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70.000 cas selon le ministre des Outre-mer

Chikungunya : la réponse de l'État jugée "trop tardive" par des professionnels de santé

  • Publié le 8 avril 2025 à 11:43
  • Actualisé le 10 avril 2025 à 17:35
Manuel Valls

Le coup d'envoi officiel de la campagne de vaccination contre le chikungunya a été donné ce lundi 7 avril 2025 par le ministre des Outre-mer en visite à La Réunion depuis ce dimanche. 40.000 doses sont réservées aux plus de 65 ans présentant des comorbidités. 50.000 doses supplémentaires sont attendues pour la fin avril, a annoncé Manuel Valls. Plus de neuf mois après le premier cas, cette réponse à l'épidémie est qualifiée de tardive par des professionnels de santé et des élus. À l'inverse, l'État et l'Agence régionale de santé (ARS) se vantent d'une réponse plutôt rapide. (Photo rb/www.imazpress.com)

Conseillère régionale et médecin généraliste, Laëtitia Lebreton a interpellé le ministre et le directeur de l'Agence régionale de santé (ARS), Gérard Cotellon, lors du lancement de la campagne de vaccination dans une pharmacie de l'Etang-Salé

Elle dit avoir demandé depuis un moment "de peser le pour et le contre" et de "comparer" le montant d'une prise en charge par l'Etat d'un vaccin à 200 euros pour tour "avec le montant des indemnités journalières et des visites chez le médecin" payées par le sécurité sociale.

Gérard Cotellon lui a répondu : "on va le faire, mais il faut avoir les doses de vaccin". Regardez.

Lire aussi - Chikungunya : démarrage de la campagne de vaccination à La Réunion dès le 7 avril pour les personnes à risque

- Une épidémie de chikungunya pas suffisamment anticipée -

Selon la médecin, "on n'a pas assez anticipé".

"Je me souviens mi-décembre avoir lu la motion à la Région demandant le paiement du vaccin pour les personnes à risque. On sait que le vaccin est validé depuis juin 2024 au niveau européen, mais au niveau national cela a pris trop de temps", poursuit Laëtitia Lebreton.

"S'il y avait eu le vaccin il y a deux mois pour les personnes à risque, on aurait pu ralentir le rythme de croissance de l'épidémie", lance l'élue à la Région. Écoutez.

Un avis partagé par le Docteur François Ronco, médecin généraliste à l'Étang-Salé. Dans son cabinet, ce sont 25 à 40 patients par jour qui viennent le consulter pour le chikungunya. "Nous avons eu la dengue et avec le chikungunya, nous savions que ça allait faire la même chose", dit-il.

"Nous avions demandé la prise en charge du vaccin pour toute la population, cependant, le délai de la Haute autorité de santé (HAS) a mis énormément de temps" estime-t-il.

Selon le médecin, "en cas d'épidémie sanitaire, il faut que les délais soient réduits, tenir compte de ce que disent les infectiologues et si cela avait été fait nous aurions pu avoir une prise en charge plus tôt et éviter les complications". Écoutez.

Lire aussi - Chikungunya : les pharmaciens autorisés à vacciner la population

- Une ampleur sous-estimée par l'État -

Des élus s'accordent aussi pour dire que l'État n'a pas pris la mesure de l'épidémie et tarde à agir. Ils en veulent pour preuve la dimunition des contrats parcours emploi compétence (PEC).

Manuel Valls se vante d'avoir – par le biais du préfet –, mobilisé 400 contrats dans la lutte anti-vectorielle.

Gérard Cotellon énumère les chiffres. "15 millions d'euros ont été dépensés sur le premier trimestre (pour) les équipes (affectées) à la lutte anti-vectorielle, les locations de véhicules et les vaccins, il y a 150 équipes terrains et plus de 27.000 maisons visitées", a-t-il détaillé. "On va continuer tant que l'on n'aura pas atteint l'immunité communautaire" affirme-t-il.

Tous ne sont pas du même avis. Mathieu Hoarau, maire de l'Étang-Salé, qui compte parmi les communes les plus touchées, ne cache pas "ce qui nous pose problème c'est que nous ne pouvons pas combler toutes les lacunes de l'ARS. Les démoustications se font mais avec un planning rigide car il y a de la demande partout. Avant les contrats PEC gonflaient nos effectifs au niveau de l'environnement." 

Il demande "plus de moyens humains".

"On est en période post-cyclone, avec des herbes hautes, des moustiques partout. Il faut amplifier la lutte anti-vectorielle", ajoute Laëtitia Lebreton. "L'épidémie est là, elle a débuté en août et si on ne fait pas quelque chose maintenant ça va perdurer."

