Mercredi 21 septembre 2022, Frédéric Vienne, président de la Chambre d'agriculture était sur le marché forain du Chaudron, au plus proche des producteurs de fruits et légumes. L'objectif : expliquer au consommateur comment sont fixés les prix de ventes et leur confirmer, si oui ou non le prix de ces denrées sont en hausse (Photos : mp/www.imazpress.com)
"Cela fait sept mois que La Réunion a été durement impactée par les cyclones Batsirai et Emnati, avec un total de 47 millions d'euros de dégâts", a rappelé le président de la Chambre verte. "Malgré ces épisodes climatiques, les productions ont pu être relancées", souligne-t-il. Bien que les fruits et légumes soient là, les clients se plaignent de la hausse des prix.
"Les coûts et les temps de production, la saisonnalité et l'inflation sont autant de variables que le consommateur doit prendre en compte", explique Frédéric Vienne. "On aborde le changement de saisonnalité avec l'approche de l'été et les agriculteurs vont faire face aux ravageurs telle que la mouche des fruits et des légumes", poursuit-il. "Avec le climat, c'est ce qui explique l'augmentation du prix", affirme-t-il.
L'impact de l'inflation sur le secteur agricole n'est pas des moindres non plus. D'après le représentant de la Chambre verte, "le prix des intrants et des matières premières ont flambé, et le coût des productions sur les exploitations ont pris 100%". Ecoutez Frédéric Vienne :
Malgré cette conjoncture "les producteurs n'appliquent pas systématiquement une hausse des prix liée à leurs coûts de production, ils diminuent plutôt leurs marges impactant directement leur trésorerie", note Frédéric Vienne. La Chambre d'agriculture précise tout de même que sur la période actuelle de septembre 2022, "il n'y a pas de hausse à proprement parler comparée aux années précédentes". "Sur la même période, à la même saison pour les mêmes fruits et légumes locaux des marchés, les fluctuations de prix sont normales", souligne l'institution.
En revanche, en ce qui concerne les légumes et fruits d'importation, représentant 30% du marché, la tendance s'inverse. "Le prix de la carotte de Chine a augmenté suite à l'explosion du fret maritime. C'est un fait", explique Frédéric Vienne. "De notre côté, les producteurs du Sud de l'île se sont mis à produire de la carotte à un prix de vente plus que raisonnable, d'un euro le kilo", ajoute-t-il.
Si hausse des prix il y a, celle-ci se trouve d'après la Chambre consulaire, du côté des moyennes et grandes surfaces avec les marges. "La Daaf tient un relevé régulier des prix des produits frais locaux depuis le marché de gros en passant par les marchés forains et les grandes surfaces", détaille Frédéric Vienne. Ecoutez le président de la Chambre d'agriculture :
Il en donne un exemple : "En juillet 2021, la petite tomate était 40% plus cher en grandes et moyennes surfaces qu'aux marchés forains et 93.55% plus cher en grandes et moyennes surfaces qu'aux marché de gros". En décembre 2021, le constat est le même : le prix de la petite tomate est de 43% plus élevé en grandes surfaces qu'en marchés forains contre 108% plus cher qu'aux marchés de gros.
D'après ces mêmes chiffres, en 2021, le gros piment a connu une variation du prix d'achat allant de 49 centimes à 4.59 euros. Pour la courgette, cela varie entre 16 centimes et 1.41 euros.
- Favoriser les circuits courts -
En se déplaçant dans le marché du Chaudron de Saint-Denis, Frédéric Vienne insiste sur "la nécessité pour le consommateur d'acheter dans les circuits courts". En plus des raisons économiques prouvant qu'"acheter auprès du producteur reviendra moins cher au consommateur", il y a "la possibilité d'échanger avec le producteur qui lui expliquera comment préparer tel produit mais aussi de lui poser la question du prix de vente qu'il affiche". Frédéric Vienne prend l'exemple du poireau vendu à 4 euros le kilo sur le marché. "Pour en produire, il faut 12 mois d'attente", indique-t-il. Il ajoute : "Le prix de vente tient compte ici du temps nécessaire à la production".
"Favoriser les circuits courts et la saisonnalité des produits, c'est faire le choix d'acheter moins cher qu'en grande surface mais aussi faire vivre l'économie locale", estime le représentant de la Chambre verte. Jean-François Rivière, agriculteur à Salazie invite les Réunionnais à venir "voir la différence de prix sur les marchés". "1 kilo tomate ici est vendu 1 euro contre 1.70 ou 1.90 euros en grande surface ; une salade à 1.49 contre 1 euro au marché", dit-il en exemple. "En venant su le marché zot va aide tous les ti producteurs et acheter des produits de qualité", assure-t-il. Ecoutez Jean-François Rivière, agriculteur de Salazie :
"Cette crise de l'Ukraine, cette situation de dépendance vis-à-vis de l'extérieur nous pousse une fois de plus à se saisir des enjeux de développement d'infrastructures et de changements alimentaires nécessaires qui s'imposent à notre territoire pour son autonomie alimentaire", conclut-il.
mp/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com