". "Et encore, nous sommes loin d'avoir tout traité", dit-il.

"Nous recevons beaucoup de photos de passionnés dans le cadre de notre programme de science participative KODAL. Face à cette masse de données, nous avons recours à des outils d'intelligence artificielle pour identifier d'éventuelles "recaptures" interannuelles ou géographiques."

Pour cette année – en tout cas depuis le début de la saison – Globice en est "à quatre individus revus sur nos côtes, deux déjà vus en 2021, un vu il y a 10 ans et un autre observé il y a 12 ans sur nos côtes".

Outre la photo-identification, l'ONG procède également à la pose d'hydrophone pour pouvoir étudier le chant des baleines. Deux hydrophones ont été déployés, un dans l'Ouest et l'autre dans le Nord).

Des hydrophones également déployés dans la zone Océan indien par les partenaires de Globice. "Nous mettons en commun ces données pour étudier les mouvements des populations au travers de l'analyse des chants de baleines."

Concernant les balises pour suivre la trajectoire des baleines - dont 11 ont été posées l'année dernière - pas de renouvellement de l'opération cette année. "Ce sont des programmes coûteux et très longs à organiser." Mais "nous préparons de nouvelles opérations pour les années à venir", note Jean-Marc Gancille.

Des balises dont les équipes de Globice "doivent analyser les données collectées afin d'en tirer tous les enseignements sur les logiques migratoires".

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- Pas de panique pour ceux qui n'aiment pas la mer, vous pourrez les voir -

La baleine, un animal qui attire les foules autant qu'il intrigue. Si bon nombre se pressent pour tenter de les apercevoir en mer, d'autres préfèrent le sol de la terre ferme. Pour ces personnes, Globice a prévu de quoi satisfaire la curiosité du public.

Premièrement grâce aux conférences qui ont eu lieu dans l'Ouest et qui ont fait salles combles. "Ce qui prouve l'engouement et la curiosité du public pour ces animaux charismatiques." "L'intérêt des Réunionnais ne se dément pas et s'avère de plus en plus pointu dans les questionnements. L'envie de participer et de protéger est également très forte", souligne Jean-Marc Gancille.

Autre moyen pour côtoyer ces géantes des mers pour ceux qui n'auraient pas le pied marin : le Campus Cétacés Mobile, un "mini-musée" itinérant" qui va au-devant du public "pour sensibiliser, de façon ludique et pédagogique, à ce patrimoine naturel exceptionnel".

ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

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2 Commentaires
Heinrich Koffee
Heinrich Koffee
1 an

Le volcan, les baleines, la fraîcheur, la Réunion lé en l air 👍

Templier974
Templier974
1 an

Il n'y aurait pas le réchauffement climatique dans tout ça ?