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls a annoncé ce samedi 5 avril 2025 que le gouvernement prendra en charge 10.000 contrats PEC à hauteur de 50%. En pleine polémique autour de la baisse du nombre de contrats et de leur prise en charge, cette annonce est loin de satisfaire les élus.

Lire aussi - Contrats PEC : manifestation contre la baisse des aides, Huguette Bello claque la porte de la réunion en préfecture

- L'État se satisfait des mesures mises en place pour lutter contre le chikungunya -

De son côté, Manuel Valls déroule la liste de ce qui a été mis en place et semble suffisant. "Le plan blanc a été déclenché pour mobiliser les établissements de santé et assurer la prise en charge des patients, la priorité c'est aussi la lutte anti-vectorielle, renforcée ces derniers jours." Écoutez.



Il reste visiblement encore beaucoup à faire pour lutter contre l'épidémie de chikungunya qui pour l'heure a frappé "officiellement", plus de 21.000 personnes. 

Un chiffre sans doute sous-estimé de l'aveu même du ministre. "Sachant (…) que tout le monde n'a pas déclaré le fait qu'il était touché par l'épidémie, on peut considérer que l'on est entre 50.000, 60.000, 70.000 personnes qui auraient été atteintes" a déclaré à la presse le ministre des Outre-mer.

Deux morts ont été annoncés le 21 mars et Santé publique France (SPF) a précisé cette semaine que plusieurs autres décès étaient "en cours d’investigation"  pour déterminer leur lien avec le virus.

Lire aussi - chikungunya : 5.832 nouveaux cas confirmés, plusieurs décès en cours d’investigation

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ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com

guest
12 Commentaires
Mayaqui
Mayaqui
5 mois

C’est quand même un peu tard mr Valls pour réagir !

HULK
HULK
5 mois

Qu'est-ce qu'il y a de surprenant ou de choquant? C'est comme d'habitude.

Amateurisme
Amateurisme
5 mois

Ça a été gérer façon amateur.

Nom...
Nom...
5 mois

L’état sait très bien ce qu'il fait, il prépare l’été dans le sud de l’exagone qui est touché par le chik tout les ans à cette période. Nous sommes des cobayes...

Missouk
Missouk
5 mois

Il serait temps que l'ARS se rende compte de son incompétence crasse. Elle a été nulle en 2005-2006, nulle contre la dengue, et encore nulle contre le chik cette année. Ils servent à quoi ces gens là ?

marius
marius
5 mois

Le Point Alerte info du lundi 07 avril 2025 ,(info.lepoint.fr) chikungunya : comment la Réunion est devenue le cobaye d'un vaccin inédit

Pierrot 974
Pierrot 974
5 mois

Au moins dans ma rue (à Bagatelle), les déchets verts n'ont pas été ramassés la dernière fois, et l'herbe du parc près du CCAS fait environ 1 mètre de haut.
À part ça, la CINOR et la mairie de Sainte-Suzanne luttent contre les moustiques...

ben
ben
5 mois

ya plus d argent alors on continue à faire semblant.

Paul
Paul
5 mois

"C'est pas moi, c'est ma soeur, qu'a cassé la machine à vapeur", comme dit la chanson....

L'ARS ne s'est pas manifestée, ou alors "après la bataille".

Monsieur Fouassin a préconisé le même traitement que les Néo-Calédoniens, où en est-on?

Tout le monde, faute d'action, essaie de se passer la patate chaude...

On vit dans un monde de "palaekasa", localement, nationalement, sans oublier la population qui a besoin que ce soit la mairie qui vienne vérifier si par hasard il n'y pas pas de gites larvaires dans sa cour...

Garance est venue semer le trouble également, ce qui n'arrange rien...il faut le reconnaître...

On avait pourtant l'expérience d'il y a vingt ans...
Elle n'aurait servi à rien???

Et pendant ce temps là, "cabri i mange salade"...

Martin
Martin
5 mois

Encore une fois, l'état a failli, lol....

Passi974
Passi974
5 mois

A quoi servent les instances et politiques locaux si nous devons attendre la décision du gouvernement !?
Ce dernier apporte des moyens mais n’aurions nous pas pu décider de mettre les moustiques stériles ou tout autre moyen dès les 1er cas!? Le chik est connu mais certains ont voulu attendre un seuil…ben voilà le resultat

Lina
Lina
5 mois

Vu le prix des vaccins et des anti moustiques, nombreux sont ceux qui ne peuvent pas se protéger.