Transat et serviettes

Occupation du domaine public maritime : entre ce qui est autorisé et ce qui est appliqué, la frontière est floue

  • Publié le 1 août 2025 à 12:25
plage tourisme  vacances

À La Réunion, le rivage appartient au domaine public maritime et devrait être librement accessible. Pourtant, entre hôtels, buvettes et transats, certaines portions de plage paraissent aujourd’hui privatisées. Si des autorisations temporaires existent, leur application soulève des questions d’équité, de protection de l’environnement et de recul de l’intérêt général. On fait le point (Photos www.imazpress.com)

Le sable chaud, les filaos, l'horizon sans fin. Ce décor de carte postale, sur lequel s'alignent aujourd'hui hôtels, villas et rondavelles, est-il encore public ? Par principe, oui, nous précisent les services de préfecture. Dans les faits, c'est plus compliqué.

- Le domaine public maritime "inaliénable et imprescriptible" -

"Par principe, aucune plage ne peut relever du domaine privé", assure la préfecture de La Réunion. "Le rivage de la mer appartient au domaine public maritime (DPM), un bien inaliénable et imprescriptible de l’État". C'est-à-dire qu'il ne peut être vendu ni approprié et doit rester libre d'accès pour tous. En théorie du moins. Car en réalité, des autorisations permettent à des établissements, touristiques notamment, d'occuper le DPM de façon temporaire.

Le DPM, c'est cette bande de terre qui s'étend jusqu'à la limite atteinte par les plus hautes marées. Elle est gérée par l'État, qui peut concéder temporairement l'usage à des communes ou entreprises privées, dans le cadre d'autorisation d'occupation temporaire (AOT). Ces documents permettent, entre autres, la location de transats ou l'installation de buvettes, à condition de ne pas entraver la libre circulation ni de dénaturer le site.

Si les règles sont claires, leur application est inégale. Dans l'Hexagone, la "Loi littoral" de 1986 impose des restrictions comme par exemple l'interdiction de construire à moins de 100 mètres du rivage, sauf dérogation exceptionnelle. Une mesure visant à préserver les paysages, protéger la biodiversité et garantir l'accès à tous. 

- Les 50 pas géométriques dans les DOM -

En Outre-mer, on parle des 50 pas géométriques, soit une bande de 81, 20 mètres depuis la limite des plus hautes marées. Appartenant au DPM, cette zone devrait ainsi rester publique. Pourtant, une grande partie de ces espaces a été aliénée, c’est-à-dire cédée à travers des autorisations d'occupation, en particulier à La Réunion.

Grâce aux AOT, hôtels ou restaurants bordent désormais les plages de l'île et proposent de louer des transats, tables et autres parasols, là où l’on pouvait autrefois simplement poser sa serviette.

Cette situation pourrait poser un problème. Celui du recul de l’intérêt général, puisque les habitants perdent le libre accès à des portions entières du rivage, souvent au profit de clientèles touristiques. Il peut également représenter une menace environnementale : en cas de non-respect de la remise en état du site naturel ou encore de pollution lumineuse, mettant en péril des écosystèmes fragiles.

- 1.500 euros d'amende en cas d'occupation sans titre -

La loi est pourtant claire : l’État reste responsable de l'intégrité du DPM. Il est donc tenu de garantir l'accès libre à la mer, protéger les paysages et interdire toute appropriation indue. Pour ce faire, les services de l’État peuvent réaliser à tout moment, sans préavis, des contrôles sur l’occupation du DPM.

"En cas d’occupation sans titre, le contrevenant s’expose à une contravention de grande voirie (CGV), dont le montant peut atteindre 1.500 euros, fixé par le juge administratif", précise la préfecture. "Une mise en demeure est généralement adressée avant toute procédure contentieuse".

Imaz Press a tenté de contacter plusieurs hôtels et restaurants installés sur les côtes de l'île et proposant la location de transats ou serviettes sur la plage. Le directeur du Lux à Saint-Gilles-les-Bains assure qu'une AOT leur est délivrée et renouvelée tous les ans. "Nous nous efforçons de nettoyer la plage tous les jours et faisons de la prévention auprès de notre clientèle, concernant la protection du récif corallien", explique Patrice Hudebine.

D'autres établissements n'ont toujours pas donné suite à nos sollicitations. Silence gêné ou simple oubli ? Difficile à dire. Mais cette absence de réponse interroge : le sujet serait-il tabou ? À l’heure où l’accès libre aux plages de l'île fait réagir, le débat mérite pourtant d’être posé ouvertement.

vg/www.imazpress.com / redac@ipreunion.com 

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18 Commentaires
Litburd
Litburd
4 mois

Au lieu de regarder du côté ses commerçants... regarder plutot les cases construites sur le dpm qui ont volé les chemins de pêcheurs...

