Crise dans le BTP

Didier Robert : "2010 sera encore plus dur"

  • Publié le 20 avril 2010 à 14:57

Depuis 20 ans, Didier Robert, simple homonyme du président du conseil régional, dirige une entreprise du bâtiment, employant 25 personnes, basée à Langevin, Saint-Joseph. Cet artisan de 46 ans doit faire face à une crise conjoncturelle difficile. Endettements, licenciements. Il tente de trouver des solutions.

"Aujourd'hui,être chef d'entreprise ce n'est pas une fierté", confie l'entrepreneur, spécialisé dans la construction de maisons et de petits bâtiments. Didier Robert peine à trouver des marchés et équilibrer ses comptes. "En 2009, je n'ai pas trop senti la crise, car on s'appuyait sur les marchés signés en 2008. C'est cette année le plus dur pour nous". En mars dernier, il a du licencier 12 personnes, faute de travail. Tous ont signé une convention de reclassement personnalisé. Ils ont donc quitté immédiatement leur poste de travail. L'entreprise devait assumer deux mois d'indemnités. A l'heure actuelle, Didier Robert est dans l'impossibilité de payer ces préavis.

Parmi les raisons de cette crise chez les artisans du bâtiment, le patron pointe la baisse de la demande. "On travaille avec les promoteurs immobiliers. Mais pour signer un marché avec les entreprises du bâtiment, ils attendent d'avoir obtenu au moins 40% de réservations des futurs logements. Sans cette garantie, ils ne signent pas de marché et annulent l'opération immobilière", déplore l'artisan. "Le plus difficile ce sont les prix des marchés qui ne cessent de dégringoler". Il explique : "les artisans n'ont plus de travail mais ils ont envie de manger... Donc ils cassent les prix, travaillent au noir".

Le dialogue avec les créanciers est aujourd'hui la seule solution de Didier Robert pour faire face à ces difficultés. "Je vais toujours négocier quand je n'arrive pas à payer". Grâce au protocole Novelli, il a ainsi obtenu un échéancier pour le paiement de ces dettes fiscales. De la même manière, il trouve des arrangements avec sa banque quand les comptes sont au plus bas. Avec ses collègues, patrons de petites entreprises, l'artisan organisent aussi des réunions pour échanger sur les difficultés et essayer de trouver des solutions.

L'artisan a soutenu la nouvelle majorité régionale, mené par son homonyme. "J'attends beaucoup de lui, mais je pense qu'il aura du mal à mettre en place ce qu'il a promis". Le patron reproche aux politiques de ne pas assez concerter les petites entreprises,"alors que c'est nous qui faisons l'économie de l'île".

Si d'ici juillet il ne signe aucun marché, l'entrepreneur n'aura d'autre choix que de licencier à nouveau une dizaine d'ouvriers. "Vu le contexte, j'aurais bien mis la clé sous la porte. Mais je veux tenir encore cinq ans. Je me bats pour l'avenir de mes enfants".

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