Le concours "Kisa nou lé" s’annonce comme un rendez-vous inédit pour les passionnés de cinéma et de culture réunionnaise. Du 19 au 21 avril, huit équipes - professionnelles ou amateures - auront 72 heures pour réaliser un court-métrage, en solo ou en groupe de trois maximum. Pensé et porté par Dany Nagre, un étudiant à l'université, le concours "Kisa nou lé" veut faire office de tremplin pour la jeune création locale. Et s'installer dans le temps. (Photo : sly/www.imazpress.com)
Le top départ sera donné le 19 avril à la Cité des Arts, avec un briefing en présence des partenaires, la remise de tee-shirts et la découverte du thème imposé. Trois jours plus tard, les courts-métrages compris entre 5 et 8 minutes maximum, devront être déposés sur un serveur dédié.
Chaque réalisation devra respecter un cahier des charges précis : formats, supports, droits d’auteur pour les musiques. Le thème, tenu secret jusqu’au lancement, mettra en avant la culture créole, sans brider la créativité des participants.
Les productions seront jugées à 40 % par un jury de cinq professionnels et à 60 % par le public lors d’une projection gratuite au Cinépalmes de Sainte-Marie, le 26 avril.
- Un projet né de la passion et du système D -
À l’origine du concours, Dany Nagre, étudiant en troisième année de licence communication à l’Université de La Réunion a imaginé seul ce projet dans le cadre d'un projet d'étude imposé.
Ancien élève d’un BTS audiovisuel et passionné de cinéma, il a longtemps vu ses ambitions freinées par le manque de moyens. "J’avais énormément d’idées à l’époque mais cela n’a jamais vraiment abouti, faute de budget. Je ne connaissais pas les aides disponibles", raconte-t-il.
En novembre 2024, il se lance dans ce projet de 3ème année de licence. Après un démarrage en groupe, à la mi-janvier, il se retrouve seul à piloter l’ensemble du dispositif. "Il fallait tout monter de A à Z : constitution des dossiers, démarchage des partenaires, recherche de financements, choix du nom."
Initialement baptisé "Nout’ zarlor", le projet devient Kisa nou lé, avec toujours la même ligne directrice : valoriser les talents et la richesse de La Réunion.
- Un financement serré, des choix assumés -
Le budget prévisionnel était estimé à 12.500 euros. Grâce au soutien de plusieurs partenaires - la Région Réunion, la ville de Saint-Denis, la Cité des Arts, ou encore l’entreprise Microstore -, Dany Nagre parvient à réunir 10.500 euros.
"J’ai dû faire quelques concessions pour que tout tienne, mais l’essentiel est là." Les inscriptions, ouvertes le 28 mars, ont rapidement atteint leur quota. La participation a été fixée à 5 euros, "une somme symbolique pour éviter les freins liés au budget".
Au total, 18 participants, répartis dans deux catégories - amateurs et professionnels -, participeront à l’aventure. Le tri a été effectué selon l’expérience déclarée.
"J'ai fait un post sur les réseaux sociaux et je suis allé rencontrer les étudiants de mon ancien BTS. Les candidatures ont afflué mais certains n’entraient pas dans les critères d’âge (15 à 35 ans), d’autres n’avaient pas suffisamment d’expérience. J’ai dû faire des choix."
- Une soirée pour valoriser les regards réunionnais -
Le 22 avril, les projets seront remis et mis à disposition du jury via le serveur dédié. Cinq personnalités locales composent ce jury : l’humoriste Thierry Jardinot, l’enseignant Didier Grondin, la conteuse Véronique Insa, le responsable de la cellule audiovisuelle de l’université Emmanuel Pons, et la productrice Ophélie Galant.
Le 26 avril, au Cinépalme de Sainte-Marie, les courts-métrages seront projetés publiquement, devant 346 spectateurs attendus. Via un QR code, chacun pourra noter les œuvres.
À l’issue de la soirée, deux lauréats seront désignés - un par catégorie - et récompensés de 1.000 euros pour les professionnels et 800 euros pour les amateurs, en plus de nombreux goodies remis à tous les participants.
"Le but, c’est d’offrir une vraie vitrine aux talents de l’île, avec leurs propres moyens. Le concours ne fournit pas de matériel, chaque équipe tourne avec ce qu’elle possède. Mais c’est aussi ça, le défi : faire preuve d’ingéniosité", résume Dany Nagre.
Avec Kisa nou lé, il espère bien poser la première pierre d’un événement appelé à durer.
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