Popeye
Popeye
4 mois

Encore un article qui cherche la polémique.
La location de transat est autorisée par AOT. Elles sont délivrées par la commune. Les loueurs payent une redevance. La libre circulation des piétons doit être garantie. Si pas d'AOT, c'est 1500€.
Il est où le problème? Il est où le flou?
Et après, faut arrêter de croire que c'est mieux ailleurs, que tout est merveilleux dans l'hexagone, que tout est respecté ...
"Si les règles sont claires, leur application est inégale. Dans l'Hexagone, la "Loi littoral" de 1986 impose des restrictions comme par exemple l'interdiction de construire à moins de 100 mètres du rivage".
Mdr. Genre, dans l'hexagone, il n'y a pas de construction à moins de 100 mètres du rivage. Et il n'y a pas de locations de transats ou de pédalos, et des paillotes sur les plages, peut-être???
Je les invite à faire un tour sur le bord de la Méditerranée.

Ali
Ali
4 mois

C’est le fonds de commerce d’Imaz Press... faut bien vivre...

Touristes sac a dos et savantes 2 doigts
Touristes sac a dos et savantes 2 doigts
4 mois

Et les " touristes " sacs a dos et savates 2 doigts (pas tous) qui squattent dans fourgons en permanence en tres mauvais etat voire epaves roulant ?
Une catastrophe.

Marimbe
Marimbe
4 mois

Et le secteur de Bellevue ous la ravine tabac à la saline les bains squatte depuis des années en toute illégalité .
La mairie est au courant et non seulement rien ne se passe et de plus en plus d occupation illégale!!!!!

Gramoune
Gramoune
4 mois

Et les camions, fourgons et autres camping cars un peu partout ????????

Flou comme affaire SPL ESTIVAL
Flou comme affaire SPL ESTIVAL
4 mois

Flou comme affaire SPL ESTIVAL qui risque d'être jugé en 2085

Après karma va okupe zot cas.

MARIMAR
MARIMAR
4 mois

Et il n'y a pas que le bord de mer ; que pensez des terrasses de restaurants qui empiètent sur les trottoirs ???

Toto
Toto
4 mois

Ben moi j’aime bien les terrasses de bar sur les trottoirs…. Mieux que les voitures …

ZembroKaf
ZembroKaf
4 mois

déjà que le trottoirs ne sont larges ... et même certain(e)s maires accordent des AOT sur des places de stationnements !!!

MARIMAR
MARIMAR
4 mois

Partout, aucun respect de la Loi,
À St Philippe et ailleurs des habitations construites à une vingtaine de mètres du rivage.
Entre eux et les établissements dédiés au tourisme, les personnes lambda doivent chercher pendant un bon moment une voie d'accès à la mer.
Ici tout est permis alors qu'en Bretagne des maisons centenaires ont été rasées pour le respect de la Loi du littoral. La Réunion est et restera une république bananiere tout le temps que nous resterons moutons.

Ducoin
Ducoin
4 mois

Tout à fait d'accord avec vous

Lina
Lina
4 mois

Et les tentes à Cap homard et petit Boucan ? On dirait un terrain de camping , sans compter ceux qui délimitent le terrain avec des rubans ! Ils amènent les groupes électrogènes, mettent la musique à fond ...D'autres installent leurs terrains de volley...
Sans gêne total !!!

Nono
Nono
4 mois

Oui, quelle surprise de voir une trentaine de transats devant une location saisonnière sur la plage de la Saline ! La police ne marche pas sur la plage ??

Irve
Irve
4 mois

Est ce que les autorités ont fait des patrouilles derrière le cimetière marin de saint Paul. Il y à ce restaurant qui prend une bonne partie de la pelouse. C'est à vérifier svp.

Zorro
Zorro
4 mois

Incroyable mais tristement révélateur de ce qui semble aujourd’hui être la norme : ce restaurant s’approprie sans la moindre gêne le front de mer et une large portion de pelouse du côté du cimetière marin, y installe des tentes, y entrepose son matériel comme en terrain conquis — sur le domaine public, rien de moins. Comme si cela ne suffisait pas, un mur a été érigé pour annexer purement et simplement une bande de terrain côté cimetière, dans un silence assourdissant des autorités.
Sur sa propre parcelle, les infractions se poursuivent : des constructions illégales réalisées sans qu’aucun permis ne soit affiché, en totale contradiction avec les règles élémentaires d’urbanisme ; un terrain totalement imperméabilisé, en dépit des réglementations en vigueur ; et, pour couronner le tout, une soufflerie aussi bruyante qu’inesthétique, qui défigure littéralement le paysage — à quelques mètres seulement d’un monument classé.
Et que fait la mairie dans tout cela ? Rien. Absolument rien. Aucune intervention, aucun contrôle, aucune mesure corrective. Ce laisser-faire flagrant interroge, tant sur la capacité des services municipaux à faire respecter la loi, que sur leur volonté réelle d’agir. Cette passivité confine à la complaisance.
Il serait grand temps de rappeler que l’espace public n’est pas un bien privatisable, et que l’urbanisme n’est pas une simple formalité à contourner pour qui sait se rendre invisible aux yeux des autorités locales.

Lina
Lina
4 mois

Oui, j'ai vu ça aussi ! Incroyable le sans gêne des gens

LA BUSE
LA BUSE
4 mois

Et le survol des hélicoptères d'hélilagon dans cette zone de la baie de Saint Paul depuis 06h30 le matin, à raison d'un survol toutes les cinq mininutes, pour atterrir à l'Eperon sur une helistation illégale, bâtie sur un terrain agricole appartenant à la mairie de Saint Paul...La préfecture, bien que saisie, laisse faire...