Alors que l’Assemblée nationale débat de la loi « anti-squat », les associations du droit au logement dénoncent les défaillances de l’Etat à faire respecter le droit au logement. Elles dénoncent par ailleurs l’abaissement de deux à un mois de loyer impayé pour pouvoir expulser un locataire.
« L’Etat est défaillant en matière de logement, c’est plutôt à cette problématique qu’il devrait s’attaquer » dénoncent la Confédération nationale du logement et l’association Droit au logement.
Alors qu’à La Réunion, plus de 37.000 demandeurs de logement sont toujours en attente et 120.000 personnes habitent un logement insalibre, les deux associations soulignent l’inaction du gouvernement face à cette situation, qui se décline aussi dans l’Hexagone.
« Le droit au logement est inscrit dans la constitution, qui n’est visiblement pas respectée. Dans un territoire où plus de 30.000 logements sont vacants, comment expliquer qu’il y a autant de personnes en attente ? » s’interroge Erick Fontaine, administrateur de la CNL.
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Au local comme au national, les associations réclament depuis de - très - nombreuses années l’intervention de l’Etat pour la réquisition des logements vacants pour venir en aide aux personnes sans-abris ou mal-logées. Au niveau national, sur les 37,2 millions de logements comptabilisés, près de 3,1 millions sont vacants, selon une étude de l’Insee parue en novembre 2022.
« Du côté de la Cinor, en tant que vice-président, je travaille pour que l’on puisse réquisitionner sur les 8.000 logements vacants du territoire » confie d’ailleurs Erick Fontaine.
« Il faut se mettre à la place du locataire comme du propriétaire. Quand on est à la rue, il est normal de vouloir se loger. Il est aussi normal pour un propriétaire de se sentir agressé lorsque l’on part en vacances et qu’on retrouve son logement squatté » temporise-t-il par ailleurs, arguant pour un juste milieu entre droit au logement et droit des propriétaires.
« Aujourd’hui, le problème du squat résulte des manquements de l’Etat » estime cependant Jean-Yves Sinimalé, président de l’association DAL. « La loi stipule par exemple que lors d’une expulsion, l’Etat doit obligatoirement reloger la personne, ce qui n’existe pas en réalité » dénonce-t-il.
Sans défendre le squat des propriétés privées déjà occupées, les deux associations plaident pour une nouvelle politique du logement, qui doit par ailleurs prendre en comptes les revenus des habitants.
« Ce n’est pas possible de construire des nouveaux logements où le loyer dépasse les 700 euros, alors que 37% de la population vit sous le seuil de pauvreté » souffle Jean Yves Sinimalé.
- Pour une meilleure médiation -
L’aspect le plus polémique de cette proposition de loi réside dans l’abaissement de deux à un mois de loyer impayé pour pouvoir expulser un locataire.
« Personne n’est à l’abri d’un accident de la vie : problème de santé, divorce, perte d’emploi » énumère Jean-Yves Sinimalé. « Dans ces conditions, un loyer impayé peut vite arriver » abonde Erick Fontaine.
S’il estime qu’il faut savoir déceler le mauvais payeur du locataire en difficulté, il prône pour une amélioration de la médiation plutôt qu’une accélération de l’expulsion. « Les locataires en difficulté tendent à se replier et à ne plus communiquer avec leur propriétaire : il faut donner plus de moyen à la médiation pour trouver des solutions adaptées » dit-il.
Encore une fois, les associations pointent du doigt les défaillances du gouvernement, qui prendrait une décision « irresponsable » en facilitant les expulsions.
Une solution est désormais viable à leurs yeux : faciliter l’accès au logement, pour mettre fin aux squats, qui ne sont finalement qu’une « goutte d’eau » dans la problématique du droit au logement.
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