La 38ème édition des Florilèges se tient au Tampon jusqu'au 16 octobre 2022. Toutes les fleurs et les plantes seront présentes sur le site de cet événement incontournable pour beaucoup de Réunionnais.e.s à la main (plus ou moins verte). Reste que sous ses beaux atouts la filière horticole ne se porte pas si bien que ça. Cela en raison à la forte concurrence des pays asiatiques, dont la Thaïlande, mais aussi à l'augmentation des coûts de matières premières.
L’horticulture réunionnaise, qui regroupe les productions « fleurs coupées » et « plantes en pots » a véritablement pris naissance dans les années 80 avec l’élan d’un petit groupe d’agriculteurs "qui a compris l’intérêt d’assurer une production horticole, non plus seulement lors des périodes de fêtes, mais tout au long de l’année" explique en substance Eric Lucas, le responsable de la diversification végétale à la chambre d'agriculture.
Les derniers chiffres de la chambre d'agriculture remontent à 2017, mais ils sont toujours d'actualité, précise la chambre verte. Regardez

-Augmentation de la concurrence-
30 ans après les premiers pas des pionniers de l'horticulture, la filière s’est nettement développée. Les horticulteurs ont investi dans du matériel coûteux comme les serres ou ombrières et des systèmes d’irrigation. Pourtant le secteur est désormais mis à rude épreuve. Il doit faire face à une double difficulté. Il y a d'une part la hausse des prix des matières premières et d'autre part la concurrence toujours grandissante des produits importés des pays asiatiques et européens.
C'est le secteur des fleurs coupés qui est le plus en butte à cette concurrence féroce. C'est notamment le cas pour les orchidées. Très prisée des Réunionnais.e.s cette espèce est souvent importée de Thaïlande. "Lorsqu'elles arrivent certains vendeurs les mettent immédiatement sur le marché alors qu'elles n'ont pas eu le temps de s'adapter au climat de La Réunion. Elles se fanent et meurent très vite après l'achat" souoigne Eric Lucas.
En moyenne, ces orchidées ont une durée de vie d'un mois ou deux et ne refleurissent très rarement après, mais comme elle ne sont pas vendues très cher elles trouvent acquéreur. Cela pénalise "les horticulteurs qui prennent la peine d'importer des plants pour les acclimater au climat tropical pendant une durée de 6 ou 7 mois" note le technicien de la chambre d'agriculture. "Forcément ces fleurs-là sont plus chères sur le marché (la différence est de 15 à 20 euros - ndlr) et t les clients ne comprennent pas toujours pourquoi !" dit encore Eric Lucas.
"Un label plant' péi qui a été créé pour les orchidées qui ont eu une période de maturation pendant 7 à 8 mois, et c'est vraiment ces plantes qu'il faut acheter", insiste-t-il.
La production locale de rose, l'une des fleurs les plus achetées par les Réunionnais.e.s, est aussi mise à mal. "Il est très difficile d'avoir notre propre production de roses, et même sous serre pour des raisons techniques principalement" explique le technicien. Ainsi même si cela concurrence la production péi "nous sommes obligés d'avoir une grosse importation pour répondre à la demande croissante", ajoute-t-il.
- Les coûts de matières premières grimpent -
L'augmentation des coûts de matières premières impacte aussi la fioière. "Il y a eu une hausse des prix des supports de culture, dont le terreau, mais aussi de l'engrais qui a presque doublé. Les producteurs sont donc déficitaires" indique Eric Lucas. Pourtant, dit-il, il n'y a pas encore eu d'augmentation flagrante des prix de vente, car "les producteurs savent très bien que s'ils augmentent trop leurs prix pous personne n'achètera de plante", souligne-t-il.
Par ailleurs, les prix des conteneurs et du transports des matières premières ont quasiment doublé depuis deux ans, notamment à cause de la crise sanitaire. Une situation qui entraîne aussi un manque d'approvisionnement de certains producteurs. Danylo Tailame, producteur,a lui même fait les frais de cette augmentation. Il est obligé aujourd'hui de réduire sa production pour pouvoir continuer à subsister aux besoin de son entreprise. "Pour vous donner une idée, avant j'achetais 1.000 graines de semence pour 40 euros, aujourd'hui pour 120 euros." Il ajoute "forcément j'ai dû augmenter de 20 à 50 centimes mes prix de vente".
Danylo Tailame est d'autant plus inquiet qu'il doit faire face à une diminution de la demande. " Depuis la crise sanitaire, les gens n'achètent moins de fleur", regrette -t-il.
Pour rappel, les Florilèges se tiendront du vendredi 7 au dimanche 16 octobre 2022 au Tampon. Ce sera notamment l'occasion pour les producteurs locaux de proposer leurs produits et de l'emporter sur la concurrence.
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jb/www.imazpress.com