Qui n'a jamais été déçu en ouvrant un paquet de chips et en se rendant compte au final que ce dernier n'est rempli qu'à moitié. Qui n'a jamais acheté un paquet de gâteaux format familial, le pensant plein à ras-bords pour qu'au final il contienne la même quantité que le format normal… Et oui, le vide est (presque) partout dans nos emballages. C'est d'ailleurs ce vide que dénoncent Foodwatch et Zéro Waste France, lançant un ultimatum à cinq grandes marques de produits alimentaires. Une pratique trompeuse et ayant un impact sur l'écologie (Photos : rb/www.imazpress.com)
Des sachets à moitié plein ou à moitié vide, des produits vendus au gramme près (l'air dans le paquet compris)… Des exemples comme cela il en existe des tas.
Un constat partagé par bon nombre de Réunionnais, dont nos internautes à qui nous avons posé la question.
"C'est même aberrant. On fait les courses, on paye un paquet de chips plus de trois euros pour au final avoir plus d'air dedans que des chips", témoigne une mère de famille à Saint-Denis.
"Il n'y a qu'à voir quand les enfants prennent les sachets et s'amusent à les ouvrir en appuyant dessus pour se rendre compte de l'air qui sort", ajoute sa mère.
Outre ces paquets, se sont également certains surgelés qui vendent du vide. Frites, légumes surgelés… "Il n'y a pas la même quantité entre ce qu'il y a dans le sachet et ce qui est marqué et que l'on paye."
Une autre personne se méfie d'ailleurs de ces fameux emballages au format familial. "C'est la définition même du merchandising" (du nom anglais de la technique de présentation des marchandises visant à inciter l'achat chez le consommateur). "Il y a l'emballage familial, moins cher qui attire mais quand on l'ouvre surprise, il y a la moitié du produit."
- Une pratique trompeuse -
C'est ce vide intersidéral qui se trouve dans les paquets que nous achetons qui a provoqué la colère des associations, dont Foodwatch et Zero Waste France.
Deux ONG (organisations non-gouvernementales) qui ont lancé ce mardi 27 juin un ultimatum à cinq grandes marques de produits alimentaires qui pratiquent le surdimensionnement des emballages.
⚖️ @foodwatchfr et @ZeroWasteFR lancent un ultimatum à 5 marques de l’industrie agroalimentaire de mettre fin au #suremballage & au #pleindevide ????
— Audrey Morice (@MrcAudrey) June 27, 2023
Cette action en justice fait déjà le tour des médias ???????? la mobilisation citoyenne, ça marche !
https://t.co/FOautriLfD pic.twitter.com/OrMl8vl79q
Certes, le vide est parfois nécessaire pour protéger un aliment lors de son transport ou pour mieux préserver sa qualité, mais parfois le vide n'est pas justifié.
Prenons les exemples cités par les deux ONG. Les emballages des allumettes de lardons d'Herta contiennent 54% de vide. Dans un paquet de noisettes décortiquées Daco Bello, la vide va jusqu'à 68%. Pour le Girasoli aux cèpes de Rana du groupe Giovanelli Rana, on atteint les 60%.
Nous avons identifiés ces 5 produits :
— foodwatch France (@foodwatchfr) June 27, 2023
????Les bonbons Batna- 44% de vide
????Les Carrés noir noisette entières Côte d’Or- 60% de vide
????️Les noisettes décortiquées Daco Bello- 68% de vide
????Les allumettes fumées Herta- 54% de vide
???? Les raviolis aux cèpes Rana- 60% de vide pic.twitter.com/S26XKXFQwP
Pour l'avocat de Foodwatch, Maître François Lafforgue, ces pratiques "induisent les consommateurs en erreur" et "elles doivent cesser".
Selon l'ONG Foodwatch, les fabricants et distributeurs doivent afficher des informations claires et les emballages doivent refléter la réalité des produits. "Tant que le recours à ces pratiques sera légal, beaucoup d’entreprises continueront d’induire les consommateurs en erreur. Ce qui est autorisé aujourd'hui encore doit être interdit dès demain."
Pour les deux ONG, soit ces marques cessent d'avoir recours à des emballages surdimensionnés par rapport à la taille de leur produit, soit elles leur donnent rendez-vous dans trois semaines (jusqu'au 26 juillet) devant le tribunal.
- Les formats "familiaux" pointés du doigt -
Alertée par les consommateurs, Foodwatch a également enquêté sur le prix des grands formats dans les supermarchés.
Plus c’est gros, plus c’est (parfois) cher. Des aliments vendus au format "familial", mais "plus chers au kilo ou au litre" : l'association Foodwatch, qui promeut la transparence dans l'agro-industrie et la distribution, a dénoncé dans un communiqué, mercredi 26 avril, que certains produits sont plus chers lorsqu'ils sont vendus en format "maxi" ou en lots.
"Avec l'inflation galopante, de nombreux consommateurs et consommatrices souhaitant faire des économies se tournent vers ce qu'ils pensent être de bonnes affaires", explique Foodwatch, qui lance également une pétition, nommée "Stop aux arnaques au prix : le gouvernement doit renforcer la réglementation".
Or, le prix au kilo des grands formats est parfois plus cher, en réalité, que le même produit dans un conditionnement standard, selon l'association.
"Ces abus devraient être interdits ou encadrés strictement comme le sont les promotions. Avec les consommateurs et consommatrices, nous interpellons donc le gouvernement", a déclaré Foodwatch dans un communiqué.
- Emballages alimentaires surdimensionnés : que dit la loi ? -
L’article R. 543-44 du code de l’environnement, directement issu du droit de l’Union européenne, prévoit que "l'emballage doit être conçu et fabriqué de manière à limiter son volume et sa masse au minimum nécessaire pour assurer un niveau suffisant de sécurité, d'hygiène et d'acceptabilité".
Selon Foodwatch, "cet article n’a pas encore eu l’occasion d’être interprété par la justice française concernant le suremballage alimentaire, mais il est clair qu’il a pour vocation d’interdire le suremballage injustifié, et la production de déchets et le gaspillage de ressources naturelles qui l’accompagnent".
Au-delà du droit de l’environnement, le droit européen et français de la consommation (article 16 du règlement européen n° 178/2002 et article L. 121-2 du code de la consommation) interdit les pratiques commerciales qui induisent les consommateurs et consommatrices en erreur, notamment par le biais de l’emballage utilisé.
"Ainsi, les emballages surdimensionnés remplis de vide sont dans l’illégalité à un double titre, en miroir de leur impact néfaste tant sur l’environnement que sur les consommateurs et consommatrices."
- Des emballages trompeurs et destructeurs -
Outre le fait que ces emballages trompe le client sur la marchandise qu'il achète, leur impact est également écologique.
"Cette pratique, qui manque sérieusement de transparence, est une aberration pour l’environnement et contrevient directement aux efforts urgents que doivent faire les industriels pour réduire leurs déchets et limiter l’impact de leur production sur la planète", s'insurge Foodwatch.
" Concrètement, un emballage trop volumineux pour une petite quantité d’aliment, c’est une forme de suremballage, avec des effets néfastes sur le climat, la biodiversité, les ressources planétaires et même la santé humaine" ajoute l'ONG.
Ces emballages, majoritairement composés de plastique, se retrouvent souvent dans nos poubelles (car pas recyclés), mais également très voire trop souvent dans nos océans.
Et oui, car seuls 21% des emballages plastiques sont effectivement recyclés : les 79% restants sont enfouis (en décharge) ou brûlés (en incinérateur), polluant les eaux, les sols et l’air.
Lire aussi - Le plastique est (toujours) une menace pour la biodiversité de l'océan Indien
- Les entreprises se défendent -
Face aux accusations de Foodwatch et de Zéro Waste France, les entreprises concernées se défendent.
Les associations ont mesuré "60% de vide" dans un paquet de raviolis aux cèpes commercialisé par Giovanni Rana. "Cette taille de l'emballage est essentielle pour sa bonne étanchéité, afin d'assurer la meilleure conservation du produit frais. De plus (...) le bon espace est créé pour éviter que les pâtes fraîches et délicates ne se cassent pendant le transport, garantissant ainsi leur intégrité", a réagi l'entreprise auprès de l'AFP.
Concernant les chocolats Côte d'Or, "le nombre de carrés contenus dans le paquet est clairement indiqué en face avant et au dos de l'emballage, et le poids du produit fini apparaît également au dos de l'emballage, permettant de bien informer le consommateur lors de l'achat", a indiqué à l'AFP la maison mère Mondelez, qui se dit engagée "dans un travail d'amélioration continue pour diminuer son impact environnemental"
ma.m/www.imazpress.com/redac@ipreunion.com
Beaucoup d’emballage, beaucoup de bla bla, beaucoup de potins, ils privilégient la forme à la place du fond …..